«Nous avons une grosse hausse de la demande de masques de la part d’entreprises depuis deux jours», constate un salarié d’Action Wear. (Photo: Shutterstock)

«Nous avons une grosse hausse de la demande de masques de la part d’entreprises depuis deux jours», constate un salarié d’Action Wear. (Photo: Shutterstock)

La demande s’est fortement accrue chez les fournisseurs d’équipements de protection individuelle après l’annonce de la reprise progressive de l’activité dès lundi prochain. Ils travaillent d’arrache-pied pour fournir les entreprises afin qu’elles puissent protéger leurs salariés à temps.

Lundi, les ouvriers retrouveront leurs chantiers, protégés de masques et de gel hydroalcoolique. Pour cela, les fournisseurs d’EPI (équipements de protection individuelle) tournent à plein régime en coulisses.

«Nous avons une grosse hausse de la demande de masques de la part d’entreprises depuis deux jours», constate un salarié d’Action Wear, spécialiste des tenues professionnelles. Il prend une courte pause pour répondre à nos questions. «Nous en avons déjà sorti quelques milliers, il y a encore quelques dizaines de milliers qui vont rentrer», détaille-t-il, essoufflé. Ils sont en partie produits par des fournisseurs partout en Europe, mais aussi par l’entreprise. «Nous avons commencé il y a deux jours la fabrication de masques en tissu, lavables», raconte-t-il. Il ne donne pas de chiffres plus précis sur la hausse de la demande et de la fabrication.

Plus de combinaisons de protection

Action Wear fournit aussi les entreprises en lunettes et en gants, et affirme avoir le stock suffisant pour le moment. Pour les combinaisons de protection, «il n’y a plus rien sur le marché, les clients font sans».

«Le délai entre l’annonce et la reprise des chantiers est court, c’est compliqué pour tout le monde», considère-t-il. Et les commandes ne devraient pas ralentir selon lui: «Là, nous équipons chaque client avec le minimum pour lundi. Le reste, ce sera pour les jours et semaines à venir.»

La vente de tenues professionnelles de BTP n’a cependant pas augmenté après l’annonce de la reprise.

De 6h à 22h

Un autre fournisseur d’EPI a accepté de nous répondre, mais préfère rester anonyme, pour éviter de crouler sous des demandes supplémentaires après la publication de l’article. «Nous sommes débordés», se justifie son directeur. «Nous avons deux équipes qui travaillent de 6h à 22h, c’est de la folie.»

Ici aussi, la demande en masques et produits de désinfection, déjà forte depuis le début de la crise du Covid-19, a encore augmenté d’un cran après l’annonce de la réouverture des chantiers. Le directeur ne donne pas de chiffres.

L’entreprise ne produit pas, mais importe le matériel, principalement depuis la Chine. «Nous avons bloqué les commandes de masques chirurgicaux avec élastiques pour les sociétés», explique son directeur. Il réserve ses derniers stocks pour le personnel soignant. En attendant une prochaine commande, les entreprises peuvent toujours acheter des masques chirurgicaux à nouer derrière la tête, un peu moins pratiques que ceux avec élastiques.

Quand la demande augmente, les prix aussi. La société paie entre 50 et 60 centimes pour un masque, contre 10 habituellement. «Nous essayons de garder les mêmes marges et de ne pas profiter de la situation», assure le directeur.

L’entreprise vend aussi des gels désinfectants pour les mains. Elle limite les commandes à quatre ou cinq flacons par personne pour garder un stock raisonnable. De ce côté, les prix restent stables selon elle.

Du mobilier de bureau aux masques

Même une société de mobilier de bureau, Mobilier2Buro, déborde de commandes en cette période. Cette dernière a adapté son offre dès le début de la crise du Covid-19, pour venir en aide à ses clients dans un premier temps. «Nous avons fait marcher notre réseau et trouvé des fournisseurs pour produire des masques chirurgicaux et FFP2, des séparations en plexiglas, du gel hydroalcoolique et des masques alternatifs», relate Tania Henriques, sa fondatrice. Ils viennent de France ou de Pologne. La demande a été telle que le chiffre d’affaires de l’entreprise a triplé par rapport à l’année dernière, malgré une baisse de son activité traditionnelle. Elle a notamment équipé les salariés d’Amazon au Luxembourg, de DuPont de Nemours, de la Ville de Luxembourg et d’un service du ministère de l’Intérieur français.

Et depuis mercredi, «j’ai eu une recrudescence de commandes pour les masques», remarque Tania Henriques. Principalement de la part d’entreprises de construction. «J’ai dû envoyer 250 mails en 48 heures», calcule-t-elle. L’entreprise a cherché un autre fournisseur, afin de raccourcir les délais. Elle fait de son mieux pour répondre à toutes les demandes. «1.000 masques FFP2 doivent arriver et 10.000 chirurgicaux la semaine prochaine», attend-elle avec impatience. Pour elle aussi, les prix ont flambé de la part des fournisseurs. «On peut dire qu’ils ont largement doublé», estime-t-elle.

Le gouvernement a décidé d’attribuer gratuitement un kit de cinq masques par salarié aux entreprises reprenant leur activité, . Il en distribuera ensuite au . Ces derniers ne viennent pas des entreprises interrogées selon elles.