Les professionnels se retrouvent une nouvelle fois en première ligne face à l’augmentation des accises sur les carburants. Le diesel routier coûtera, au premier semestre 2020, plus cher qu’en France. (Photo: Shutterstock)

Les professionnels se retrouvent une nouvelle fois en première ligne face à l’augmentation des accises sur les carburants. Le diesel routier coûtera, au premier semestre 2020, plus cher qu’en France. (Photo: Shutterstock)

L’augmentation de 1 à 5 centimes sur l’essence et le diesel est dénoncée par le secteur pétrolier comme par les transporteurs routiers et le syndicat OGBL.

C’est un cadeau de Noël dont certains se seraient bien passés. Le gouvernement  l’augmentation des accises sur les carburants routiers au premier semestre 2020, de 3 à 5 centimes par litre pour le diesel et de 1 à 3 centimes par litre pour l’essence.

«Cela représentera une hausse de 10 centimes sur le diesel en moins de douze mois!», réagit Romain Hoffmann, président du Groupement pétrolier luxembourgeois. «Les analyses sur les effets de l’augmentation des accises  montrent qu’elle a déjà eu des répercussions très importantes sur les volumes puisque, par rapport à 2018, les ventes avaient augmenté de 11% de janvier à avril et ont chuté de 2,5% de mai à novembre, ce qui traduit une inversion de tendance de l’ordre de 13 à 14%.»

Cette augmentation ne va pas déplacer le trafic au vu de notre situation géographique centrale en Europe, mais les camionneurs feront le plein ailleurs.

Romain HoffmannprésidentGroupement pétrolier luxembourgeois

Le GPL souligne encore qu’avec cette nouvelle hausse des accises sur les carburants, le carburant luxembourgeois «sera plus cher pour les clients professionnels qu’en France», sachant qu’il a déjà dépassé les tarifs belges depuis le mois de mai. «Cette augmentation ne va pas déplacer le trafic au vu de notre situation géographique centrale en Europe, mais les camionneurs feront le plein ailleurs», note M. Hoffmann, soulignant que cette mesure «n’aura aucun effet sur le climat». Elle s’ajoute en outre à l’introduction de la taxe carbone prévue pour 2021 et à l’augmentation de celle-ci les années suivantes. «Cela va se répercuter sur l’économie et la population luxembourgeoises», avertit M. Hoffmann.

Une perspective négative pour les groupes pétroliers présents au Luxembourg. «Cela risque de jeter un froid sur les investissements futurs et d’avoir des conséquences claires et nettes sur les emplois» si d’autres augmentations suivent.

Aucune mesure concrète n’est prévue pour l’instant simultanément à l’entrée en vigueur de cette hausse du prix des carburants.

OGBL

«Un cache-misère» pour les transporteurs

Dans un communiqué, mardi après-midi, intitulé «Augmentation des accises sur le diesel: le cache-misère du gouvernement», le Groupement transport (fédération affiliée à la CLC) qualifie cette annonce d’«outrageante pour les entreprises du transport».

L’augmentation y est décrite comme «encore bien plus néfaste que la première et met à mal l’existence même des petites et moyennes entreprises de transport. La conjoncture faible en Europe empêche en effet les transporteurs de compenser les hausses des accises par une augmentation des coûts du transport».

«Cette annonce irréfléchie», poursuit-il, «vient s’ajouter aux difficultés créées par la nouvelle convention fiscale avec la France, mal négociée par le ministère des Finances et qui met en péril des emplois dans le secteur et entraînera des restructurations auprès de nombreuses entreprises.»

Les transporteurs se demandent ce qu’ils doivent faire puisque le dialogue ne semble pas avoir le moindre effet sur le gouvernement. «Faut-il, comme en France, bloquer des autoroutes ou des sites de stockage?»

Les 200 entreprises, qui emploient 8.000 personnes, suggèrent au gouvernement de rattraper son retard par rapport aux autres dans le domaine des infrastructures, comme «l’utilisation d’éco-combis ou bien de bornes de recharge au gaz liquéfié», sans quoi cette mesure n’est qu’«un cache-misère pour exporter une consommation de diesel, sans aider à la réduire».

L’OGBL regrette l’absence de compensations

L’OGBL «déplore l’absence d’annonce de mesures concrètes de compensation sociale afin d’empêcher des pertes de pouvoir d’achat supplémentaires pour les ménages à bas et moyens revenus». Certes, le gouvernement précise qu’une partie des «rentrées budgétaires de cette hausse des accises» doit être affectée à «des mesures favorisant l’équité sociale». Mais l’OGBL pointe le fait «qu’aucune mesure concrète ne soit prévue pour l’instant simultanément à l’entrée en vigueur de cette hausse du prix des carburants et que les futures mesures annoncées, censées favoriser ‘l’équité sociale’, ne soient pas davantage précisées actuellement.»

Si le gouvernement a indiqué avoir renoncé à réformer l’abattement fiscal permettant de déduire les frais de déplacement domicile-travail, comme initialement prévu dans l’accord de coalition parallèlement à la mise en place de la gratuité des transports, le syndicat aurait préféré un «crédit d’impôt mobilité» prenant en compte de plus longues distances.