Burkhard Hess (Max Planck Institute): «Une source d’attraction pour des chercheurs du monde entier» (Photo: Luc Deflorenne)

Burkhard Hess (Max Planck Institute): «Une source d’attraction pour des chercheurs du monde entier» (Photo: Luc Deflorenne)

Ce mercredi, ce sera la fête au château. Conçu en forme de forteresse par l’architecte américain Richard Meier, l’ancien bâtiment blanc de la HypoVereinsbank au Kirchberg, en face du centre commercial Auchan, abrite désormais une partie de l’Université du Luxembourg et, depuis quelques mois, le Max Planck Institute (MPI) Luxembourg for International, European and Regulatory Procedural Law. Le nom est aussi long qu’il est classieux. Mais la seule mention de «Max Planck» se suffit presque à elle-même pour situer le niveau de qualité de l’occupant qui va procéder, ce mercredi, à l’inauguration officielle de locaux qu’il occupe concrètement depuis la fin de l’année dernière.

Actuellement, une cinquantaine de collaborateurs – dont une trentaine de chercheurs – sont déjà présents dans les vastes espaces (environ 2.700 m2, prévus d’être élargis prochainement à 3.800 m2) à leur disposition, ne représente qu’environ un tiers de ce que seront les effectifs lorsque l’Institut atteindra son rythme de croisière.

L’annonce de la création et la mise en place du MPI au Luxembourg date du printemps 2009 et le début des activités avait alors été planifié pour le deuxième semestre 2010. Cela aura finalement pris deux ans de plus, tant les discussions ont été complexes pour un «paramétrage» idéal de l’institut, dont la venue au Luxembourg est largement inspirée par la présence depuis plus de 60 ans, au Grand-Duché, de la Cour de Justice de l’Union européenne.

Il est à noter que la structure de l’institut luxembourgeois est unique dans le réseau Max Planck, car elle dépend d’une fondation, la Max Planck Institute Foundation Luxembourg, établie officiellement en mars 2012, et intégralement financée par l'État.

3 millions d'euros pour 2013

Vu de Berlin, où siège la Société Max Planck pour le développement de la science, qui chapeaute les 80 instituts répartis dans le monde (dont quatre hors d’Allemagne), l’endroit était idéal pour créer un véritable centre de compétences en droit. Vu du Luxemburg, cela ne pouvait constituer qu’un pilier supplémentaire comme support du développement des activités juridiques dans le pays.

Pour cette année de lancement, l’enveloppe allouée au MPI sera au moins de 3 millions d’euros, susceptible d’être revue à la hausse en fonction de la rapidité des recrutements. À terme, en mode de fonctionnement «normal», ce sont quelque 10 millions d’euros qui devraient être versés annuellement. Cela n’inclut pas le déménagement, programmé à un horizon de 5-6 ans, dans l’ancien couvent du Limpertsberg qui abrite, pour l’heure, l’école française.

Clairement, le gouvernement a préféré miser sur la complémentarité et sur le prestige apporté par la «référence» Max Planck. «L’université, par sa structure, est très capable de prendre en charge le droit européen, et elle le fait d’ailleurs déjà très bien. Nous n’avons aucun souci avec ça», constate Germain Dondelinger, premier conseiller de gouvernement au sein du département de l’Enseignement supérieur, plus particulièrement en charge de la coordination de la coopération internationale. «Mais pour donner une assise et une visibilité internationale à nos activités de recherche, un institut tel que le Max Planck est essentiel. Il convient évidemment de bien veiller à une parfaite complémentarité entre les activités de chacun. Il n’y aura pas de concurrence. Et au vu de la qualité des personnes de chaque côté, il y aura plutôt une émulation réciproque qui sera bénéfique aux deux parties.»

Du reste, l’ensemble des chercheurs du MPI sera, d’office, nommé professeur à titre honoraire de l’Université du Luxembourg. En outre, puisque le Max Planck Institute n’est pas habilité à délivrer des diplômes, c’est, évidemment, prioritairement avec l’Uni que se fera la délivrance des doctorats.

Des dossiers de candidature par centaines

Le directeur général du MPI, Burkhard Hess, se réjouit évidemment de cette proximité, à la fois intellectuelle et géographique. «Nous organisons régulièrement des conférences ensemble. Tous les mercredis, par ailleurs, nous avons des réunions entre nous afin de discuter des éventuels problèmes et de faire avancer les choses positivement. C’est vraiment une très belle combinaison de pouvoir avoir, d’un côté, la faculté de droit de l’Université, et de l’autre, un institut comme le nôtre, qui constitue aussi une source d’attraction pour des chercheurs du monde entier.»

Les dossiers de candidature se comptent d’ailleurs par centaines. Une annonce parue dans un blog et un journal spécialisés ont ainsi généré, en quelques semaines, quelque 600 réponses. Pour cinq postes administratifs ouverts, pas moins de 450 CV sont également parvenus au secrétariat… Des marques d’intérêt pour le moins prononcées qu’il convient aussi de gérer au mieux.

Le premier travail de recherche complet issu du Max Planck Institute Luxembourg for International, European and Regulatory Procedural Law est sur le point d’être publié. Il s’agit d’une évaluation du règlement communautaire en vigueur sur les questions d’insolvabilité. Un travail mené en parallèle avec les universités de Vienne (en Autriche) et de Heidelberg (Allemagne) pour le compte de la Commission européenne.

Les Instituts Max Planck se revendiquent comme étant le deuxième pourvoyeur de Prix Nobel après le Massachussets Institute of Technology. Qui sait si, dans quelques années, il n’y aura pas un Nobel «estampillé» Luxembourg. Une perspective qui ne ferait pas tache dans la recherche d’excellence souhaitée par le gouvernement luxembourgeois.