La nouvelle passerelle de Bonnevoie, entièrement en verre, sera finie en décembre 2021. (Illustration :Ministère des Infrastructures)

La nouvelle passerelle de Bonnevoie, entièrement en verre, sera finie en décembre 2021. (Illustration :Ministère des Infrastructures)

La gratuité des transports publics a été un buzz mondial. Au point de faire un peu d’ombre à tous les autres projets qui ont également pour but de faire du Luxembourg un pays où circuler serait un plaisir. Zoom sur le train pour la suite de cette série sur les grands chantiers de la mobilité.

Cet article est paru dans l’édition d’avril 2019 de .

Depuis 1995, les CFL ne cessent de connaître une augmentation de leur fréquentation de voyageurs. Jusque-là, se déplacer en train connaissait un succès fluctuant. Ainsi, on a compté 10,6 millions de passagers en 1960, 13,6 en 1985, mais plus que 11,2 millions dix ans plus tard.

Par la suite, la croissance a été non seulement en augmentation, mais aussi de plus en plus soutenue: 13 millions de voyageurs en 2000, 18 en 2010, 22,5 en 2015 et 22,9 millions en 2017!

Pour le seul intervalle 2016-2017, on a dénombré 471.000 usagers de plus. Le taux de croissance est tout simplement un des plus élevés en Europe.

Le premier grand investissement de l’après-guerre a été le doublement de la ligne vers Pétange. C’était en 2003-2004!

Ministère de la Mobilité

Le problème? Si le nombre de voyageurs augmente, il faudrait que le nombre de trains suive corollairement cette tendance. Or, le réseau ferroviaire luxembourgeois, avec 1.000 trains en circulation tous les jours, est déjà totalement saturé.

Une situation chaotique héritée du passé. C’est que le train, on n’y croyait pas beaucoup comme moyen de transport pour les passagers avant les années 2000. En tout cas pas pour les voyageurs. Du coup, l’infrastructure a été réellement délaissée.

«Le premier grand investissement de l’après-guerre a été le doublement de la ligne vers Pétange. C’était en 2003-2004! Or, la croissance du pays était déjà de 3 ou 4% à l’époque. C’est bien avant qu’il aurait été nécessaire d’investir. On a donc eu du retard», confesse ainsi le ministère de la Mobilité.

600 euros par an par habitant

Désormais, quand les trains sont à l’heure (la ponctualité était de 88,2% en février), c’est le moyen de transport plébiscité.

Dans de bonnes conditions, c’est rapide, économique, peu impactant pour l’environnement. Le Luxembourg veut donc investir dans l’infrastructure. «Le programme d’investissement est le plus élevé de toute l’Union européenne, et même au-delà», soutient le ministère. En effet, chaque Luxem­bourgeois investit 600 euros par an dans l’extension du réseau ferroviaire.

«La Suisse, qui est au ‘top’ dans le domaine du ferroviaire, a une moyenne d’investissement de 375 euros par an et par habitant dans son réseau. La France et l’Allemagne, nos grands voisins, c’est entre 25 et 40 euros. Je pense que cela démontre bien les ambitions de l’État dans les chemins de fer», commente encore . Entre 2013 et 2025, un programme d’investissement de 4 milliards d’euros a été engagé.

Luxembourg-ville, le nœud du problème

La nécessité d’apporter plus de capacité sur le réseau est donc un impératif. Cela passera par la construction de deux nouvelles voies entre Luxembourg et Bettembourg, en direction de Thionville, qui est le tronçon le plus encombré du rail national, le doublement de la voie vers Sandweiler, du pont de Bissen...

Sans oublier la gare centrale. La structure en étoile du réseau y fait partir et converger les principaux convois de et vers Luxem­bourg.

«À Luxembourg, les lignes se rejoignent et parfois se superposent, confirment les CFL. Dès lors, quand un train a du retard, cela en impacte d’autres. C’est ce que l’on appelle l’effet domino. À un moment, la situation est telle que la seule solution est de supprimer des trains.»

Pour régler ce problème, et sachant que chaque jour, environ 70.000 voyageurs nationaux et internationaux transitent par la gare de Luxembourg, c’est un investissement de 171 millions qui a été décidé afin de créer deux nouveaux quais et quatre nouvelles voies, là où étaient situés les anciens ateliers techniques des CFL, près des deux Rotondes.

Le premier quai, le quai V, sera opérationnel fin 2019, avec la voie 11. Le second quai, le quai VI, fin  2021, avec mise en service des lignes 12, 13 et 14 ensuite.

Alessandra NonnweilerPorte-paroleCFL

«Le premier quai, le quai V, sera opérationnel fin 2019, avec la voie 11. Le second quai, , avec mise en service des lignes 12, 13 et 14 ensuite», confirme Alessandra Nonnweiler, porte-parole des CFL.

La poursuite de l’opération séduction auprès du grand public passera aussi par des investissements dans le matériel roulant. ont été commandées et seront livrées entre 2021 et 2024. Un investissement de 350 millions d’euros. Elles augmenteront la capacité de transport de 11.500 places, passant de 26.500 à 38.000, soit 43% de plus.

Des rames modernes qui vont remplacer les automotrices Z2 qui datent du début des années 90. Elles seront équipées de prises USB et du wifi. Et toujours avec l’ambition de donner priorité à la multimodalité, certains espaces de ces nouvelles rames seront pourvus de bornes de rechargement pour les vélos électriques.