La puissance de calcul prévue pour le HPC luxembourgeois le classe en vingtième position. (Photo: Shutterstock)

La puissance de calcul prévue pour le HPC luxembourgeois le classe en vingtième position. (Photo: Shutterstock)

La Commission européenne et le ministre de l’Économie ont fait savoir vendredi que le superordinateur du Luxembourg serait situé à Bissen et ferait partie d’un réseau de huit HPC européens. Il aura une puissance de calcul digne des meilleurs superordinateurs américains, chinois ou japonais.

Avec dix millions de milliards d’opérations par seconde, soit dix pétaflops, le superordinateur du Luxembourg, installé chez LuxConnect à Bissen, sera dans le top 20 mondial, qui comprend, selon le dernier Top 500 disponible, huit américains, trois japonais, deux chinois et deux italiens, un coréen, un suisse, un français et un allemand.

Le Tera 1000-2 du Commissariat français à l’énergie atomique effectue par exemple près de 12 pétaflops, ce qui lui vaut la 16e place de ce classement, dominé par l’américain Summit (143 pétaflops – IBM).

«Cela confirme l'attractivité du Luxembourg en tant que pays innovant et pionnier dans la technologie de haut niveau», a déclaré le Premier ministre, Xavier Bettel, à l'issue du conseil européen «Transports, télécommunications et énergie» et d’ajouter: «Le Luxembourg est prêt à jouer un rôle précurseur, constructif et participatif dans la mise en œuvre de la politique numérique européenne.»

Le Premier ministre a accueilli le vice-président de la Commission européenne, Günther Oettinger, au ministère d'Etat. «L'entreprise commune européenne du calcul à haute performance (EuroHPC) est un excellent exemple de la façon dont l’Union européenne travaille pour le bien de notre économie et de notre secteur scientifique. Je suis très heureux qu'après la décision de localiser l’entité du EuroHPC au Luxembourg, nous constituions également le centre névralgique du HPC avec un supercalculateur européen», a-t-il dit à l'issue de cet entretien au cours duquel a aussi été abordé la transition numérique de l'administration publique. «Nous avons une expérience de longue date dans le secteur des centres de données et nous positionnons aujourd’hui le Luxembourg comme pionnier dans la traite des données. Le gouvernement a investi et continuera d'investir dans l'infrastructure et la connectivité nécessaires pour pouvoir offrir le meilleur environnement pour le flux et la protection des données.»

«Il est indispensable que nous établissions au sein de l’UE une industrie digitale européenne indépendante et une chaîne de valeur digitale autour des données», a commenté le vice-Premier ministre et ministre de l’Économie  vendredi, à la mi-journée.

«La mise en place du réseau européen de HPC auquel le Luxembourg va participer activement est une étape cruciale en ce sens. En ligne avec notre stratégie d’innovation basée sur les données, nous soutenons ainsi la transformation numérique des secteurs économiques prioritaires en vue de développer une économie de données durable et de confiance.»

Le HPC qui sera installé et mis en fonction en 2020 auprès de LuxConnect à Bissen s’insère dans une stratégie européenne de mise en réseau de supercalculateurs: EuroHPC Joint Undertaking.

«Le superordinateur luxembourgeois sera prioritairement axé sur les besoins des entreprises et des acteurs de l’économie luxembourgeoise, avec un accent particulier sur l’utilisation par les PME et les start-up ainsi que sur des applications dans le cadre de la recherche, de la médecine personnalisée et de projets eHealth», dit le communiqué du ministre, qui rappelle que le HPC était une des mesures prioritaires de la stratégie Rifkin.

Un milliard d’euros de financement dans l’UE

Le HPC luxembourgeois sera en partie financé par l’Union européenne. Dans un communiqué paru peu après, la Commission européenne a annoncé retenir huit sites pour les HPC de ce réseau: Sofia (Bulgarie),  Ostrava (République tchèque), Kajaani (Finlande), Bologne (Italie), Bissen (Luxembourg), Minho (Portugal), Maribor (Slovénie) et Barcelone (Espagne). Trois de ces sites (celui de Luxembourg et deux autres) auront une machine capable de dépasser les 5 pétaflops et cinq autres iront de 4 à 5 pétaflops.

Au total, 19 des 28 États membres sont associés à ce consortium européen, auquel l’Union européenne annonce qu’elle va apporter 840 millions d’euros. Les documents de la Commission évoquent plutôt une somme de 1,3 milliard d’euros (486 par l’UE, autant par les États membres et plus de 400 millions par des partenaires privés).

«Ces sites donneront à nos chercheurs un accès à des superordinateurs de classe mondiale, une ressource stratégique pour l’avenir de l’industrie européenne. Ils seront en mesure de traiter leurs données à l’intérieur de l’UE et non à l’extérieur. C’est un grand pas en avant pour l’Europe afin d’atteindre le prochain niveau de capacité de calcul. Cela nous aidera à progresser dans les technologies d’avenir, telles que l’internet des objets, l’intelligence artificielle, la robotique et l’analyse de données», a commenté le vice-président pour le marché unique numérique, Andrus Ansip.

«L’entreprise commune européenne pour le calcul haute performance illustre bien la manière dont les pays de l’UE peuvent coopérer pour stimuler l’innovation et soutenir la concurrence mondiale dans ces technologies hautement stratégiques», a ajouté la commissaire à l’économie et à la société numériques, Mariya Gabriel.