Le négociateur du Brexit, Michel Barnier, s’est rendu lundi 10 février au château de Senningen pour une réunion de travail avec le Premier ministre, Xavier Bettel. (Photo: Romain Gamba)

Le négociateur du Brexit, Michel Barnier, s’est rendu lundi 10 février au château de Senningen pour une réunion de travail avec le Premier ministre, Xavier Bettel. (Photo: Romain Gamba)

Au château de Senningen, le négociateur du Brexit, Michel Barnier, a rappelé lundi la nécessité d’un accord commercial ambitieux entre le Royaume-Uni et l’UE. Des garanties visant à assurer une concurrence loyale et des standards élevés seront indispensables.

«Nous voulons un accord ambitieux, nous ne sommes pas prêts à conclure un accord à n’importe quel prix», déclarait lundi le négociateur du Brexit, Michel Barnier, venu rencontrer le Premier ministre, , pour une réunion de travail au château de Senningen, en présence du ministre des Finances, , et du ministre des Affaires étrangères, .

«Nous avons soumis une proposition ambitieuse au Royaume-Uni», assure Michel Barnier. «Mais nous écoutons ce que dit le Royaume-Uni. Boris Johnson a expliqué lundi dernier qu’il souhaitait un accord de libre-échange avec l’UE tout en réservant pour les Britanniques le droit de diverger des règles européennes en matière de concurrence, d’aides d’État, de protection sociale ou d’environnement. Il a également exclu toute juridiction de la Cour européenne de justice.»

La déclaration politique, base de toute négociation

Si Michel Barnier dit respecter «le choix souverain du Royaume-Uni», il assure que «la déclaration politique qui a été agréée mot à mot en octobre dernier reste et restera la fondation de toute négociation. Nous nous sommes mis d’accord pour un partenariat ambitieux fondé sur un accord commercial ‘free and fair’. Cela veut dire des garanties solides visant à assurer une concurrence loyale et des standards élevés en commun, pour éviter les distorsions de concurrence déloyale.»

La Cour européenne de justice aura «un rôle dans le règlement des différends, dès lors qu’il s’agira d’interpréter des concepts dérivés du droit européen», ajoute-t-il, mentionnant en exemple la question des échanges de données qui touchent à la protection des droits des personnes. «Nous aurons là affaire au droit européen de protection des citoyens, et la seule juridiction de notre point de vue en mesure d’interpréter ce droit européen, c’est la Cour européenne de justice.»

«C’est sur cette base que nous sommes prêts à négocier si nous voulons avancer. Il faudra éviter deux ou trois pas en arrière, notamment par rapport à la déclaration politique», assure Michel Barnier. «Pour la première fois, nous n’allons pas encourager la convergence, mais nous devons maîtriser la divergence», rappelle-t-il.

Les services financiers absents des négociations

Lors de la réunion de travail, les problématiques concernant plus spécifiquement le Luxembourg ont été abordées, notamment la question des services financiers, un secteur «très important» selon Xavier Bettel. «Comment avoir de la stabilité, de la prévisibilité, et surtout un level playing field?», s’interroge le Premier ministre. «Il faut des garanties.»

L’ancien commissaire au marché intérieur et aux services rappelle que les services financiers ne rentrent pas dans le cadre de négociations avec les pays tiers: «Ils font l’objet de ce qu’on appelle l’attribution unilatérale, de part et d’autre, d’équivalences, parce que nous devons garder la maîtrise des outils, au Luxembourg comme ailleurs, de la stabilité financière. Nous devons nous assurer que les risques ne restent pas chez nous tandis que les bénéfices seraient ailleurs. Nous avons beaucoup utilisé cet outil avec les institutions financières américaines ou japonaises, ça marche très bien», rassure Michel Barnier. «Voilà dans quel esprit nous allons travailler et trouver une bonne relation avec la place de la City.»

Pas de pression du temps

C’est la cinquième fois que Michel Barnier se rend au Luxembourg en tant que négociateur du Brexit. Mais cette fois-ci il vient alors que le Brexit, après trois années d’âpres négociations, vient d’être acté, et que des  entre le Royaume-Uni et l’Union européenne vont démarrer début mars.

Une période de transition, qui court jusqu’au 31 décembre prochain, prévoit que le Royaume-Uni continue d’appliquer le droit de l’Union le temps de régler les modalités précises des futures relations bilatérales. Boris Johnson a assuré de son côté que ce délai serait suffisant. «Nous ne nous mettrons pas nous-mêmes une pression du temps que nous n’avons pas choisi. C’est le Premier ministre britannique qui l’a choisi, ce n’est pas nous», répond Michel Barnier, qui a assuré par ailleurs vouloir rendre compte tous les deux mois de l’avancée des négociations.