Eila Kreivi, head of capital markets à la BEI, démonte les arguments des sceptiques quant à l’intérêt de se tourner vers une finance plus durable. (Photo: BEI)

Eila Kreivi, head of capital markets à la BEI, démonte les arguments des sceptiques quant à l’intérêt de se tourner vers une finance plus durable. (Photo: BEI)

De nombreuses personnalités agissent au sein de la place financière sur les problématiques ayant trait à la finance durable. Cette semaine, Eila Kreivi, director & head of capital markets à la Banque européenne d’investissement, nous fait part de son intérêt toujours croissant pour la finance durable.

Quel a été le déclic qui vous a poussée à travailler dans le domaine de la finance durable?

Eila Kreivi. – «Je ne parlerais pas d’un déclic à proprement parler. La BEI s’est impliquée dans le domaine de la finance durable depuis 2007 avec le lancement de sa première obligation verte. Mais c’est vraiment à partir de 2014 que le thème est monté en puissance. À partir de ce moment, nos investisseurs, les grands institutionnels, ont commencé à nous interroger sur notre vision en matière d’environnement ou de financement de la lutte contre le réchauffement climatique. Pour leur apporter des réponses, j’ai dû m’intéresser de plus en plus au domaine et j’ai commencé à me passionner. Pour quelqu’un issu du secteur financier, c’était fascinant.

Quelles sont vos convictions en matière de finance durable?

«Ma conviction est très claire: c’est la seule manière de progresser. Tout financement devrait être et sera à un moment donné durable. Nous avons pris un bon départ, mais il faut faire plus. La tendance est tellement forte qu’il n’y aura pas de retour en arrière possible, même pour ceux qui n’en sont pas personnellement convaincus. Si vos clients, investisseurs, employés et les autres parties prenantes y croient, vous n’aurez pas le choix.

La finance durable est encore souvent perçue comme un domaine qui ne fait qu’ajouter de nouveaux coûts. C’est peut-être choquant, mais je suis certaine que l’abolition de l’esclavage a également rendu les plantations de sucre moins rentables au départ. Il s’agit juste d’un nouvel ensemble de paramètres à intégrer à votre activité. Si vous en êtes incapable, peut-être devriez-vous songer à faire autre chose. Le financement durable crée également d’énormes opportunités que de nombreuses personnes ont déjà saisies et entendent continuer à saisir.

Quel est votre thème de travail de prédilection, ou votre thème de «combat» favori?

«Au départ, je me suis particulièrement intéressée aux enjeux climatiques. C’est toujours le sujet qui retient le plus l’attention, sans doute parce que c’est un phénomène mondial qui touche tout le monde. Il est aussi un peu plus facile à mesurer que certains autres secteurs, même si, en fin de compte, tout est lié. Et une chose en entraînant une autre, c’est, comme je l’ai dit plus tôt, un domaine très intéressant. Un autre concept que nous défendons avec force est celui de la transparence. Nous n’aurons peut-être pas de normes mondiales avant longtemps, mais chacun doit être plus transparent sur ses actions.

Le financement durable est un domaine où l’on rencontre en permanence des gens merveilleux et inspirants.
Eila Kreivi

Eila Kreivihead of capital marketsBEI

Une personnalité qui vous inspire au quotidien?

«Je ne pense pas souvent aux gens en ces termes. Mais ce qui est certain, c’est que le financement durable est un domaine où l’on rencontre en permanence des gens merveilleux et inspirants. Je vois de nombreuses personnes très engagées, extrêmement intelligentes, ne comptant pas leurs heures et prêtes à partager leurs connaissances. Elles sont toutes inspirantes!

Un investissement «durable» à recommander?

«Je suis l’une des dernières personnes à qui l’on doit demander des conseils en matière d'investissement! Mais, il se passe beaucoup de choses actuellement dans le domaine des start-up et des nouvelles technologies avec une consonance durable. Toute personne ayant les moyens d’investir et de prendre des risques devrait s’intéresser à ces entreprises. Nous avons besoin de nouvelles solutions pour l’économie circulaire, les biosystèmes sains, l’énergie, etc. Nous devons soutenir ce secteur avec des fonds privés et publics.»


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