Les hôpitaux se préparent à faire face à une éventuelle vague de patients présentant des complications du Covid-19. (Photo: Sven Becker/archives Maison Moderne)

Les hôpitaux se préparent à faire face à une éventuelle vague de patients présentant des complications du Covid-19. (Photo: Sven Becker/archives Maison Moderne)

Conscients de la crise sanitaire mondiale qui plane aussi sur le Grand-Duché, les hôpitaux sont sur le pied de guerre face à l’épidémie de Covid-19.

Avec 81 personnes infectées par le Covid-19 et un décès à ce jour, le Luxembourg n’échappe pas à la pandémie partie de Chine et qui a contaminé presque 168.000 personnes dans le monde selon le dernier rapport de l'OMS. Mais la vague de patients que connaissent l’Italie, l’Espagne et maintenant la France se fait encore attendre.

En attendant, les hôpitaux fourbissent leur plan de crise sous le pilotage de la Direction de la santé. «Nous avons mis en place des instructions, des procédures internes sur base des directives du ministère de la Santé», précise le Centre hospitalier du Nord (CHdN). «Actuellement, nous sommes en train de définir des flux de communication supplémentaires afin que tous les membres du personnel aient accès aux informations essentielles (même s’ils sont en congé). Évidemment, notre objectif primaire est maintenant de protéger nos patients et nos membres du personnel et de nous préparer au mieux à un éventuel afflux de patients.»

120 respirateurs artificiels répartis dans le pays

Le Centre hospitalier de Luxembourg (CHL) demeure en première ligne puisqu’il héberge le seul service du pays dédié aux maladies infectieuses. Neuf personnes y sont actuellement hospitalisées, dont une sous respiration artificielle, rapporte le Wort, sachant que le service a prévu une capacité maximale de 15 lits dédiés aux patients atteints du coronavirus.

Le Centre hospitalier Emile Mayrisch (Chem) a, de son côté, renvoyé un patient infecté à son domicile puisqu’il ne présentait pas de risque de complication.

Mais l’équipement crucial pour affronter l’épidémie de Covid-19 s’avère être le respirateur artificiel, indispensable pour aider le patient à respirer s’il développe une pneumonie. Les médecins ne sont en effet pas en mesure de traiter les patients puisqu’aucun médicament n’existe encore contre le virus, inconnu jusqu’en décembre dernier. Le CHL dispose de 24 respirateurs et peut en réquisitionner encore 26 autres. La Direction de la santé indique que le pays compte 120 à 150 respirateurs artificiels, auxquels s’ajouteront prochainement 30 appareils supplémentaires qu’elle a commandés.

Les autres hôpitaux se préparent de leur côté à accueillir les patients que le CHL ne pourrait plus recevoir. Le CHdN a ainsi réquisitionné une unité de 31 lits. Et a, comme les autres établissements du pays, suspendu toute opération chirurgicale «non urgente». Les policliniques – hôpitaux de jour – des Hôpitaux Robert Schuman et du Chem ont également été fermées afin de concentrer les efforts et ressources vers l’éventuel afflux de patients atteints de l’infection pulmonaire qui a tué déjà plus de 2.000 personnes en Italie.

Des chambres d’hôtel pour les frontaliers

Des procédures détaillées dans le plan de crise de chaque établissement et déroulées en parallèle à l’extension de la crise sanitaire sur le principe de la «montée en puissance» du nombre de lits réquisitionnés dans tel puis tel service, conduisent s’il le faut à déplacer des malades.

Au-delà des lits et des respirateurs, c’est le personnel des hôpitaux qui inquiète la Direction de la santé. Outre la rotation des équipes par mesure de prévention et l’organisation de la garde des enfants des soignants, la forte proportion de frontaliers est un aspect non négligeable à prendre en considération et un facteur de fragilité du système de santé – largement évoqué par le rapport sur rendu en octobre dernier.

Comme   (LSAP), lundi, les hôpitaux luxembourgeois sont dépendants des frontaliers qui composent un tiers de leurs effectifs. Et la perspective de voir la France décréter le confinement total interroge forcément alors que des centaines de soignants passent la frontière tous les jours pour rejoindre les établissements de soins grand-ducaux. Une problématique qui touche moins le CHdN que le Chem (33% de frontaliers résidant en France) ou les Hôpitaux Robert Schuman (HRS) (50% de frontaliers). La proposition du ministère de la Santé d’offrir aux soignants frontaliers de dormir à l’hôtel, avec leur famille, est à ce titre bien accueillie par les hôpitaux.