L’accès des minorités linguistiques aux médias audiovisuels est menacé, selon le rapport sur le pluralisme des médias. (Photo: Shutterstock)

L’accès des minorités linguistiques aux médias audiovisuels est menacé, selon le rapport sur le pluralisme des médias. (Photo: Shutterstock)

Des journalistes qui ont du mal à accéder à l’information, des éditeurs qui suppriment des emplois et un manque de diversité sont autant de menaces qui pèsent sur les médias luxembourgeois, selon un rapport sur la santé des écosystèmes médiatiques de l’Union européenne.

Le Centre pour le pluralisme et la liberté des médias a publié mardi l’édition 2021 de son , qui évalue les risques auxquels sont confrontés les médias dans les pays membres de l’UE et les pays candidats.

«L’accès à l’information reste limité – le contexte de la pandémie de Covid-19 a encore mis en lumière des lacunes – et la gouvernance, les compétences et les ressources de l’autorité des médias sont insuffisantes», peut-on lire dans le rapport sur le Luxembourg.

En avril, Reporters sans frontières a de son classement sur la liberté de la presse, ce dernier perdant ainsi trois places par rapport à l’année précédente. «Ce n’est que par hasard que certains des rapports d’experts utilisés par le gouvernement ont été publiés», déclarait l’organisation à propos de la transparence émise pendant la pandémie.

Le rapport sur le pluralisme des médias a classé la protection du droit à l’information à un risque moyen (45%), affirmant que les informations sont conservées de manière arbitraire et que les journalistes «ne bénéficient pas de procédures plus efficaces pour accéder à l’information».

Les journalistes ne peuvent soumettre des demandes à une commission d’accès aux documents publics qu’après avoir reçu un refus écrit de l’autorité compétente. Même lorsque la commission statue en faveur d’un média, la décision n’est que consultative et le gouvernement peut toujours retenir le document.

C’était le cas pour le MoU entre le gouvernement et le géant de l’internet Google pour l’établissement d’un centre de données à Bissen. Des activistes environnementaux du Mouvement écologique avaient au document. Celui-ci n’a finalement été donné qu’aux membres du Parlement

La pandémie a amplifié les difficultés du secteur

La pandémie a mis en évidence non seulement des problèmes de transparence, mais aussi des difficultés financières pour les éditeurs, citant des pertes de revenus publicitaires. «Cependant, la pandémie n’explique pas à elle seule les problèmes financiers du secteur des médias nationaux», indique le rapport. «Le virus n’a fait qu’aggraver une situation qui était déjà désastreuse en raison de la mauvaise gestion et du manque de revenus.»

Par exemple, a lancé une campagne de crowdfunding pour rester à flot, bien qu’elle ait plus récemment signé un accord de financement avec le gouvernement luxembourgeois.

Une aide plus généreuse aux publications en ligne contribuera à soutenir la pluralité des médias, selon le rapport. – accordées en fonction du nombre de journalistes employés plutôt que des pages publiées – a été votée au début du mois et devrait générer une manne supplémentaire pour les rédactions en ligne.

Le rapport a également salué une réforme de la station de radio publique Radio 100,7, visant à renforcer son indépendance. La station ne touche qu’environ 3,9% de la population luxembourgeoise – soit 20.400 auditeurs âgés de 15 ans ou plus par jour.

Manque de diversité

«La radio socioculturelle est essentiellement en langue luxembourgeoise et n’offre donc pas un accès proportionnel au temps d’antenne aux minorités linguistiques», indique le rapport, selon lequel les minorités risquent de ne pas avoir accès aux médias au Luxembourg, car la propriété de la radio et de la télévision, en particulier, est concentrée sur les organes de langues luxembourgeoise et française.

Les publications imprimées ciblant un public international, en revanche, sont «considérées comme plutôt proportionnées», selon le rapport.

Le manque de diversité dans le paysage médiatique s’étend également à la présence de femmes aux postes-clés. Le rapport souligne l’absence de femmes dans les conseils d’administration et les comités exécutifs des plus grands groupes de médias du pays.

«Les femmes sont manifestement et systématiquement moins souvent invitées par les médias à commenter les questions et événements politiques et autres sujets pertinents que les experts masculins», indique le rapport, qui classe l’accès des femmes aux médias à un niveau de risque élevé (81%).

Les auteurs du rapport concluent que les autorités devraient améliorer l’accès à l’information, ainsi que le gouvernement, les ressources et les compétences de l’autorité nationale des médias audiovisuels (Alia). En outre, les autorités devraient surveiller l’influence de la pression commerciale sur les médias, garantir l’indépendance politique et améliorer l’offre pour les minorités linguistiques dans les médias audiovisuels.

Le rapport recommande également la création d’un centre national de vérification des faits pour identifier et combattre la désinformation dans les médias.