Plusieurs entreprises proposent à leurs salariés de se faire tester au Covid-19 directement au bureau. Leurs retours sont positifs. La pratique est légale, tant que l’employé a la possibilité de refuser le test, sans que son emploi ne se retrouve menacé. (Photo: Shutterstock)

Plusieurs entreprises proposent à leurs salariés de se faire tester au Covid-19 directement au bureau. Leurs retours sont positifs. La pratique est légale, tant que l’employé a la possibilité de refuser le test, sans que son emploi ne se retrouve menacé. (Photo: Shutterstock)

Proposer aux employés de se faire tester sur leur lieu de travail: une pratique légale, et souvent bien admise, selon les entreprises, tant que cela se fait sur base volontaire et que l’employé ne s’y sent pas forcé. L’OGBL a noté quelques dérapages, qui auraient été réglés depuis.

Une entreprise ne peut pas obliger son salarié à se faire tester au Covid-19. «Il n’y a rien qui le permet et rien qui l’interdit expressément. Pour moi, le salarié peut le refuser, cela relève de la vie privée et de l’intégrité physique, tout comme on ne peut pas demander à une femme un test indiquant qu’elle n’est pas enceinte.» La campagne de dépistage massif du gouvernement s’est d’ailleurs . Pourtant, certaines entreprises invitent leurs employés à se faire tester… au bureau.

Sur base volontaire, comme pour la grippe

Le cabinet d’avocats Arendt & Medernach SA le propose, par exemple, à ses 850 salariés deux fois par semaine, «sur base volontaire», insiste-t-il. Il a lié un partenariat avec le laboratoire Bionext Lab, qui vient environ une heure à chaque fois. «Trois jours avant, nous envoyons un mail à tout le monde pour demander qui veut s’inscrire à la prochaine séance», explique le cabinet. Les employés intéressés peuvent ensuite s’enregistrer et reçoivent un bon pour le test. Depuis octobre, 202 dépistages ont ainsi été réalisés, et sur les trois premières dates de novembre, 115. L’entreprise avait également organisé une large campagne de testing, là aussi volontaire, sur 10 séances en septembre. 302 personnes avaient participé, soit un peu moins de la moitié de l’effectif. «Depuis toujours, on propose le vaccin gratuit contre la grippe chaque année», compare l’employeur.

Pour le test Covid, «les gens réagissent différemment», y dit-on encore. Certains le font régulièrement, parfois ponctuellement, d’autres pas du tout. Bien sûr, si un employé a été en contact avec une personne positive ou présente des symptômes, il est mis en quarantaine et invité à aller se faire tester au laboratoire, suivant le protocole gouvernemental. Le but du testing en entreprise vise plutôt à découvrir les asymptomatiques. Et aussi à «rassurer les salariés», qui ont la possibilité de se faire tester à tout moment et aux frais de l’entreprise. Ces derniers ne sont pas communiqués. Arendt a relevé 5 à 6% de cas positifs au cours de ces tests.

Stratégie un peu différente chez CBL SA, qui organise des campagnes de tests sur chantier pour ses employés uniquement lors des retours de congé. Ce fut le cas à la reprise post-confinement, après l’été, et ça devrait de nouveau l’être après les vacances de Noël, selon la directrice des ressources humaines, Marguerite Thommes. «C’est toujours volontaire», assure-t-elle. Les employés «reçoivent un bon, et ils peuvent venir se faire dépister». Elle affirme que 100% des 380 salariés ont participé aux campagnes précédentes. «Cela a été très bien pris.» Entre-temps, l’entreprise de construction affirme prendre en charge le dépistage de tout salarié qui aurait un doute et souhaiterait se faire tester au laboratoire. 

Obligations cachées

«Notre avis, c’est qu’effectivement, l’entreprise ne peut pas forcer ses salariés», appuie Frédéric Krier, membre du bureau exécutif de l’OGBL. Le dossier a été analysé par le département juridique du syndicat, qui confirme qu’il n’y a «pas de base légale» le permettant. «Ce qui n’exclut pas d’organiser des campagnes», nuance-t-il, celles-ci pouvant s’avérer positives pour protéger la santé des employés. L’essentiel: qu’elles soient basées sur le volontariat, et que cela soit dit de manière explicite. Pour ne pas que le salarié se sente obligé de dire oui.

L’OGBL a d’ailleurs été alertée de quelques cas de menaces de licenciement de la part d’employeurs lorsque des salariés refusaient de se faire tester. Le syndicat ne donne pas de noms, mais indique qu’ils concernent des entreprises des secteurs de la construction et des médias, et datent de juillet. La situation semble avoir été réglée: «Nous avons expliqué la situation légale à l’employeur.»