25 juillet 1952
Luxembourg gagne la bataille du siège européen
Quand Robert Schuman lance son plan de créer un marché commun européen du charbon et de l’acier, le Luxembourg est partie prenante avec l’Allemagne, la France, les pays du Benelux et l’Italie. Le 18 avril 1951, les six pays signent le traité de la Communauté européenne du charbon et de l’acier à Paris (CECA).
Mais la question où seront implantées les institutions de la CECA n’est pas résolue. Tant par des manœuvres diplomatiques dans les coulisses que par des campagnes de candidature parfois tapageuses, chacun essaie de remporter la mise. Le 23 juillet 1952, les partenaires se retrouvent à Paris pour enfin trouver une solution.
Le 25 juillet, à trois heures du matin, les négociations sont toujours dans l’impasse. Faut-il choisir Turin et Strasbourg? Ou encore Sarrebruck dans une Sarre qui recevrait alors un statut européen? Liège, La Haye et Bruxelles sont d’autres alternatives. Soudain, la voix du ministre des Affaires étrangères luxembourgeois, «qui semblait jusque-là somnoler», se fait entendre: «Je propose que le travail commence aussitôt à Luxembourg, cela nous donnera le temps de réfléchir à la suite». De guerre lasse, les autres gouvernements acceptent la proposition de Joseph Bech.
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Ainsi, Luxembourg obtient le «siège précaire». La Haute Autorité de la CECA se réunit pour la première fois le 10 août 1952 à l’Hôtel de Ville, place Guillaume. Le provisoire va durer. Même après la conclusion des Traités de Rome en 1957, les pays européens ne parviendront jamais à se mettre d’accord sur un siège unique.
Luxembourg se partagera les fonctions de «capitale de l’Europe» avec Bruxelles et Strasbourg, accueillant des fonctionnaires européens de plus en plus nombreux. Sa petite taille n’aura pas empêché le Grand-Duché de jouer un rôle actif dans l’unification européenne.
Guy Thewes est docteur en histoire. Après quelques années d’enseignement, il entre au service du Musée d’histoire de la Ville de Luxembourg en 1993 en tant qu’historien, avant de devenir conservateur en 1999. Aujourd’hui, il est directeur des 2 Musées de la Ville de Luxembourg. Il est également secrétaire général de l’Institut grand-ducal de Luxembourg et représentant de la Ville de Luxembourg au sein du Réseau des villes fortifiées de la Grande Région.