ArcelorMittal a annoncé le recrutement de 200 ouvriers en CDI à Florange dans les métiers de production et de maintenance. (Photo: Shutterstock)

ArcelorMittal a annoncé le recrutement de 200 ouvriers en CDI à Florange dans les métiers de production et de maintenance. (Photo: Shutterstock)

Après un investissement de 89 millions d’euros dans une nouvelle ligne de production à Florange servant à produire de l’Usibor, ArcelorMittal prévoit de recruter 200 personnes en CDI. Une nouvelle qui laisse un goût amer à Dudelange, où Liberty Steel tourne toujours au ralenti.

Au début du mois, ArcelorMittal a annoncé le recrutement de 200 ouvriers en CDI à Florange dans les métiers de production et de maintenance. Après deux ans de travaux et un investissement de 89 millions d’euros, la ligne de production d’acier (Galsa 2), qui fabrique de l’Usibor, a vu le jour en septembre 2021. Le sidérurgiste souhaite désormais monter en puissance et préparer l’avenir en recrutant massivement, afin de faire tourner sa plus grande ligne de galvanisation de l’Usibor d’Europe.

Pour rappel, l’Usibor est l’acier phare d’ArcelorMittal à destination de l’industrie automobile. Cet alliage permet aux constructeurs de gagner en poids (et donc en consommation) sans faire de concessions sur la maniabilité et la résistance aux chocs.

Si la nouvelle a été plus que bien accueillie à Florange, elle laisse un goût amer au Luxembourg, et plus particulièrement à Dudelange. Entre les mains de Liberty Steel depuis le 17 avril 2019, dans le cadre du rachat d’Ilva, l’ancien site sidérurgique d’ArcelorMittal à Dudelange ne produit plus de l’Usibor. D’ailleurs, de façon générale, le site ne produit plus beaucoup de volumes. La raison? Le groupe Liberty Steel éprouve toujours de , son principal créancier. Résultat, il lui est difficile d’acheter de la matière première pour produire. Pour ne rien arranger, Liberty Steel à Liège, stratégiquement lié à Dudelange, est proche d’une liquidation judiciaire. .


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«Il faut tout de même se rappeler du contexte de l’époque. Avant l’arrivée de Liberty Steel à Dudelange, il y avait des craintes autour de l’avenir du site d’ArcelorMittal, qui avait déjà entamé sa stratégie autour du développement de Florange avec des investissements importants, notamment dans les lignes de galvanisation et dans des produits qui ont été initiés à Dudelange, puis produits à Florange, comme l’Usibor», explique Robert Fornieri, secrétaire général adjoint du LCGB. Il ajoute: «À l’époque, l’avenir d’ArcelorMittal à Dudelange n’était pas des plus florissants.»

Dans le cadre du rachat du site de Dudelange par Liberty Steel, le groupe dirigé par Sanjeev Gupta avait négocié la continuation de la production de l’Usibor pour le compte d’ArcelorMittal. Mais, actuellement, l’alliage mis au point par le géant de l’acier ne sort plus des lignes de production de Dudelange.

Une conjoncture difficile en 2018-2019

En 2018-2019, la sidérurgie luxembourgeoise était effectivement sous pression, et ArcelorMittal avait annoncé un plan de restructuration pour les sites de Belval et de Differdange. Près de 260 postes devant être supprimés. À l’époque, le marché de l’acier connaissait des phénomènes de surproduction, une concurrence internationale accrue et une augmentation des prix de production.

Mais, actuellement, la situation conjoncturelle est complètement différente, puisqu’elle est favorable, et même forte au niveau des produits galvanisés. De plus, ArcelorMittal est en train d’investir massivement, avec des soutiens étatiques, dans des lignes de production décarbonées et d’abandonner des hauts fourneaux au charbon au profit de hauts fourneaux électriques.

Il est pourtant difficile de ne pas avoir quelques regrets en comparant la situation actuelle à Florange et à Dudelange. «On peut évidemment se dire que, si ArcelorMittal avait réussi à traverser l’orage à Dudelange, en sachant que l’on a trouvé un accord tripartite sidérurgie par la suite, la situation actuelle serait différente. Mais, à l’époque, la stratégie au niveau des produits plats d’ArcelorMittal n’était pas forcément favorable pour Dudelange», nuance encore Robert Fornieri.

Quoi qu’il en soit, en raison des déboires du groupe Liberty Steel, le site de Dudelange n’arrive pas à profiter de la bonne conjoncture sur le marché de l’acier.