Dan Kersch a dressé un bilan des aides de l’État en faveur du marché du travail. (Phorto: Anthony Dehez/archives)

Dan Kersch a dressé un bilan des aides de l’État en faveur du marché du travail. (Phorto: Anthony Dehez/archives)

Le vice-Premier ministre et ministre du Travail Dan Kersch a fait le point sur les mesures de crise prises en relation avec le marché du travail au Luxembourg. 9.933 sociétés ont déjà fait appel au mécanisme de chômage partiel. 

«Le chômage partiel fait partie intégrante des mesures en faveur des entreprises. C’est d’ailleurs la plus importante qui est prise en leur faveur», a expliqué le vice-Premier ministre et ministre du Travail (LSAP) lors d’une conférence de presse mardi soir. Au cours de celle-ci, il a fait le point sur les mesures de crise en faveur du marché du travail.

372.129.189 euros ont déjà été mobilisés . «Des avances seront versées dès demain» en faveur de 9.933 sociétés. Le comité de conjoncture a reçu de leur part «14.538 demandes au cours des mois de mars et avril». 2.616 demandes sont encore en attente de décision. .

Le gouvernement considère que les secteurs des banques et des assurances ne sont pas en crise.
Dan Kersch

Dan Kerschvice-Premier ministre et ministre du Travail

370 demandes de chômage partiel sont aussi en suspens. Celles-ci viennent principalement des secteurs des banques et des assurances. «Le gouvernement considère qu’ils ne sont pas en crise», justifie le ministre.

531 demandes de chômage provisoire sont aussi venues de sociétés en retard de paiement de leurs cotisations sociales. Ce qui habituellement les disqualifierait. Pas cette fois, mais 10% des aides seront retenus si la société a trois mois de retard, 20% si c’est davantage. «Nous ne voulons pas laisser tomber les 4.456 salariés  de ces entreprises qui n’y sont pour rien. On a regardé chaque entreprise comme une entité complète. Dans certains pays, on a fait le choix de laisser mourir les petits pour que les grands survivent. Ce n’est pas le choix du Luxembourg et on peut en être fier.»

Il apparaît aussi que des abus pourraient être commis. Le ministre en est conscient: «On appliquera la loi pour ceux qui ne respectent pas les règles.»

Lors du dernier bilan, il avait été indiqué que 73.000 employés étaient concernés par le chômage partiel. Ils sont désormais 180.000. L’Adem a aussi dû traiter un nombre toujours plus important de dossiers. 7.000 sociétés ont déjà reçu des avances, elles seront 9.000 à la fin de ce mois.

19 demandes d’élargissement du temps de travail

Dan Kersch est aussi revenu sur les modifications temporaires apportées au Code du travail. Et il a levé une ambiguïté: selon lui, ce sont bien tous les employés d’une entreprise qui a fait appel au chômage partiel qui sont à l’abri d’un licenciement économique, et pas seulement ceux de cette entreprise concernés directement par ce chômage.

Au sujet de l’élargissement du temps de travail, le ministre a indiqué que 19 demandes ont été introduites et 15 ont reçu un avis favorable. Parmi elles, 12 sont des sociétés de soins. Mais une demande vient aussi du secteur du traitement des déchets et d’autres du secteur du gardiennage.

Quant aux congés collectifs, le ministre a botté en touche, expliquant que les règles normales du Code du travail s’appliqueront à nouveau une fois la crise passée.  Les congés collectifs doivent normalement débuter fin juillet.  

Pas d’excuse envers les indépendants

Enfin, il a été question des indépendants. Récemment, au cours d’un échange sur Facebook, Dan Kersch a exposé que selon lui les «riches indépendants» ne devaient pas être aidés par l’État. «D’abord, ce n’est pas ainsi que je l’ai formulé et je ne dois donc pas m’excuser», a-t-il répondu à une question de RTL. «Je peux m’excuser pour beaucoup mais pas pour mon opinion, et je ne vais pas le faire.»

À un collègue, il a expliqué que les indépendants ne pouvaient avoir accès au chômage partiel. «Le chômage partiel est un élément pour éviter le chômage... Par définition, seules les personnes salariées ou libres pour le marché du travail sont concernées, ce qui n’est pas le cas de la plupart des indépendants», a-t-il encore dit.

«J’ai également expliqué que les indépendants, de manière indirecte, profitent du chômage partiel car leurs coûts salariaux sont presque entièrement repayés par l’État. Je l’ai expliqué durant 20 minutes ici. Au-delà de ceci, je suis fermement convaincu qu’il n’est pas possible qu’il y ait des personnes qui ont gagné plein d’argent pendant longtemps qui soient considérées de la même manière que d’autres et profitent des moyens publics. Il faut tenir compte de la solidarité nationale et différencier: ceux qui ont les épaules larges doivent percevoir moins que les autres. C’était ma conviction politique et cela va le rester. Voilà ce que j’ai exprimé et si quelqu’un se sent attaqué par cela, ce n’était pas ma volonté. Mais je pense qu’il faut faire la différence quand on parle de solidarité nationale.»