Pour Michel Wolter (CSV): « À situation urgente, moyens urgents. Ce n’est pas le cas! » (Photo: Paperjam)

Pour Michel Wolter (CSV): « À situation urgente, moyens urgents. Ce n’est pas le cas! » (Photo: Paperjam)

Le bourgmestre de Bascharage (Käerjeng) est furieux que le gouvernement fasse installer une clôture dans le cadre de la prévention de la peste porcine. Pas tant au niveau du fond que de la forme.

Tout est mis en œuvre pour éviter que l ne se répande au Luxembourg. Décision a donc été prise par le conseil de gouvernement, préventivement, de faire installer , depuis Grass vers Clemency.

Mais cette clôture attire les foudres. Notamment de la part de (CSV), le bouillant bourgmestre de Bascharage. Celui-ci ne conteste évidemment pas l’initiative quant au fond – la volonté de préserver le territoire de ce qui serait une catastrophe pour les éleveurs de porcs, les agriculteurs ou encore le secteur du tourisme – mais bien la forme. Et là, tout fait farine au moulin.

Une urgence contestée 

Tout d’abord, il conteste l’urgence prétextée par le gouvernement pour clôturer. «L’épidémie est connue en Belgique depuis septembre, leur clôture installée en novembre. Au Luxembourg, on attend fin mars pour clôturer, cela va prendre 8 semaines pour 8km et on ne travaille pas les week-ends, me dit-on. À situation urgente, moyens urgents. Ce n’est pas le cas!» 

Ensuite, Michel Wolter explique que son autorisation était requise pour construire la clôture et «effectuer certains travaux sur le sol communal. Or, jusqu’à ce jeudi après-midi, malgré de nombreux rappels, le gouvernement refusait de demander ces autorisations. Or, si on ne me les demande pas, je ne peux pas les donner.»

Le gouvernement réplique que la loi est de son côté et que l’accord du bourgmestre n’était pas nécessaire. Les lectures des textes sont donc différentes que l’on soit dans un camp ou dans l’autre. «Ce que nous avons constaté, c’est que l’arrêté pris par le gouvernement ne reprenait pas de tracé clair de la clôture. Selon nos juristes, il n’a donc, de toute façon, aucune valeur légale», commente le bourgmestre.

Mauvaise communication

Qui pointe aussi des errements de communication du ministère. «La première lettre du docteur Félix Wildschutz, directeur du service de l’Inspection vétérinaire qui a été désigné pour coordonner les actions, est arrivée à la commune le 25 mars. Les travaux ont commencé le 27! Jusque-là, il n’y avait eu aucune communication officielle vers la commune», s’insurge Michel Wolter. Qui déplore aussi les réponses lacunaires apportées lors de questions posées à la Chambre. Ou encore des légèretés avec les dates, officielles ou officieuses. «On envoie des courriers datés, mais on lit autre chose dans les journaux. Cela ne va pas.»

Aussi ridicule que cela puisse paraître, à ce stade, la commune ne dispose d’aucun plan de cette clôture.

Michel Wolterbourgmestre de Bascharage

Que va-t-il finalement advenir? «J’ai finalement reçu une demande d’autorisation de construire, que je vais analyser afin de répondre de manière circonstanciée au gouvernement. Il y a un certain nombre de choses que je voudrais cependant avoir, dont un plan. Aussi ridicule que cela puisse paraître, à ce stade, la commune n’a encore reçu aucun plan de cette clôture. On veut aussi savoir si des alternatives sont recevables afin de proposer d’autres tracés pour protéger le territoire, mais en faisant une clôture moins longue», conclut Michel Wolter. Qui veut aussi des garanties quant à la sortie du dossier. «Il faut des garanties qu’on retirera cette clôture quand nécessaire. Je n’ai pas envie qu’elle soit là durant 20 ans.»

Contacté par Paperjam, le ministère de l’Agriculture n’a pas souhaité faire d’autres commentaires.

Par ailleurs, le ministre wallon René Collin a décidé d’assouplir, dès ce samedi 6 avril, les conditions de circulation dans la zone concernée par l’épidémie de peste. Les chemins dans 16.000 hectares de forêt, sous des conditions strictes, sont ainsi en partie à nouveau ouverts en Gaume.