Amenés à accroître leurs capacités en soins intensifs, les hôpitaux réduisent la voilure tout en restant à l’affût d’un sursaut des hospitalisations après la rupture progressive du confinement. (Photo: HRS/MG)

Amenés à accroître leurs capacités en soins intensifs, les hôpitaux réduisent la voilure tout en restant à l’affût d’un sursaut des hospitalisations après la rupture progressive du confinement. (Photo: HRS/MG)

S’ils considèrent le pic de l’épidémie derrière eux, les hôpitaux restent vigilants quant à une deuxième vague d’hospitalisations tout en rappelant la nécessité de ne pas oublier les soins non Covid.

alors que le nombre de contaminations grimpait en flèche, les hôpitaux prennent le temps de souffler. «Nous avons passé le pic», indique le Dr Gregor Baertz, l’un des deux directeurs médicaux des Hôpitaux Robert Schuman.

Les admissions et les lits occupés ont effectivement entamé une décrue. Cinq patients sont encore hospitalisés en réanimation au Centre hospitalier du Nord, qui insiste plutôt sur les départs: «Durant les quatre dernières semaines, 48 patients sont retournés à la maison, ce qui est un résultat très positif.»

Aux Hôpitaux Robert Schuman, même constat. «Le nombre de lits occupés en hospitalisation diminue rapidement, plus qu’en soins intensifs puisque dans ce service, la durée de séjour s’établit plutôt autour de trois semaines», explique le Dr Gregor Baertz. Jeudi, il restait 4 patients Covid-19 en soins intensifs (et deux suspects en attente de confirmation) et 16 en unité de soins (et 25 suspects en attente de confirmation).

Quant au Centre hospitalier de Luxembourg (CHL), il compte encore 26 patients Covid-19, dont 5 en soins intensifs. Mais les tentes dressées à ses côtés ne devraient pas servir – c’est ce qu’espérait ouvertement le Premier ministre  (DP) lors de leur inau –, hormis celle utilisée pour le triage des patients se présentant aux urgences selon qu’ils sont Covid-19, non Covid-19 ou suspectés d’être contaminés.

Au Centre hospitalier Émile Mayrisch (Chem), même tendance avec 24 patients en réanimation et 11 en unité de soins.

La deuxième vague dépendra de la stratégie du gouvernement pour contenir la situation et de la portée de la campagne de tests auprès de la population.
Dr Gregor Baertz

Dr Gregor Baertzdirecteur médicalHôpitaux Robert Schuman

Pour autant, les hôpitaux ouvrent l’œil. «Le nombre d’admissions est en baisse, mais il faudra observer davantage la situation», tempère le CHdN. «Notre force, c’est de nous adapter rapidement aux évolutions. Nous restons donc vigilants et préparés à toute éventuelle hausse.»

C’est d’ailleurs pour cela que les établissements gardent du personnel en réserve pour pallier un nouveau pic – la fameuse deuxième vague, à la fois inévitable et redoutée. «Nous estimons qu’il y aura encore quelques cas sporadiques à partir du 2 mai», dit le Dr Gregor Baertz, du fait . «La deuxième vague dépendra de la stratégie du gouvernement pour contenir la situation et de la portée de la campagne de tests auprès de la population.»

Le directeur médical suit de près les stratégies des pays asiatiques qui ont quelques mois d’avance et un retour d’expérience exploitable. «Les campagnes de tests, la localisation des personnes infectées et l’isolation rapide des personnes malades et de leur entourage potentiellement malade: ce sont pour moi les trois conditions» pour réussir un déconfinement contrôlé. «Et plus il y aura de tests, plus grandes seront les chances de trouver les personnes infectées.»

Une «nouvelle routine» à intégrer

Louant également le confinement précoce du pays, le CHdN rappelle de son côté que «l’évolution de la maladie dépendra beaucoup de la responsabilité de chacun. Nous ne pouvons donc que nous associer aux messages du gouvernement et et de santé pour le bien-être de tous. Protéger les personnes vulnérables et l’objectif ‘flatten the curve’ (aplatissement de la courbe, ndlr) restent d’actualité.»

De même que tout un chacun ne retrouvera pas sa vie d’avant dans les prochaines semaines, les hôpitaux essaient de travailler dans «une nouvelle normalité», confient plusieurs interlocuteurs. Passé le choc des débuts et avec l’arrivée de matériel plus adapté – des blouses moins lourdes, moins étouffantes, cite le CHL –, le personnel médical est entré dans «une nouvelle routine».

«Il faut s’habituer à une situation qui restera jusqu’à ce que l’immunité soit suffisante dans la population ou jusqu’à l’arrivée d’un vaccin», souligne le Dr Gregor Baertz, qui ne croit pas à une épidémie s’arrêtant d’elle-même comme la grippe, alors que certains évoquent toujours une disparition avec les beaux jours.

Signe de cette «nouvelle normalité», les hôpitaux commencent à voir revenir les pathologies traditionnelles , les patients craignant de côtoyer des patients Covid-19 alors que les flux avaient été strictement séparés.