Un bras de fer entre le Qatar et l’Union européenne (UE) pourrait avoir lieu lors de l’instauration de la Corporate Sustainability Due Diligence Directive (CSDDD). Cette directive qui entrera en vigueur en 2027 impose aux grandes entreprises de veiller à ce que leur chaîne de valeur respecte les droits de l’homme et les normes environnementales. En cas de manquement, des sanctions lourdes sont prévues, dont une amende pouvant atteindre 5% du chiffre d’affaires annuel mondial. Cette directive vise à responsabiliser les multinationales face à leurs impacts sociaux et environnementaux.
Le Qatar dont l’économie repose largement sur l’exploitation et l’exportation du gaz naturel liquéfié (GNL) voit dans cette directive une menace directe. Le dirigeant de QatarEnergy et ministre qatari de l’Énergie, Saad al Kaabi, a exprimé sa ferme opposition à d’éventuelles sanctions contre son entreprise. «S’il s’avère que je perds 5% de mes revenus en allant en Europe, alors je n’irai plus en Europe», a-t-il affirmé, soulignant que ces pertes auraient également un impact significatif sur l’économie qatarie.
Depuis l’invasion russe de l’Ukraine en 2022, l’UE a accru sa dépendance au GNL pour compenser la baisse des importations de gaz russe. Le Qatar est ainsi devenu un fournisseur clé: près d’un tiers du GNL transitant par le terminal portuaire de Zeebrugge, en Belgique, provient de ce pays. Les exportations de GNL du Qatar dans l’UE ont chuté de 38,3% au troisième trimestre 2024. Malgré cela, le pays reste le quatrième importateur de GNL en Europe.
Le Luxembourg, bien qu’il ne dispose pas de terminaux méthaniers pour importer directement du GNL, dépend largement des infrastructures belges pour son approvisionnement en gaz naturel. Bien qu’il soit difficile de tracer précisément l’origine du gaz livré au Grand-Duché, il est probable qu’une partie provienne indirectement du Qatar via les flux européens interconnectés.