La ministre des Finances, Yuriko Backes, a présenté à la Chambre des députés le pacte de stabilité et de croissance (PSC), marqué par les répercussions économiques de la guerre en Ukraine. (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne/archives)

La ministre des Finances, Yuriko Backes, a présenté à la Chambre des députés le pacte de stabilité et de croissance (PSC), marqué par les répercussions économiques de la guerre en Ukraine. (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne/archives)

Le déficit public atteint 0,7% du PIB en 2022, la croissance étant estimée à 1,4%. L’inflation devrait quant à elle s’élever à 5,4%. C’est ce qui ressort de l’exercice annuel du PSC et du PNR, tous deux présentés aux députés.

, la ministre des Finances, (DP), et le ministre de l’Économie,  (LSAP), ont présenté le programme national de réforme (PNR) et le pacte de stabilité et de croissance (PSC) 2022-2026 à la Chambre des députés ce 27 avril. Cet exercice, réalisé annuellement, a fourni un aperçu des perspectives économiques et budgétaires pour le pays.

Cette année, l’exercice du PSC a été largement marqué par la guerre en Ukraine qui a éclaté à la fin du mois de février et dont les répercussions se font déjà ressentir. «Le PSC que j’ai présenté aujourd’hui à la Chambre des députés pour l’année 2022 s’inscrit dans un contexte préoccupant et hautement incertain», a indiqué la ministre des Finances, ajoutant: «En dépit des éclaircissements sur le front de la pandémie, et suite au redressement des finances publiques depuis l’année dernière, nous sommes désormais confrontés à une nouvelle crise.»

Malgré tout, la ministre des Finances tient à rassurer: «Les chiffres du PSC montrent toutefois que le Luxembourg saura relever les défis.» Son ministère explique d’ailleurs que la reprise économique s’est installée au terme de 2020 pour s’accélérer en 2021. En ce sens, la croissance du PIB réel est estimée à +6,9% en 2021.

Des finances publiques détériorées

L’actualisation des prévisions budgétaires pour le PSC de 2022 aboutit en revanche «à une situation nettement détériorée à court terme. De la sorte, le ministère des Finances informe que les recettes publiques n’augmentent que de 4,3%, alors que les dépenses publiques progressent de 8,3%.

D’une situation de surplus de +0,9% du PIB en 2021, le solde des administrations publiques passe désormais à un déficit de -0,7%.

Le bilan des finances publiques pourrait encore empirer. «La dégradation de la situation macroéconomique ainsi que les mesures décidées récemment pour atténuer l’impact des tensions inflationnistes auront ainsi un impact conséquent sur les finances de l’État», note le ministère des Finances. Suivant cette tendance, la dette publique augmenterait à nouveau, pouvant alors atteindre 25,4% du PIB en 2022.

Le gouvernement mise sur un rétablissement graduel des finances publiques «pour arriver à un solde équilibré des administrations publiques d’ici 2026», avec une stabilisation de la dette à environ 26% du PIB.

1,4% de croissance

Les effets du conflit armé en Ukraine et ses répercussions au niveau des prix énergétiques et des denrées alimentaires restent en effet également une réalité. Le Statec a, de la sorte, révisé la perspective de croissance du Luxembourg à la baisse de deux points de pourcentage, suivant la tendance donnée par le Fonds monétaire international. La croissance est désormais estimée à 1,4% en 2022.

Il est attendu qu’à moyen terme, la perspective économique de la croissance luxembourgeoise oscille entre 2,5% et 3%. Le choc de la guerre pouvant affecter la confiance des consommateurs et des entreprises. Ce qui n’est pas sans provoquer une certaine volatilité sur les marchés financiers.

La poussée de fièvre inflationniste, qui n’épargne pas le Luxembourg, avait amené le gouvernement à convoquer les partenaires sociaux dans le cadre du comité de coordination, la tripartite, à partir du 22 mars. Le gouvernement rappelle qu’un accord a pu être conclu avec les représentants de l’UEL, de la CGFP et du LCGB, portant notamment sur un décalage de la tranche indiciaire initialement prévue en août 2022 à avril 2023.

5,2% d’inflation

De façon générale, les mesures prises dans le cadre du  s’évaluent à environ 750 millions d’euros, soit 1% du PIB. En y ajoutant les garanties de l’État à disposition des entreprises, le Luxembourg mobilise un total de 1,3 milliard d’euros, l’équivalent de 1,7% du PIB, pour compenser les conséquences immédiates de la crise liée à l’impact de la guerre en Ukraine.

Prenant en compte des mesures pour prévenir la crise, le gouvernement estime le taux de l’inflation à 5,2% pour 2022. Un chiffre censé passé à 1,6% en 2023, «sous l’hypothèse d’une stabilisation, voire d’une réduction des prix du pétrole».

Du côté du marché de l’emploi, le ministère des Finances observe «une baisse continue du chômage au cours des derniers mois», affichant un taux de 4,7% à la fin mars. Il s’agit du taux le plus bas depuis 15 ans.

Non présenté dans le communiqué du gouvernement, le dossier des pensions risque aussi de peser à long terme sur les deniers publics. par l’Inspection générale de la sécurité sociale (IGSS), les dépenses des pensions augmentent plus vite que les recettes des cotisations.

Un débat parlementaire aura lieu ce 28 avril. Le PSC et le PNR seront ensuite transmis à la Commission européenne avant la fin du mois. À noter qu’en raison de la clause dérogatoire, les règles budgétaires européennes font actuellement l’objet d’un moratoire.