«On ne sait plus quoi dire, on ne sait plus quoi faire, on se sent désespérés! J’espère que la prochaine fois, les choses auront changé, mais moi, j’ai plutôt l’impression qu’elles empirent», estime une riveraine du quartier de la Gare. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

«On ne sait plus quoi dire, on ne sait plus quoi faire, on se sent désespérés! J’espère que la prochaine fois, les choses auront changé, mais moi, j’ai plutôt l’impression qu’elles empirent», estime une riveraine du quartier de la Gare. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Deux ans après une première réunion avec les riverains du quartier Gare sur la problématique de la sécurité, rien n’a changé. Le ministre Henri Kox a présenté son paquet de mesures contre la criminalité liée aux stupéfiants, mais sans convaincre son auditoire.

«Deux ans plus tard, un nouveau ministre, mais toujours rien!» Il n’en fallait pas plus pour déclencher un tonnerre d’applaudissements dans le hall omnisport de la rue de Strasbourg qui réunissait, dans la soirée du mercredi 1er décembre, entre 300 et 400 riverains du quartier Gare sur la problématique de la sécurité.

, le ministre de la Sécurité intérieure a en effet changé: (déi Gréng) a remplacé (déi Gréng). Mais le constat des habitants reste le même: un profond sentiment d’insécurité dans ces quelques rues où se côtoient dealers, toxicomanes et prostituées.

Les commerçants sont toujours en difficulté, les habitants doivent encore enjamber des individus endormis dans leur hall avant d’atteindre leur logement et les promeneurs demeurent inquiets face aux groupes de dealers dans les rues.

Paquet de mesures

Pour tenter de résoudre le problème, le ministre Henri Kox présentait aux habitants son . Avec un patchwork de mesures alliant «volet préventif et répressif», «approche holistique» ou encore «responsabilité partagée».

Plus concrètement, il s’agit d’intensifier le recrutement de policiers, d’augmenter leur visibilité pour améliorer le sentiment de sécurité, de placer des caméras de vidéosurveillance ou encore de modifier la loi pour permettre aux policiers de déplacer des gens qui obstrueraient l’accès à un immeuble.

Mais aucun riverain ne semble vraiment se satisfaire de telles mesures. Si une personne veut des patrouilles policières dès 21h, une autre les veut dès 17h et une troisième les réclame «en permanence». Sans compter un quatrième qui plaisante sur la présence policière, arguant qu’«on n’a pas besoin de policiers en orange, on les voit à 500 mètres donc les dealers aussi!». Mieux vaudrait, dans ce cas, les réserver à un travail d’investigation plutôt que de les limiter à faire acte de présence, estime-t-on.

Le même problème

Idem pour les caméras. Si leur efficacité est incontestable pour certains, leur inutilité ne fait pas de doute pour d’autres. D’aucuns voient dans la drogue et la prostitution un problème insoluble – autant alors arrêter toute politique répressive et se concentrer sur le social et le préventif. «Il y a tellement de facettes dans cette problématique, que la police à elle seule n’a pas tous les moyens pour la résoudre», reconnaît le directeur général de la police, Philippe Schrantz.

Surtout, qui, dans l’assemblée, croit encore à l’efficacité d’un nouveau paquet législatif, quelles que soient les mesures qu’il contienne? L’incrédulité règne, semble-t-il. «J’ai l’impression qu’il s’agit toujours du même problème, mais que rien n’est fait», s’inquiète une dame d’une cinquantaine d’années.

«On se sent désespérés!»

«On ne sait plus quoi dire, on ne sait plus quoi faire, on se sent désespérés! J’espère que la prochaine fois, les choses auront changé, mais moi, j’ai plutôt l’impression qu’elles empirent», enchaîne une jeune femme qui ne se sent en sécurité dans les rues que parce qu’elle promène son «gros chien» avec elle. La bourgmestre de Luxembourg-ville, (DP), paraissait elle-même dubitative: «On tourne en rond, on tourne en rond, il faut en sortir», l’entendait-on ainsi répéter.

À Henri Kox qui promet de revenir dans un an pour faire le bilan de ses nouvelles mesures, un commerçant répond simplement: «Attendez encore un an. Un magasin de plus aura fermé.»