Pour la direction de Lux-Airport, les arguments avancés par l’OGBL pour déclencher une conciliation ne reposent sur aucun fondement concret. (Photo: Etienne Delorme/archives)

Pour la direction de Lux-Airport, les arguments avancés par l’OGBL pour déclencher une conciliation ne reposent sur aucun fondement concret. (Photo: Etienne Delorme/archives)

Réponse du berger à la bergère. 24h après la publication par l’OGBL d’un communiqué faisant état du déclenchement d’une procédure de conciliation au sein de Lux-Airport, la direction de la société privée gestionnaire des terminaux de l’aéroport a choisi de sortir de son silence. Dans un communiqué publié vendredi, Lux-Airport annonce qu’elle «réfute» toutes les critiques mises en avant par le syndicat majoritaire au sein de l’entreprise, et entend «éclaircir point par point» les différentes thématiques.

Sur la question du «manque chronique de personnel» dans un contexte de hausse du trafic passager «de 40% au cours des cinq dernières années», la direction de Lux-Airport assure «disposer de suffisamment» d’agents «dans tous les départements», y compris dans le service de sûreté, particulièrement pointé du doigt par le syndicat. Pour confirmer ses propos, la direction annonce avoir recruté «depuis janvier 2016», soit quelques mois après la signature de la convention collective qui prévoyait 20 embauches, 60 collaborateurs, «dont 42 nouveaux agents de sûreté». Et la direction assure que la société «continue de recruter».

Renvoi des responsabilités sur l’OGBL

L’autre grande critique de l’OGBL portait sur l’instauration par la direction d’un «gel des salaires, décidé arbitrairement en décembre 2016». Cette dernière rétorque vendredi, en indiquant qu’aucun arrêt des progressions salariales n’a eu lieu, et rappelle que «Lux-Airport dispose d’une grille salariale prévoyant 25 échelons barémiques annuels». Pour les responsables de la société privée appartenant à 100% à l’État, cette critique repose sur l’existence «par le passé» d’une augmentation annuelle «de quelques collaborateurs» au-delà du 25e échelon. Cet automatisme «qui augmente la disparité des salaires des collègues prestant quotidiennement un travail identique» a été enterré, puisque «non prévu dans la CCT». Et la direction se permet même une pique à destination de l’OGBL, en indiquant être «étonnée qu’un syndicat défende un système qui augmenterait annuellement de façon significative des inégalités salariales».

Accusée également d’avoir mis en place «un soi-disant logiciel d’espionnage» capable de «contrôler le comportement et la performance des agents de sûreté à la seconde près et rétroactivement», Lux-Airport note qu’elle est dans «l’obligation de faire un contrôle de qualité dans le cadre des contrôles de sûreté» en lien avec des règles européennes. Reconnaissant utiliser «des softwares spécifiques (…) sur des machines à rayons X», la direction dément un quelconque rôle de délation, et rappelle que «ceci est connu et approuvé par le comité mixte et par l’OGBL».

Course contre la montre engagée

Enfin, «le manque total de descriptifs de poste» pointé du doigt par le syndicat serait inexact, la direction assurant disposer d’un tel élément «pour chaque poste au sein de la société». Elle renvoie une nouvelle fois la responsabilité sur son accusateur, en assurant que «c’est le représentant de l’OGBL qui a refusé d’approuver lesdits descriptifs» au cours de la dernière réunion du comité mixte.

Le rejet des responsabilités de part et d’autre n’empêchera donc pas la mise sur pied d’une procédure de conciliation, dont la première réunion devrait avoir lieu dans les jours à venir. Selon la loi, les deux parties ont 16 semaines à compter de cette première rencontre pour trouver un accord, faute de quoi une médiation par un juge pourrait intervenir. Syndicat et direction ont donc en théorie jusqu’au mois de septembre pour tenter d’aplanir leurs différends, sachant que Lux-Airport doit mener en parallèle les démarches de certification pour l’aérodrome, dont la date butoir a été fixée par Bruxelles au 31 décembre 2017.

À noter enfin que les représentants du personnel de l'Administration de la navigation aérienne ont, vendredi, profité de l’annonce du déclenchement de la procédure de conciliation au sein de Lux-Airport pour réitérer leur demande d’annulation de «la nomination de Lux-Airport comme opérateur d’aérodrome afin d’éviter toute action syndicale, et de remédier aux multiples conflits sociaux sur la plateforme aéroportuaire». Contactée jeudi par Paperjam.lu, une porte-parole de François Bausch (Déi Gréng) indiquait que «le ministre ne souhaitait pas commenter» cette nouvelle procédure. Ce dernier se trouve ce vendredi sur le chemin du retour d’un voyage effectué à Montréal.