Gaston Trauffler, head of industrial policy de la Fedil, apporte un éclairage sur le poids de la facture énergétique dans l’industrie. (Photo: Fedil)

Gaston Trauffler, head of industrial policy de la Fedil, apporte un éclairage sur le poids de la facture énergétique dans l’industrie. (Photo: Fedil)

Si, pour l’heure, l’approvisionnement en gaz n’est pas menacé au Luxembourg et en Europe, la hausse des prix de l’énergie commence à peser sur les ménages, mais également sur l’industrie et les entreprises.

Avant l’offensive russe en Ukraine, les prix de l’énergie (pétrole, gaz et électricité) étaient déjà élevés, faisant peser une certaine pression sur les ménages les plus fragiles ainsi que certains secteurs d’activité. Mais les experts tablaient sur une stagnation des prix à un niveau élevé.

«La situation géopolitique a un peu tout changé. Avant l’attaque russe, nous étions effectivement sur des prix de l’énergie à des niveaux élevés, mais avec une perspective stable puisque l’hiver a été moins rude que prévu, que les températures commencent à remonter, que les bateaux approvisionnant l’Europe en LNG sont plus nombreux et que les réserves en gaz de l’Europe sont désormais reconstituées», explique Gaston Trauffler, head of industrial policy de la Fedil.


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Dès l’aggravation de la situation en Ukraine, les prix de l’énergie ont réagi à la hausse avec une augmentation de 30% sur le marché journalier. De même pour le pétrole avec un baril de Brent au-delà de 105 euros. «Effectivement, il y a des pipelines de gaz importantes pour l’Europe qui traversent l’Ukraine, mais il y a également d’autres pipelines qui fournissent l’Europe et qui ne sont pas à leur capacité maximale», rassure Gaston Trauffler.

En Allemagne, on estime que le mégawattheure (mWh) doit se situer autour des 40 euros pour qu’une industrie soit rentable sur le long terme en Europe. Aujourd’hui, nous sommes à 140 euros du mégawattheure.

Gaston Traufflerhead of industrial policyFedil

Pour autant, des prix de l’énergie aussi élevés, même avant la guerre en Ukraine, ne semblent pas soutenables à long terme pour l’industrie. «En Allemagne, on estime que le mégawattheure (mWh) doit se situer autour des 40 euros pour qu’une industrie soit rentable sur le long terme. Aujourd’hui, nous sommes à 140 euros du mégawattheure, et parfois même plus», glisse Gaston Trauffler.

La facture énergétique pour une industrie ou une entreprise peut donc très vite pénaliser le rendement industriel. «Pour les petites et moyennes entreprises, le prix du gaz et de l’électricité a parfois été multiplié par six. En prenant une facture normale de 150.000 euros, on arrive très rapidement proche du million d’euros. Pour les grandes entreprises, on parle également de plusieurs millions d’euros en coût additionnel», souligne Gaston Trauffler.

La Fedil est, depuis plusieurs jours, en négociation avec le gouvernement afin de pouvoir trouver des solutions et aider les entreprises face à cette facture énergétique en hausse depuis plusieurs semaines déjà. «Nous avons présenté un catalogue avec des propositions, mais il semble clair que le gouvernement doit apporter une aide directe à l’industrie», souffle encore Gaston Trauffler.

De son côté, le gouvernement travaille à des solutions et des mécanismes à mettre en place tout en veillant à respecter les règles européennes de la concurrence.

On se dirige vers le printemps et l’été. C’est à ce moment que l’Europe doit agir et se fournir en gaz à partir d’autres sources que la Russie.

Gaston Traufflerhead of industrial policyFedil

Début mars, l’Union européenne devrait présenter sa stratégie en matière d’approvisionnement en gaz. Selon les premiers documents dévoilés par l’institution européenne, l’accent sera effectivement mis sur la fourniture d’énergie via des pays comme le Qatar, le Japon, l’Égypte ou encore la Turquie. L’Union européenne entend également accélérer la transition énergétique vers les énergies renouvelables.

«On se dirige vers le printemps et l’été. C’est à ce moment que l’Europe doit agir et se fournir en gaz à partir d’autres sources que la Russie. Les réserves devront être pleines en septembre prochain pour passer l’hiver et avoir des sources alternatives, mais qui seront certainement plus chères que le gaz russe. D’un autre côté, il sera aussi moins exposé à des variations», termine Gaston Trauffler.

La CSL s’inquiète pour les ménages

Pour les ménages, la flambée des prix de l’énergie commence également à sérieusement se faire sentir au niveau du portefeuille. En milieu de semaine, la Chambre des salariés mettait en avant le coût pour un ménage standard au Luxembourg.

«Sur la période entre le 1er juillet 2020 et le 28 février 2022, il apparaît que le gaz a vu son prix hors taxes bondir de 188% et celui du gasoil de chauffage de 106%», souligne la Chambre des salariés dans une publication récente dédiée au sujet. Depuis septembre 2020, les prix hors taxes du mazout (+229%) et du gaz (+288%) n’ont cessé d’augmenter.

Selon les calculs de la CSL, un ménage se chauffant au mazout devrait voir sa facture augmenter de 800 à 915 euros. Alors qu’un ménage se chauffant à l’électricité devrait voir sa facture annuelle augmenter de 468 euros.