Le City Concorde a annulé les loyers du mois d’avril pour ses locataires. (Photo: Nader Ghavani / Archives Maison Moderne)

Le City Concorde a annulé les loyers du mois d’avril pour ses locataires. (Photo: Nader Ghavani / Archives Maison Moderne)

Dans un élan de solidarité, le City Concorde et les centres commerciaux Cactus offrent le loyer à leurs locataires touchés par la crise du Covid-19. Une initiative qui pourrait être suivie par d’autres.

Après , ce sont maintenant les centres commerciaux qui font un geste envers leurs locataires en annulant leurs loyers. Une aide précieuse pour des commerçants obligés de fermer et .

Annulation pour le City Concorde et la Belle Étoile

Le City Concorde l’a annoncé pour le mois d’avril. Les 90 locataires du centre commercial de Bertrange ne paieront pas de loyer. Pour le magasin Cora, qui poursuit son activité, il bénéficiera d’une «forte réduction» dont le montant reste confidentiel. Son gérant, Max Koster, ne souhaite pas non plus révéler le manque à gagner, mais précise: «C’est quand même une mesure forte pour nous. Nous ne sommes pas un grand groupe avec des ressources infinies. Nous avons eu le support de notre banque pour le faire.» Il pourrait la renouveler si nécessaire, mais «nous avons des limites», justifie-t-il. Il ajoute: «Si tout le monde peut faire un geste solidaire, nous pouvons diminuer les dommages économiques. Cela devrait être le but de tout le monde.» Les charges seront quant à elles reportées sur la fin de l’année. Un décompte sera effectué à ce moment-là.

Décision similaire au centre commercial de la Belle Étoile, à Bertrange. «Nous avons suspendu les loyers du 15 mars au 30 avril ainsi que les charges», précise Manu Konsbruck, directeur. Une décision prise par le groupe Cactus qui concerne aussi ses autres galeries commerciales, comme celles de Bascharage, Bettembourg, Ingeldorf, Howald ou Redange. Le groupe compte 240 locataires au total, dont 120 à la Belle Étoile. Les magasins Cactus ne sont en revanche pas concernés par le non-paiement du loyer selon lui, puisqu’ils restent ouverts. Sans vouloir donner le montant, Manu Konsbruck évoque un manque à gagner «énorme».

Report au Kirchberg et à la Cloche d’Or

Ceetrus (filiale immobilière du groupe Auchan), propriétaire du centre commercial de la Cloche d’Or, a décalé la date de paiement des loyers et des charges depuis le 15 mars et jusqu’au 15 avril pour ses 130 locataires environ. «Nous avons pris une décision rapide pour accompagner nos commerçants, un point de situation sera fait dans les prochains jours», indique le groupe. Il est aussi mandataire de la galerie commerciale Auchan Kirchberg, qui compte environ 70 locataires. «Le propriétaire a décidé de différer le loyer d’avril jusqu’à nouvel ordre.» Sont uniquement concernées les TPE et PME qui représentent «la majorité» des commerçants.

«Tous les propriétaires qui le peuvent devraient au moins accorder des délais de plusieurs mois pour le paiement des loyers de mars et avril. Et si possible même accorder de sérieuses réductions. Bien sûr, certains ont des emprunts qui financent les surfaces commerciales qu’ils louent, il ne faut pas non plus qu’ils se mettent en danger», avait lancé , directeur de la Confédération luxembourgeoise du commerce (CLC), il y a quelques jours.

Cas de force majeure dans le bail?

«Les mesures prises contre le coronavirus provoquent des conflits entre les chaînes de magasins et les propriétaires de locaux commerciaux», analyse Jean-Marie In, responsable Agence industrielle et commerciale chez l’acteur immobilier Inowai. «Les détaillants ont en effet décidé unilatéralement de ne plus payer leur loyer. Cette décision ne plaît pas du tout au secteur immobilier, mais les discussions restent ouvertes», dit-il. Il estime: «Il serait préférable, dans l’intérêt général, qu’un accord intervienne tout en haut, soit au niveau du gouvernement, soit au niveau des instances et des fédérations représentatives, sans quoi nous risquons un imbroglio juridique interminable qui entraînera une situation perdant-perdant sauf pour les avocats.»

Selon lui, la crise du coronavirus pourrait constituer un cas de force majeure, parfois prévu dans le bail. Une situation à analyser au cas par cas. «S’il n’y a pas d’accord à l’amiable, cela se passera devant le juge», finit-il. Mais, «j’imagine mal certaines enseignes commerciales qui étaient déjà en difficulté avant la crise sanitaire s’engager dans des frais juridiques».