L’UE est loin de ses objectifs. Pour atteindre celui d’un million de bornes de recharge en Europe d’ici 2025, il faudrait installer 3.000 bornes par semaine. (Photo: Shutterstock)

L’UE est loin de ses objectifs. Pour atteindre celui d’un million de bornes de recharge en Europe d’ici 2025, il faudrait installer 3.000 bornes par semaine. (Photo: Shutterstock)

La Cour des comptes européenne estime que les objectifs de l’Union européenne en matière d’infrastructures de recharge électrique sont trop ambitieux et pas assez encadrés.

Dans son récent rapport sur le sujet, la Cour des comptes européenne estime que l’Union européenne est encore loin de l’objectif qu’elle s’est fixé dans le cadre du pacte vert qui est, pour rappel, d’atteindre le million de bornes de recharge en 2025. De plus, la Cour des comptes européenne constate que l’UE ne s’est pas dotée d’une feuille de route stratégique globale en ce qui concerne l’électromobilité.

Concrètement, la Cour estime qu’avec une autonomie moyenne de 380km, les véhicules électriques doivent être rechargés plus fréquemment. Les véhicules électriques ont représenté 10,5% des nouvelles immatriculations en 2020. En d’autres termes, une voiture particulière sur dix vendue dans l’UE en 2020 était un véhicule électrique rechargeable. Les constructeurs automobiles prévoient que la production de véhicules électriques en Europe sera multipliée par six entre 2019 et 2025, avec plus de 4 millions de voitures et camionnettes par an, soit plus d’un cinquième des volumes de production automobile de l’UE.

La part de marché des véhicules électriques et hybrides rechargeables a donc considérablement augmenté, mais les réseaux de recharge n’ont pas connu le même essor. «L’électromobilité requiert des infrastructures de recharge suffisantes. Mais pour construire de telles infrastructures, il est nécessaire d’avoir plus de certitudes quant à la dynamique d’adoption des véhicules électriques», a déclaré Ladislav Balko, membre de la Cour responsable du rapport sur les infrastructures de recharge électrique. «L’an dernier, une voiture sur dix vendue dans l’UE était un véhicule électrique rechargeable, mais les infrastructures de recharge sont inégalement réparties sur le territoire européen. Nous pensons que la Commission devrait soutenir davantage le développement du maillage au niveau européen et devrait s’assurer que le financement de l’UE parvienne là où le besoin est le plus impérieux.»

Un besoin de 3.000 bornes par semaine

Dans son plan d’action de 2017, la Commission européenne avait estimé que le nombre de points de recharge ouverts au public devrait passer de 118.000 à l’époque à 440.000 en 2020, puis 2 millions en 2025. Une ambition revue à la baisse en 2019 avec un objectif de seulement 1 million de bornes de recharge en 2025, mais 3 millions en 2030.

Face à cette ambition, la Cour des comptes pointe l’inexistence d’une feuille de route. «Une grande incertitude persiste quant à ces estimations et aux mesures à prendre pour atteindre les objectifs fixés. L’UE ne dispose pas d’une feuille de route stratégique globale pour l’électromobilité ni d’une politique intégrée concernant les véhicules, les infrastructures, les réseaux, les batteries, les incitations économiques, les matières premières et les services numériques», indique-t-elle dans sa dernière publication.

Actuellement, l’UE est assez loin de ses objectifs, qui semblent de plus en plus difficiles à atteindre. Le nombre de bornes de recharge ouvertes au public dans l’UE-27 et au Royaume-Uni est passé d’environ 34.000 en 2014 à 250.000 en septembre 2020. Soit très en deçà de l’objectif de 440.000 bornes. Même en cas d’un réveil des pays européens sur la question, il faudrait installer près de 3.000 bornes de recharge par semaine en Europe pour atteindre l’objectif initial. «Si le déploiement des infrastructures continue au rythme de la période 2014-2020, il y a fort à parier que l’objectif du million de points de recharge ouverts au public à l’horizon 2025 ne sera pas atteint. Pour combler l’écart, environ 150.000 nouveaux points seront nécessaires chaque année, soit approximativement 3.000 par semaine», souligne la Cour des comptes.

Des incohérences au Luxembourg

Autre problème, le déploiement uniforme des bornes de recharge. Les taux d’achèvement pour les différents États membres en septembre 2020 varient de 7% (Bulgarie) et 12% (Pologne) à plus de 200% (Lituanie, Lettonie et Pays-Bas). Au total, trois mois avant l’échéance de décembre 2020, 12 États membres avaient atteint leurs objectifs et 8 n’avaient pas atteint 75% des leurs.

Toujours selon la Cour des comptes européenne, le Luxembourg n’est d’ailleurs pas parmi les meilleurs élèves européens. Plus préoccupant encore, son rapport pointe des «incohérences pour le Danemark, le Luxembourg et la Pologne, dont les rapports sur la mise en œuvre des cadres d’action nationaux relatifs à 2018 font état d’un nombre de points de recharge supérieur à celui recensé par l’EAFO en septembre 2020».

Le gouvernement luxembourgeois a prévu d’installer 800 bornes de recharge dans le pays pour… 2021. En mai dernier, . Actuellement, il y en a environ 500 dans le pays. En début d’année, les deux premières bornes SuperChargy ont été inaugurées au Kirchberg. .

Ce qui conforte les récentes sorties de , directeur de l’Automobile Club Luxembourg, .