17 travailleurs de rue sont déjà actifs dans le quartier. Dès le début de l’année prochaine, les six membres du projet «À vos côtés» veilleront pour leur part à la médiation, avec les habitants, de cette partie de la ville. (Photo: Maison Moderne)

17 travailleurs de rue sont déjà actifs dans le quartier. Dès le début de l’année prochaine, les six membres du projet «À vos côtés» veilleront pour leur part à la médiation, avec les habitants, de cette partie de la ville. (Photo: Maison Moderne)

Un groupe de jeunes va être mobilisé dans le quartier de la gare à Luxembourg-ville pour tenter d’y rassurer les habitants. En misant sur la prévention et le dialogue, à l’image d’un projet mené à Zurich.

Entre le flux des navetteurs, le chantier du tram, et la prostitution, le quartier de la gare à Luxembourg-ville brasse différents publics. Si les 17 travailleurs de rue interviennent auprès des plus fragilisés, des sans-abri et des toxicomanes, qu’en est-il des habitants du quartier?

Le projet «À vos côtés» veut s’adresser à eux avec la mise en place d’un groupe de prévention et de surveillance, doté d’un éducateur expérimenté et de cinq jeunes du quartier. «Ils comprennent ce que c’est qu’apporter un sentiment de sécurité sans être agressifs», explique à leur sujet Virginie Giarmana, directrice adjointe d’. L’asbl implémente le projet financé par la Ville de Luxembourg, à hauteur de 355.000 euros par an.

«C’est de l’argent bien investi», assure (CSV), échevin en charge de l’Action sociale. Pour composer ce groupe de médiation, Inter-Actions a sélectionné cinq jeunes âgés de 22 à 35 ans qui ont en commun la bonne connaissance du quartier, mais aussi, pour beaucoup, du milieu de la nuit. Ils suivent actuellement une formation axée sur la médiation, le dialogue (le concept anglais de «de-escalation», ndlr) et la communication non violente. A priori, ils devraient entrer en action au début de l’année 2021 pour arpenter les rues du quartier de la gare.

«J’ai l’espoir que d’ici un an, on puisse les déployer à Bonnevoie», ajoute Maurice Bauer.

De Zurich à Luxembourg

Ce projet de monitoring social remonte à 2019 et à la visite d’une délégation luxembourgeoise à Zurich, où il est déjà implémenté. «La population a regagné des espaces qui étaient des endroits de deals et de vols», souligne Virginie Giarmana. Si, à Luxembourg, l’objectif affiché est d’accroître le sentiment de sécurité des habitants, une différence majeure se présente par rapport à Zurich: seule la police détient des pouvoirs répressifs au Grand-Duché. «La Ville de Luxembourg peut travailler sur le volet social, mais pas le volet répressif qui est du ressort du gouvernement», souligne Maurice Bauer.

La proximité de l’Abrigado joue aussi un rôle. La salle de consommation de drogue voit certes ses heures d’ouverture étendues jusqu’à 21h certains jours, mais elle n’est pas encore ouverte en continu. «À terme, on voudrait que l’Abrigado soit ouvert 23h/24, la Ville de Luxembourg prend en charge l’ouverture les week-ends», souligne l’échevin de l’Action sociale.

Celui-ci espère aussi voir des caméras de vidéosurveillance faire leur apparition à Bonnevoie afin de limiter un phénomène d’évitement des installations posées de l’autre côté de la passerelle.

Outre le commissariat central qui couvre l’ensemble du territoire de la capitale avec 120 agents, la police grand-ducale en compte trois autres au sein du quartier Gare à Hollerich, Bonnevoie et dans l’enceinte même de la gare. Ce trio regroupe 71 agents. Contacté par nos soins, le ministère de la Sécurité intérieure précise que sur les 52 agents assermentés récemment, 20 seront détachés dans le quartier de la gare. En outre, . «Le manque général d’effectifs oblige malheureusement les responsables à devoir fixer des priorités au détriment d’autres besoins, éventuellement moins visibles. Le programme de recrutement considérable, consenti par le gouvernement, améliorera cette situation dans les prochaines années», souligne encore le ministère.