Étienne Schneider a pris, mercredi soir, une dernière fois la parole lors de la réception de Nouvel An de la Fedil en tant que ministre de l’Économie. L’occasion de rappeler son attachement à une industrie essentielle pour le pays. Et à une certaine idée d’entreprendre.

«Je ne suis pas fatigué, je ne suis pas frustré, je ne suis pas forcé à partir en raison d’un scandale, mais je suis d’avis que dans la politique, tout comme dans les entreprises, le changement de tête est nécessaire pour apporter de nouvelles idées.»

En rappelant qu’il avait promis un maximum de 10 ans de politique active, (LSAP) – qui affiche huit ans de gouvernement – estime que c’est désormais «assez». Qu’il est temps d’apporter de nouvelles idées dans un ministère qu’il connaissait déjà en tant que haut fonctionnaire, avant de prendre la succession de , en février 2012.

Celui qui a été «responsable pour l’Économie, pour l’Énergie, pour les Classes moyennes, pour le Tourisme, pour la Police, pour l’Armée» et vice-Premier ministre, comme il l’a souligné lui-même, a livré son dernier discours devant les membres de la Fedil et, plus largement, les représentants du milieu économique, rassemblés mercredi soir à Luxexpo.

Réécouter le discours d’Étienne Schneider

Il est revenu sur ses relations avec les représentants sectoriels: «En tant que socialiste, cette proximité, voire cette alliance, avec le patronat dont on m’a toujours accusé ne m’a pas toujours été utile d’un point de vue politique, mais cette complicité présumée, je l’ai toujours considérée comme une prérogative liée à ma fonction.»

La décroissance n’est pas une option.

Étienne Schneiderministre de l’Économie

Une économie florissante est la condition sine qua non pour assurer la paix sociale d’un Luxembourg où tout semble aller pour le mieux, vu de l’extérieur. «La croissance économique ne se crée pas automatiquement et sans effort», pointe Étienne Schneider, qui se montre satisfait des compromis réalisés durant les dernières années en matière d’ajustement du cadre légal. «Hélas, les meilleurs compromis sont ceux qui ne satisfont personne.»

L’industrie est essentielle pour le Luxembourg, et «la décroissance n’est pas une option», lance Étienne Schneider. «Le grand challenge restera celui de mieux répartir la richesse entre tous les acteurs de l’économie.»

Après avoir rejoint le ministère de l’Économie en tant que haut fonctionnaire, Étienne Schneider est devenu «un fonctionnaire-entrepreneur», selon ses mots sur scène. «En 2012, lorsque j’ai été appelé à remplacer Jeannot Krecké à la tête du ministère, il m’était évident dès le départ que j’allais exercer cette fonction comme un ministre-entrepreneur, et non pas comme un ministre politicien.»

«Soyons tous des rêveurs»

 qu’il a initiée,  qu’il a lancé avec d’autres pays européens, … Étienne Schneider a cité ces dossiers à mettre à son crédit comme représentatifs d’un État qui peut se construite des opportunités. À condition de disposer des moyens financiers et des talents.

«Le Luxembourg est profondément empreint de l’esprit d’ouverture, d’un dynamisme et d’une volonté de se réinventer en permanence, ce sont ces valeurs qu’il faudra continuer à développer», ajoute Étienne Schneider. «Notre position de précurseur et de pionnier a souvent été clé dans nos projets de développement économique, et il me semble indispensable de continuer sur cette voie. Développer des idées disruptives, prendre des risques, et parfois échouer, nous amène le progrès. Si on veut un jour être vu comme un pionnier, il faut d’abord accepter d’être vu comme un rêveur. Soyons donc tous des rêveurs.»

Celui qui a décidé de faire  sait qu’une fois le pouvoir quitté, la lumière ne brille plus sur soi. C’est avec une forme de détachement qu’Étienne Schneider a pris congé des représentants de l’industrie, en disant au passage à Claude Wiseler, qui l’écoutait dans l’assistance, qu’il n’aura finalement pas besoin de lui acheter un aller simple pour la lune (comme le chef de file du CSV l’avait lancé durant la campagne de 2018, en référence à son initiative du space mining).

En début d’intervention, Étienne Schneider remerciait la présidente de la Fedil pour ses «louanges» à son égard. «Il faut quitter la politique pour en recevoir», ironisait-il. Accueilli avec des louanges, le ministre pour quelques jours encore a été remercié et salué par l’assistance lors d’une «standing ovation».