Claude Turmes a affirmé travailler pour mettre en place une subvention pour les entreprises qui souhaitent installer des bornes de recharge.  (Photo: Matic Zorman/Paperjam)

Claude Turmes a affirmé travailler pour mettre en place une subvention pour les entreprises qui souhaitent installer des bornes de recharge.  (Photo: Matic Zorman/Paperjam)

Le ministre de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire, Claude Turmes (déi Gréng), s’est réjoui des ambitions de la Commission européenne concernant la réduction des émissions de CO2 dans le transport. Les constructeurs, quant à eux, restent sceptiques.

 prévoit d’interdire la vente d’une voiture neuve propulsée avec un moteur thermique et hybride en 2035. L’avenir de l’automobile sera donc 100% électrique. «C’est un grand pas en avant de la part de la Commission européenne, et le dérèglement climatique est tel qu’il faudra aller plus vite», a commenté , ministre de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire. 

Une ambition européenne qui se heurte à la réalité du terrain, notamment au niveau des infrastructures de recharge. Même si 2030 et 2035 paraissent loin, pour le moment, le nombre de points de recharge est largement en deçà du plan d’action européen de 2017. Pour rappel, la en Europe pour atteindre l’objectif initial. 

Dans son plan «Fit for 55», la Commission européenne a l’objectif d’atteindre 3,5 millions de points de recharge d’ici 2030. Un nombre jugé largement insuffisant par la Fédération belge et luxembourgeoise de l’automobile et du cycle (Febiac). «Selon nos estimations, une nouvelle réduction des émissions de CO2 des voitures de 50% en 2030 nécessite plus de 6 millions de points de charge publique», commente Guido Savi, membre de la Febiac, qui juge pourtant que le Luxembourg est déjà densément doté sur ce point. Pour le moment, le réseau Chargy compte un peu moins de 500 bornes opérationnelles sur les 800 prévues par le gouvernement pour… 2020.

Consciente de la problématique, la Commission souhaite imposer aux États membres d’installer des points de recharge électrique tous les 60 kilomètres, et même des points de ravitaillement en hydrogène tous les 150 kilomètres.

Une subvention à venir pour les entreprises

«Cela va dans le bon sens et je suis en accord avec la position de la Commission européenne sur ce point. La peur de rouler sur une longue distance sans trouver une borne de recharge va disparaître. Ce nouveau règlement européen va imposer un minimum de bornes de recharge pour les voitures, mais aussi pour les camions, ce qui est une nouveauté. La Commission souhaite des bornes de recharge pour les camions sur les autoroutes dès 2025. C’est pour cela qu’avec le ministre du Transport,  (déi Gréng), nous allons commencer à élaborer une étude afin de savoir comment renforcer le réseau électrique», met encore en avant Claude Turmes.

Mais les bornes publiques ne suffiront pas. L’État compte également (enfin) inciter les entreprises à investir dans des bornes de recharge sur leurs parkings. Pour rappel, contrairement aux particuliers, les entreprises ne peuvent pas demander une subvention pour les installer, or cette installation est parfois très coûteuse. «Nous sommes en train de finaliser avec la Commission européenne un programme de subventions nommé ‘Charge at work’. J’espère avoir le feu vert de la Commission, mais aussi du ministère de l’Économie, avant la fin de l’année afin que chaque entreprise qui souhaite installer une borne de recharge puisse avoir le droit à une subvention», annonce Claude Turmes. 

Outre les bornes de recharge, le ministre a réaffirmé la volonté du pays de se doter d’un réseau de bornes rapides avec l’installation à venir de 88 bornes SuperChargy d’ici à 2023. «Mais le réseau public ne suffira pas. Demain, une station-service ou une entreprise pourra installer des bornes rapides. Cette semaine, le groupe Losch a inauguré sa première borne rapide, et c’est typiquement ce que nous voulons voir se répéter», a souligné le ministre. 

Les constructeurs rejettent la solution unique de l’électrique

Concernant les points de recharge à hydrogène, le ministre assure travailler sur un projet à Bettembourg afin de mettre en place une infrastructure dédiée principalement aux camions, mais aussi aux voitures. 

Du côté des constructeurs, le choix de miser uniquement sur l’électrique est vivement critiqué. «Dans le contexte des restrictions technologiques proposées à partir de 2035, nous exhortons toutes les institutions de lUE à se concentrer sur linnovation plutôt que dimposer, ou dinterdire effectivement, une technologie spécifique», a souligné Oliver Zipse, président de lAssociation des constructeurs européens dautomobiles (ACEA) et patron de BMW, dans un communiqué de presse. «Il faut bien comprendre que nous ne sommes pas contre des objectifs climatiques ambitieux, mais interdire des technologies disponibles sur le marché et promouvoir une solution unique n’est pas une solution rationnelle», a répété de son côté Guido Savi. 

Ce n’est pas aux entreprises et aux particuliers d’en assumer la charge.
Gerry Wagner

Gerry Wagnerporte-paroleHouse of Automobile

«Toutes les solutions existantes, les véhicules plug-in hybrides (PHEV), full hybrides (HEV), électriques à batterie (BEV) et hydrogène (FCEV) devraient être considérées dans la transition climatique. Ce n’est pas le moteur à combustion interne qui est nuisible à l’environnement, mais les carburants d’origine fossile. Le développement des carburants renouvelables ou synthétiques constitue une alternative efficace à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et autres polluants», a-t-il conclu.

, porte-parole de la House of Automobile (HOA), a accueilli la nouvelle plutôt positivement, mais assure que le pays n’a pas encore l’infrastructure nécessaire pour se diriger complètement vers du 100% électrique sur les routes du pays. «A priori, la Commission européenne va dans la bonne direction, mais il est regrettable de se limiter à l’électrique. La bonne nouvelle, c’est que la Commission est consciente des besoins en bornes de recharge et elle a souligné la nécessité d’en faire plus à ce niveau. J’espère que le Luxembourg va continuer dans cette voie et je pense qu’il commence à comprendre», explique le porte-parole, avant d’ajouter: «Nous avons effectivement eu des discussions avec les ministères concernés, mais les problèmes restent les mêmes. À savoir des problèmes en matière d’infrastructures de charge, c’est-à-dire avoir la bonne capacité électrique au bon endroit. Ce qui demande des investissements colossaux. L’État doit prendre ses responsabilités en mettant à disposition de telles infrastructures et ce n’est pas aux entreprises et aux particuliers d’en assumer la charge.»