Frédéric de Radiguès aborde 2021 avec prudence: «Je pense que tous les acteurs qui évoluent en amont de l’horeca sont un petit peu oubliés des autorités en ce moment.» (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne)

Frédéric de Radiguès aborde 2021 avec prudence: «Je pense que tous les acteurs qui évoluent en amont de l’horeca sont un petit peu oubliés des autorités en ce moment.» (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne)

Si les volumes de bière se sont effondrés de 30.000hl en 2020 du côté de la maison mère de Bofferding et Battin, l’eau Lodyss a permis de rééquilibrer l’ardoise, au niveau des volumes, du moins.

Entre fermetures de l’horeca, recours prononcé au télétravail et instauration d’un couvre-feu, l’exercice 2020 de la Brasserie Nationale restera à coup sûr marqué par l’impact de la pandémie de Covid-19.

«Au total, on aura un chiffre d’affaires en recul d’à peu près 25% par rapport à l’an passé», prédit, à une semaine de l’entrée en 2021, , directeur général de la Brasserie Nationale.

L’entreprise a fait face à la fermeture de l’horeca non seulement au Luxembourg, mais aussi dans les pays limitrophes, comme la Belgique et la France, où les bars et restaurants auront au final été fermés la moitié de l’année.

«Les volumes horeca sont en chute de 40 à 50% en comparaison à une année normale», observe le responsable, qui, dans ce ciel plombé, distingue une éclaircie à l’horizon: a été écoulée à près de 30.000hl, soit le même volume que la perte observée au niveau de la bière.

On peut dire que l’eau a dilué nos bénéfices.
Frédéric de Radiguès

Frédéric de Radiguèsdirecteur généralBrasserie Nationale

«L’eau a compensé les volumes de bière qu’on a perdus, mais l’eau rapporte moins que la bière, donc, on peut dire que l’eau a dilué nos bénéfices», avance le directeur. À ses yeux, Lodyss est «la très bonne surprise de l’année», alors que le début de sa commercialisation a coïncidé avec celui du confinement. Mais en écoulant cette eau locale en grande distribution et uniquement dans des bouteilles en verre, la Brasserie Nationale semble avoir trouvé un positionnement aligné sur les attentes du marché local.

En tout cas, son producteur s’est retrouvé en rupture de casiers en octobre dernier, et «nous avons déjà atteint le volume de l’année 3, que nous avions fixé au début du projet». 

Grande Région, grandes ambitions

Mais le groupe Brasserie Nationale veut accroître son empreinte sur l’ensemble de la Grande Région, celle qu’il considère aujourd’hui comme son marché. Celui-ci pèse 7,9 millions d’hectolitres et est dominé par l’est de la France (57%), devant le sud de la Belgique (38%) et le Luxembourg (5%). Ce dernier pèse toutefois pour 75% des volumes de Munhowen, la filiale de distribution de boissons de la Brasserie Nationale, soit trois fois plus que les marchés belge et français.

En octobre 2020, la Brasserie Nationale a annoncé , une entreprise familiale centrée sur le marché alsacien. «Cette prise de participation dans ce négoce de boissons alsacien entre parfaitement dans notre stratégie de distribution dans la Grande Région», commente Frédéric de Radiguès, pour qui «s’il y a des opportunités qui se présentent, nous en saisirons encore dans le futur».

Au Luxembourg, l’impact du télétravail s’est fait sentir sur les volumes écoulés au sein des entreprises et collectivités, de même que dans les bars et restaurants, où les contraintes de distanciation sociale ont pesé sur les capacités d’accueil. Les ventes en grande distribution s’affichent toutefois en hausse, de même que dans les enseignes spécialisées, comme le Chai et Drinx. Mais pas de quoi compenser les pertes dans les débits de boisson, selon le responsable.

Celui-ci aborde 2021 avec prudence, alors que 160 de ses 280 salariés sont encore au chômage partiel. «Le chômage partiel est une goutte d’eau dans l’ensemble des frais d’une société, je pense que tous les acteurs qui évoluent en amont de l’horeca sont un petit peu oubliés des autorités en ce moment», avance Frédéric de Radiguès.

Et si la Brasserie Nationale tourne quelque peu au ralenti dans le contexte actuel, son propriétaire, la famille Lentz, prépare juste en face du site de Bascharage un projet immobilier avec un hôtel pour développer une offre touristique axée sur la bière. Des particuliers pourront en effet y séjourner et brasser, dans une microbrasserie située au sein du bâtiment blanc et vert, leur propre bière. Rendez-vous est donné en 2022 pour cette expérience particulière de tourisme bibitif.