Philippe Gerber, chercheur au Liser, interviendra notamment durant le colloque consacré au travail frontalier en Europe, le 6 mai à la CSL. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Philippe Gerber, chercheur au Liser, interviendra notamment durant le colloque consacré au travail frontalier en Europe, le 6 mai à la CSL. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Le Liser organise ces 5 et 6 mai un colloque consacré au travail frontalier en Europe. Le sujet crucial de la mobilité ne sera pas oublié parmi les principaux thèmes qui seront abordés. Philippe Gerber, chercheur au Liser, interviendra notamment sur la mobilité en zones transfrontalières.

Les salaires des frontaliers au Luxembourg, la jurisprudence de la CJUE relative à la coordination des systèmes de sécurité sociale pour les travailleurs frontaliers, mais aussi l’impact du travail frontalier sur le développement de territoires situés aux frontières, seront abordés. Ces jeudi 5 et vendredi 6 mai à la Chambre des salariés, le Liser organise, avec de nombreux partenaires, un colloque international sur le travail frontalier en Europe.

Philippe Gerber, chercheur au Liser spécialisé sur les questions de mobilité transfrontalière, interviendra entre autres sur le sujet de la gouvernance et des impacts territoriaux du travail frontalier. «Nous travaillons notamment au sein du projet MMUST, qui est un projet Interreg, où l’on réfléchit aux questions des déplacements, qu’ils soient transfrontaliers ou pas, sur un périmètre élargi – Luxembourg, Belgique francophone, Lorraine Nord. On voit qu’il y a énormément de relations par le fait du transfrontalier, les autorités s’en préoccupent de plus en plus.»

La voiture domine les déplacements

Le projet MMUST a pour objectif d’élaborer un outil d’aide à la décision et à l’évaluation des politiques de transport en faveur de la mobilité transfrontalière au cœur de la Grande Région. Sous le pilotage de l’Agape (Agence d’urbanisme et de développement durable Lorraine Nord), il sera mis en œuvre par un groupement de plusieurs acteurs comprenant le Cerema, le Liser, les universités de Namur et de Liège, ainsi que le ministère du Développement durable et des Infrastructures du Luxembourg.


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«Nous essayons de dégager non pas des projets d’infrastructures au niveau scientifique, mais en tout cas d’en tenir compte dans nos futurs scénarios pour évaluer les impacts, transfrontaliers ou au niveau du Luxembourg seul. Car c’est bien beau de construire une autoroute qui va d’un point A à un point B, mais si elle est congestionnée dans 20 ans, est-ce que cela en vaut la peine alors qu’on prône le développement durable? L’A31 bis est un scénario qu’on va devoir prendre en compte, tout comme le dédoublement de la voie ferrée entre Bettembourg et Luxembourg, le tram rapide, etc.», ajoute Philippe Gerber.

Sensibiliser les acteurs locaux

Dans le cadre du projet MMUST, , et 57.154 personnes avaient été interrogées. La part de l’utilisation de la voiture (66%) domine sur tous les versants. On observe des variations en fonction du pays de résidence, avec notamment un taux bien plus élevé sur le versant belge (77%). Des écarts entre versants se retrouvent également au niveau des parts modales de la marche et du bus. La marche semble sous-estimée au Luxembourg et en Wallonie (14%), contrairement à la France (28%). Pour les déplacements de cinq kilomètres et plus, le bus est utilisé à 15% par les résidents luxembourgeois, contre 7% pour les Belges et les Français.

«Notre but est de voir à la fois les aménagements d’infrastructures, la demande de transports – en lien avec la croissance démographique – et de voir quels sont les impacts de l’un par rapport à l’autre. Imaginons, si on développe énormément le volet nord-lorrain au niveau immobilier, est-ce qu’il ne faudrait pas mettre une gare dans ces zones-là? Donc notre but est de sensibiliser les acteurs au développement durable et de voir comment on agit, de confronter leurs propres souhaits, tant au niveau concret, que d’une manière plus utopique. Si on veut aller vers un développement très fort des transports publics, qu’est-ce qu’il faut faire? Une autoroute à vélo, par exemple, marcherait-elle? Peut-être que non, car on se dit qu’il ne fait pas beau, ou qu’il faut emmener son enfant à l’école», analyse Philippe Gerber.

De nouvelles conférences prévues en juin

«Beaucoup privilégient encore la voiture également, car il y a aussi une incertitude au niveau de la fiabilité des trains. C’est ce qu’on appelle, dans notre métier, la valeur du temps et la fiabilité de cette valeur. Le frontalier sait se fier à ses horaires en voiture, même avec des bouchons. Alors qu’en train, il n’est pas maître des retards de la même manière et peut plus craindre d’être licencié pour ses retards. Il s’avère qu’au final, le train est souvent à l’heure, mais dans l’esprit des gens, s’il y a un problème, ils sont piégés, un sentiment qu’ils ont moins dans leur voiture.»

Le Liser et l’Université du Luxembourg organisent également les 8-9-10 juin à Belval la 4e conférence RFTM (Rencontres francophones transport mobilité), en présence notamment du ministre de la Mobilité, (déi Gréng), qui a récemment présenté , le Plan national de mobilité à l’horizon 2035. Les RFTM ont pour principaux mots-clés «mobilité», «transport», «société», «territoires», «logistique», «environnement», ainsi que leurs interactions.