La volonté de François Bausch (Déi Gréng), ministre du Développement durable et des Infrastructures (MDDI), de réorganiser le Findel peine à trouver un soutien ferme et unanime. Outre le conflit qui oppose le ministère aux personnels de l’Administration de la navigation aérienne sur le choix de confier la certification de l’aérodrome à Lux-Airport et les tensions au sein même de la société privée liées aux conditions de travail, un troisième front est sur le point d’être présenté sur la place publique: celui qui oppose la direction de Lux-Airport – et donc le MDDI - aux différents acteurs de l’aviation générale. Autrement dit, aux structures regroupant les pilotes amateurs implantées au Findel depuis les années 1970.
«Notre existence sur les terrains que nous occupons depuis plusieurs décennies est tout simplement menacée», résume Frank Mack, président de la Luxembourg Flight Training Academy (LFTA), unique école d’apprentissage du pilotage du Grand-Duché. Au cœur du problème, la résiliation des contrats en vigueur jusqu’au 30 juin 2017 et la volonté de Lux-Airport de mettre en place de nouvelles conditions. Qu’elles soient financières ou en lien avec l’utilisation des terrains. «Nous ne sommes pas opposés au fait de payer plus, car le contrat que nous avons correspond au prix versé pour l’utilisation de terres agricoles, mais ce qui ne passe absolument pas, c’est que les nouveaux contrats proposés correspondent à une expropriation pure et simple», assure le président de la LFTA.
Lux-Airport n’a pas la volonté de nous faire partir.
Frank Mack, président de la LFTA
Car même si les terrains appartiennent effectivement à l’État, les différents hangars construits pour accueillir les quelque 70 avions appartenant aux privés l’ont été sur fonds propres. Ce qui représente «environ 1,5 million d’euros investis par nos membres bénévoles au fil des dernières décennies», estime Jean Birgen, président d’honneur de la Fédération aéronautique luxembourgeoise. Même refus des acteurs privés du Findel quant à la durée des nouveaux contrats proposés par Lux-Airport, valables 10 ans sans reconduction tacite, «ce qui signifie que dans 10 ans, nous allons à nouveau devoir renégocier pour défendre ce que nous avons construit», estime Frank Mack qui plaide, lui, pour un contrat d’une durée de 30 ans, renégociable, et qui garantit la propriété des hangars sortis de terre.
Même s’ils estiment que Lux-Airport «n’a pas la volonté de nous faire partir», les acteurs privés craignent tout de même pour la pérennité de leur activité. «Car le prix proposé, après plusieurs rencontres et négociations avec Johan Vanneste (CEO de Lux-Airport, ndlr) et François Bausch, est d’un euro du m², alors que dans le même temps, d’autres acteurs qui possèdent également un bail, mais non bénévoles, se sont vu proposer des contrats entre 5 et 8 centimes du m²», note le président de la LFTA.
Mise à niveau à marche forcée
Plusieurs acteurs du Findel, dont des poids lourds, ont d’ores et déjà manifesté leur soutien à la démarche engagée par la LFTA par l’envoi d’une lettre de soutien à destination du locataire du ministère de la place de l’Europe. Ces derniers estiment notamment «nécessaire» de continuer à bénéficier d’une école de pilotage au Findel, particulièrement dans un contexte de pénurie à venir de nouvelles recrues.
Au-delà de la question du type de contrat proposé, ce nouvel épisode illustre les nombreuses tensions qui agitent le Findel depuis plusieurs années en lien notamment avec la mise en place d’une politique de commercialisation de l’aéroport afin de l’aligner sur les pratiques en vigueur dans le reste de l’Europe. La critique qui transparaît en filigrane tient donc dans ce que Frank Mack appelle «le retard pris au fil des années dans la gestion de l’aéroport» et qui amène désormais les autorités à appliquer une mise à niveau à marche forcée, ce à quoi s’opposent certains acteurs historiques. Contactés par Paperjam, ni le MDDI ni Lux-Airport n’ont souhaité commenter ce troisième conflit ouvert à l’aéroport.