Il n’y a pas si longtemps, connecter un smartphone depuis l’espace était une idée folle. Starlink, la filiale de Space X qui s’est lancée dans la connectivité au sol via une monstrueuse constellation de satellites à basse orbite, a soudain décidé de concurrencer aussi les opérateurs traditionnels, comme Post, Orange ou Telindus au Luxembourg, en proposant à brève échéance de commencer à permettre à un smartphone de se passer d’un abonnement avec eux.
Et Apple n’a pas tardé à tester le résultat potentiel de cette idée, notamment pour les iPhone 14, iPhone 14 Pro, iPhone 15 et iPhone 15 Pro, gratuitement et pendant deux ans à partir de l’activation du smartphone. Principalement, depuis décembre 2022, pour des appels d’urgence, mais aussi pour de l’assistance routière et du repérage géolocalisé mais appuyé sur un satellite, aux États-Unis, au Canada et dans quelques pays européens comme l’Allemagne, la France ou l’Irlande.
Aucun de ces deux géants n’est philanthrope par nature: le marché de la connectivité devrait atteindre 250 milliards de dollars d’ici 2028 auxquels il convient d’ajouter encore près de 600 milliards (d’ici 2032) pour l’internet des objets.
La technologie d’OQ, les ambitions européennes
Et c’est à la conjonction des deux mondes que la start-up luxembourgeoise OQ Technology se place. Ce mercredi, Omar Qaise (d’où le OQ) et son équipe annoncent un partenariat avec l’Agence spatiale européenne pour une étude de faisabilité de la connectivité «direct-to-cell». Le contrat (nommé MACSAT 2.0) est financé par le gouvernement luxembourgeois dans le cadre du programme LuxImpulse qui vise à favoriser les initiatives spatiales luxembourgeoises et européennes par le biais du programme spatial national.
Le but du projet, qui a récemment été lancé, est d’examiner la mise à niveau de la technologie et de la charge utile actuelles d’OQ en une charge utile capable de se connecter directement aux téléphones mobiles et d’offrir des services de messagerie et de voix en utilisant des téléphones standards non modifiés, ce qui est déjà possible pour l’IoT. «Se connecter aux téléphones introduit des défis en termes de budget de liaison et d’effets Doppler, en particulier avec des bandes passantes plus larges. L’étude examinera les exigences d’un tel système, les mises à niveau du logiciel d’OQ et de l’avant RF, les mises à niveau de la plateforme, l’analyse de la mission, la technologie des antennes, et l’identification des bons fournisseurs pour le futur système. Un aspect important de l’étude consiste également à identifier la compatibilité des nouvelles bandes de fréquences directes aux appareils avec les appareils et modules existants», explique OQ.
De nombreux problèmes subsistent pour ce secteur aujourd’hui: le volume de données qui peut transiter entre un satellite et un smartphone (ce qui limite les premiers services à des SMS ou à du texte, par opposition avec des fichiers plus volumineux comme la vidéo ou par opposition au streaming), le moindre nuage ou le moindre feuillage peut réduire cette connexion à néant, elle qui est pourtant conçue pour remédier à des zones blanches, sans aucun moyen de connexion au sol, ou à des situations d’urgence.
OQ Technology a lancé avec succès le satellite Macsat 1.0 le 8 octobre à bord d’une fusée Vega depuis la Guyane française. Un Tiger-4 avait pris son envol le 12 juin, les Tiger-5 et Tiger-6 le 11 novembre et deux autres satellites devraient être lancés au premier semestre, tous à basse orbite.
«Le marché de la connectivité cellulaire directe est estimé à environ 1.000 milliards de dollars et connaît une croissance rapide, nous croyons que c’est la nouvelle application tueuse dans le monde de la communication par satellite, et comme OQ Technology a été un pionnier dans la connectivité satellite IoT 5G à bande étroite lorsque nous l’avons examinée en 2016 et avons réussi à démontrer la technologie en orbite, nous envisageons maintenant l’avenir de la connectivité cellulaire directe aux téléphones mobiles», s’est félicité Omar Qaise, dans le communiqué qui annonce cette étude.
Et qui rassure aussi un peu: l’Europe a compris les enjeux de ces technologies…