POLITIQUE & INSTITUTIONS - POLITIQUE

LA RENTRÉE DES CLASSEURS

Sur tous les fronts, éviter l’affront



Le gouvernement ne manque pas de dossiers dans son gros cartable de rentrée. À gérer avec classe. (Photo: Christophe Olinger / archives)

Le gouvernement ne manque pas de dossiers dans son gros cartable de rentrée. À gérer avec classe. (Photo: Christophe Olinger / archives)

Cette fois, on y est, c’est la vraie rentrée. Et celle de la politique aussi qui, si possible, ne doit pas manquer de classe. Elle ne manquera pas de classeurs et de dossiers en tout cas. C’est un des défis à relever.

Car l’été n’a pas été une morne plaine complète. On a bien vu, par exemple, que le CSV, découvrant le jeu d’opposition, était prêt à tirer sur tout ce qui bouge. C’est de bonne guerre (quand ce n’est pas mal fait) et le parti chrétien, habitué à tirer toutes les ficelles avant d’avoir été mis dans les cordes, s’est rangé en ordre de bataille.

De son côté, Étienne Schneider, leader gouvernemental du LSAP qui doit assumer son statut de maillon de transition (le parti était déjà aux affaires mais doit assurer l’évolution sociétale incluse dans le «contrat» du nouveau gouvernement), a occupé l’espace médiatique, d’abord en éclairant à sa façon le remaniement gouvernemental français puis en lançant le débat sur le denier du culte (ce qui a nécessité une correction dans la marge de la part du magister, Xavier Bettel).

Bref, ce n’était pas le calme plat. Mais là, ça va remuer dans toutes les lignes. Car le gouvernement, au moment de faire sa première rentrée sous cette forme, et avant de souffler sa première bougie en décembre, ne manque pas de fronts à gérer.

Le budget, et ses inévitables calculs pour limiter les dépenses et assurer les recettes, tout en ne faisant pas hurler ceux à qui on enlève, occupe les esprits. Il soulève autant de questions, sur l’éthique de l’impôt, sur les besoins à pourvoir, sur les cibles à toucher ou, a contrario, sur les «vaches sacrées» qu’il faut ménager alors qu’on aimerait en désacraliser quelques unes.

Les dangers d’un pari

Pour espérer tourner le dos à la crise, il faut aussi aider ceux qui l’ont prise de plein fouet, et encourager le redémarrage, la compétitivité, l’emploi. Comment, aussi, ignorer l’importance de la réforme scolaire, Belphégor des rentrées politiques qu’il faudra bien amener en pleine lumière? Comment ne pas songer, encore, aux grands défis de société qui feront que le Luxembourg s’engage, comme promis, sur une voie progressiste, sans pour autant sombrer dans le populisme qui sonde à tout va et dilue les responsabilités des élus?

Il faut y ajouter, parce que c’est bien davantage qu’un contexte décoratif, l’environnement international, de cette Europe si proche (avec une Commission à la tête grand-ducale) ou si lointaine (l’affaire écossaise ne risque-t-elle pas de peser plus qu’une livre?), aux dangers de cette planète folle où la géopolitique joue à saute-mouton avec les guerres de religions poussées aux extrêmes les plus effrayants, les égos surdimensionnés, les nationalismes exacerbés, les intérêts économiques…

Oui, il faudra, à l’équipe Bettel-Schneider-Braz (c’est bien d’un travail d’équipe dont le pays a besoin, avec les bonnes personnes aux bonnes places) affronter bien des challenges internes et externes. Il faudra être partout à la fois, et donc miser sur les bonnes délégations pour éviter les tirs dans le dos.

Il faudra avancer sans pouvoir tout chambouler d’un coup sec. Il faudra être en même temps prudent et audacieux. Un sacré pari. Condamné à réussir sous peine d’affront public insupportable, le pouvoir en place ne manque ni de pression ni de devoirs dans son carnet de route.