Romain Schneider est bien conscient des défis qui attendent les domaines de l’agriculture, l’horticulture et la viticulture. (Photo: Anthony Dehez/archives)

Romain Schneider est bien conscient des défis qui attendent les domaines de l’agriculture, l’horticulture et la viticulture. (Photo: Anthony Dehez/archives)

Les secteurs de l’agriculture, de l’horticulture et de la viticulture attendent une réponse forte à la crise sanitaire. Le ministre Romain Schneider (LSAP) annonce un paquet d’aides, qui sera dévoilé après le congé de Pentecôte.

On peut avoir le sentiment que les secteurs de l’agriculture, de l’horticulture et de la viticulture ont été un peu oubliés durant ces premières semaines de crise sanitaire. Est-ce vraiment le cas?

. – «Jeudi encore, je me suis rendu en commission de la Chambre pour informer les députés de la situation de ces secteurs. C’était déjà la troisième fois depuis le début de la crise. Ce qui démontre notre préoccupation. Dès le début, j’ai eu des contacts avec les différents acteurs, des échanges avec leurs représentants… Ce qui a aussi été le cas des services de mon administration.

Quel état des lieux peut-on faire au niveau du secteur agricole?

«Il faut : production, transformation, vente. Cela a d’une part permis de fournir des aliments, et d’autre part, de ne pas tout bloquer. Comme les agriculteurs ont pu continuer à travailler, ils ont pu préparer la récolte à venir. Ce sont deux points positifs. De plus, ce qui me fait aussi plaisir, c’est que les consommateurs ont retrouvé le chemin vers les produits bio, saisonniers, locaux.

Mais les agriculteurs luxembourgeois sont aussi soumis aux fluctuations des prix au niveau européen. C’est une source d’inquiétude?

«En ce qui concerne le lait, il y a une belle solidarité nationale entre les producteurs et les laiteries. Il n’y a donc pas eu de forte baisse. Mais au niveau international, ce phénomène est en cours. La Commission européenne a d’ailleurs tenu à y répondre, notamment en autorisant une hausse du stockage privé. En ce qui concerne le porc, son prix était exceptionnellement haut suite à la peste porcine en Chine. Maintenant, on en revient au prix moyen de ces trois dernières années. Enfin, il y a le bœuf et le veau, pour lesquels les prix étaient stables, mais baissent maintenant. L’explication? Les ‘bonnes pièces’ des bêtes ont été peu utilisées, car les restaurants et cantines étaient fermés. Il reste donc des stocks importants.

Quid de la viticulture?

«Le secteur a bien réagi, avec la vente directe et la vente online. Mais on enregistre une baisse, car la consommation a elle-même baissé, et l’horeca était fermé.

Que peut attendre ce secteur de votre part?

«J’ai vu les associations professionnelles, et une évaluation des pertes de chiffre d’affaires va être faite en comparaison avec 2019. C’est la première étape, nécessaire.

Les aides destinées à la relance devront aider à investir, moderniser, adhérer au New Green Deal…
Romain Schneider

Romain Schneiderministre de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural

Vous annoncerez sous peu un paquet d’aides. En quoi consistera-t-il?

«, ce sont . Ce seront des moyens concrets pour aider à poursuivre les investissements, la modernisation, l’adhésion au New Green Deal. Je souhaite aussi soutenir la production locale, via de la promotion. Nos produits peuvent être utilisés dans les hôpitaux, les écoles, les maisons de retraite… On va y inciter. Tout cela sera détaillé après le congé de Pentecôte.

La crise a aussi mis en lumière le fait d’être moins dépendants des autres. Or, dans le secteur agricole, certains projets suscitent des levées de boucliers, comme le poulailler de Reckange. Faut-il aussi mener une réflexion sur cet aspect des choses?

«Il faut y réfléchir, c’est certain. Je suis convaincu que nous devons aussi mieux identifier les productions de niche, que nous n’exploitons pas assez, et inciter à s’y engager.

Les fermes pédagogiques, fermées, auront aussi besoin d’aide…

«Nous sommes occupés à évaluer l’impact de la crise et la meilleure manière d’y répondre.

Le nombre d’agriculteurs et d’exploitations est en baisse constante depuis des décennies. Il faut s’en inquiéter?

«Le nombre est tout de même plus ou moins stable depuis quelques années. Si le nombre d’agriculteurs diminue, les surfaces exploitées sont aussi plus grandes (selon le Statec, la moyenne exploitée par entreprise était de 47 hectares en 2000, et de 70 hectares en 2019, ndlr). Ce qui me réjouit, c’est surtout le fait que de plus en plus de jeunes montrent un intérêt pour une agriculture qui combine la production, le respect de l’environnement, de l’eau… Une agriculture durable et diversifiée. 

Pour être agriculteur, il faut des terres, à soi ou en location. Or, les prix sont très élevés. Ce n’est pas aussi cela, le problème?

«Le pays, comme quand j’étais à l’école primaire, fait toujours 2,586km2. Environ 130.000 hectares sont exploités par l’agriculture (131.592 en 2019, pour 144.053 en 1950). Mais les besoins ont changé, et il y a de la concurrence avec le développement économique, le logement… J’en suis conscient, et je le rappelle souvent à mes collègues du conseil de gouvernement.

La clôture contre les sangliers à la frontière belge doit rester en place. Et la cellule de crise ‘peste porcine’ se réunira encore chaque mois.
Romain Schneider

Romain Schneiderministre de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural

La Belgique en a fini avec la peste porcine. Que va-t-il advenir de la clôture érigée à la frontière?

«Je suis heureux que , mais nous devons encore prendre des précautions, jusqu’à ce que la Belgique soit à nouveau déclarée zone sans peste porcine. Nous devons pour notre part réduire encore les populations de sangliers, et  pour le moment. La cellule de crise va aussi rester en place et se réunir une fois par mois.

C’est un miracle que le Luxembourg ait été épargné…

«… On doit se féliciter de la très bonne collaboration entre la Belgique, le Luxembourg et la Commission européenne.»