Pour le président de l’Eurogroupe, Mário Centeno, l’Union européenne a su se montrer rapidement à la hauteur. (Photo: Union européenne)

Pour le président de l’Eurogroupe, Mário Centeno, l’Union européenne a su se montrer rapidement à la hauteur. (Photo: Union européenne)

Les ministres des Finances de la zone euro ont réussi, ce 9 avril dans la soirée, à définir les bases d’un ambitieux plan d’aide de 540 milliards d’euros dans le cadre de la crise sanitaire du Covid-19. Un échec aurait fortement secoué la zone euro.

En deuxième session, ce jeudi soir, les ministres des Finances de la zone euro se sont accordés sur un plan de 540 milliards afin de pouvoir aider les pays qui ont le plus souffert de la crise catastrophique du Covid-19.

Ce plan comporte trois volets. Une ligne de crédits de 240 milliards d’euros pour des dépenses de santé par l’intermédiaire du Mécanisme européen de stabilité (MES), un fonds de garantie permettant à la Banque européenne d’investissement de prêter 200 milliards d’euros aux entreprises et un plan de 100 milliards d’euros prévu par la Commission européenne pour soutenir le chômage partiel.

À la sortie de la réunion, le président de l’Eurogroupe, le Portugais Mário Centeno, a insisté sur le fait que, «contrairement à la crise de la dernière décennie où l’Europe avait fait trop peu et trop tard, c’était cette fois différent».

, les grands argentiers de l’UE ont donc cette fois obtenu un accord éclair sur le coup de 22h ce 9 avril. Mais la réunion avait à nouveau été reportée de plusieurs heures pour permettre des réunions bilatérales afin d’adoucir les positions qui se heurtaient encore.

La Hollande lâche du lest

Ces discussions ont permis d’assouplir la position des Pays-Bas, qui ne voulaient pas voir annulées les conditions de rigueur budgétaire prévues dans le cas d’une aide obtenue via le MES. Or, l’Italie, en première ligne pour obtenir cette aide, refusait ces conditions, estimant n’y être pour rien dans la crise sanitaire qui l’a frappée en premier et de plein fouet.

Il a donc été finalement prévu que ces conditions ne s’appliqueraient pas, pour autant que l’argent prêté serve à soutenir des coûts directs ou indirects de santé ou de prévention en lien avec la crise du Covid-19.

Le ministre néerlandais des Finances, Wopke Hoekstra, avait été fortement critiqué pour son inflexibilité, mercredi matin à la sortie de la réunion. Dans une interview au journal Libération, l’ancien président de la Commission, , avait d’ailleurs jugé son comportement «irresponsable».

S’il a finalement cédé, après la réunion jeudi soir, il a toutefois tenu à préciser face aux journalistes que pour chaque euro dépensé pour des mesures économiques, les règles normales de conditionnalité prévues par le MES devraient s’appliquer.

L’Europe se félicite de l’accord

En attendant, l’honneur européen semble sauf. Pour le ministre des Finances luxembourgeois,  (DP), «face à la crise sans précédent du Covid-19, l’Europe a su montrer qu’elle était la source de la solution».

En plus de ce plan, l’Eurogroupe a également jeté les bases d’un «plan de relance» sur le modèle de ce qu’avait proposé la France en mutualisant de la dette sur une période limitée. Il s’agissait de faire accepter l’idée d’eurobonds aux États du nord de l’Europe qui ne voulaient pas d’une dette commune qui aurait permis aux États d’obtenir des prêts à des taux nettement plus favorables.

Mais à ce sujet, les lignes fixées par l’Eurogroupe sont restées très floues – nulle part dans le texte le terme d’«eurobond» ou de «coronabond» n’est cité – et la responsabilité a été renvoyée vers les chefs d’État et de gouvernement. Ils ont désormais un peu de temps pour s’étriper sur cette idée.

En attendant, l’Union européenne se félicite d’avoir pu très rapidement définir un plan d’aide ambitieux face à une crise inédite.