Anne Contreras-Muller travaille depuis longtemps déjà sur des projets de microfinance au Luxembourg. (Photo: LaLa La Photo/archives)

Anne Contreras-Muller travaille depuis longtemps déjà sur des projets de microfinance au Luxembourg. (Photo: LaLa La Photo/archives)

De nombreuses personnalités agissent au sein de la place financière sur les problématiques ayant trait à la finance durable. Cette semaine, Anne Contreras-Muller, of counsel au sein de l’Impact Finance Team chez Arendt & Medernach, nous fait part des convictions qui l’animent.

Quel a été le déclic qui vous a poussée à travailler dans le domaine de la finance durable?

. – «J’ai eu très tôt, au cours de ma carrière chez Arendt, l’occasion de travailler sur des projets de fonds microfinance. J’ai été fascinée par les acteurs et la finalité de ce secteur: des compétences financières pointues mises au service de la lutte contre la pauvreté. Cela répondait à mon besoin de trouver un sens plus humain à mes activités professionnelles.

À tel point que, depuis une dizaine d’années, je me suis dédiée exclusivement au domaine de la finance d’impact. Il s’agit de la finance dont l’intention est de générer un rendement financier, mais également un changement positif ou un impact, mesurable et mesuré, sur la vie des populations fragilisées et/ou sur l’environnement.

Quelles sont vos convictions en matière de finance durable? 

«J’ai le sentiment, comme beaucoup, que nous sommes à un tournant important pour la finance. Une vraie dynamique est en place vers la prise en compte généralisée d’éléments autres que le seul rendement financier, poussée d’ailleurs notamment par le législateur européen. C’est une excellente chose. Mais les défis sont de taille. Les déclarations d’intention ne suffiront pas, seuls les résultats compteront. Or l’expérience gagnée en microfinance depuis 30 ans montre que ce n’est pas si facile.

Il faut s’accorder sur les concepts, leur finalité, la façon de mesurer l’impact social et environnemental et de contrôler les résultats, pour gagner la confiance des investisseurs. Le domaine de la finance durable reste actuellement flou, très complexe et peu transparent. J’ai la conviction que c’est sur ces aspects que l’effort doit être fourni dans les prochains temps. Il y va de la crédibilité des acteurs financiers.

Ma sensibilité va vers l’humain.
Anne Contreras-Muller

Anne Contreras-Mullerof counselArendt & Medernach

Quel est votre thème de travail de prédilection, ou votre thème de «combat» favori?

«Ma sensibilité va vers l’humain. Les projets de finance inclusive, permettant à des populations non bancarisées de développer des activités économiques, me tiennent particulièrement à cœur. Intégrer ces populations dans un système économique, pour ne plus devoir compter que sur la philanthropie, me paraît essentiel. C’est en tout cas une idée à laquelle je crois.

Les partenariats public-privé pour la finance durable sont aussi un de mes chevaux de bataille. Et sur ce terrain, le  Luxembourg a mis en place beaucoup d’initiatives dans lesquelles le secteur public et le secteur privé joignent leurs forces. Ce sont des expériences uniques.

Une personnalité qui vous inspire au quotidien?

«Il y a évidemment de grands noms qui sont source d’inspiration. Mais, plus proche de nous, je ne peux m’empêcher aujourd’hui d’avoir une pensée toute particulière pour , qui . Son engagement et l’énergie qu’elle a mise au service de la finance inclusive, et plus généralement de la finance responsable, étaient inébranlables. Nous avons beaucoup travaillé ensemble ces 10-15 dernières années autour des nombreuses initiatives luxembourgeoises de finance durable. Corinne restera, c’est sûr, l’une de mes sources d’inspiration et de persévérance pour défendre une finance plus juste, en phase avec les enjeux sociaux et environnementaux d’aujourd’hui.

Un investissement «durable» à recommander?

«Les investissements durables fleurissent. Il n’est certainement pas facile de faire son choix tant l’offre est diverse et souvent peu lisible. Plutôt qu’un investissement particulier, je recommanderais, dans un processus de sélection d’investissement, de ne pas s’arrêter aux mots. Tant que des définitions communément admises n’auront pas été adoptées, les références ESG, ISR, impact, finance durable en soi ne veulent pas dire grand-chose. Il faut aller plus loin, creuser, interroger. Si je devais recommencer ma carrière professionnelle aujourd’hui, je crois que je deviendrais ‘détective en finance responsable’! Ces professionnels commencent à se développer et je ne peux qu’inviter les investisseurs à les contacter. Je pense notamment à de jeunes initiatives comme StarTalers, qui se spécialise dans le conseil en investissement responsable, à destination des femmes qui plus est!»


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