L’environnement de taux bas que l’on connaît depuis plusieurs années, et qui pourrait se maintenir durablement, pousse les gestionnaires de patrimoine à diversifier les portefeuilles d’investissement en considérant des actifs en dehors des classes obligataires traditionnelles pour compenser la perte de rendement de ces derniers.

Quand la crise remet en question les stratégies

«Depuis plusieurs années, nous sommes en effet challengés sur la manière avec laquelle nous construisons nos portefeuilles», commente Alexandre Cegarra, CFA, CAIA, Managing Director, Société Générale Private Wealth Management. «Dans un environnement où les taux étaient bas et les perspectives de croissance toujours favorables, la diversification opérée au sein de la classe d’actifs obligataire s’orientait le plus souvent vers un accroissement de la sensibilité au risque crédit des portefeuilles, permettant ainsi de compenser la perte de rendement liée au niveau de taux d’intérêt par un abaissement moyen de la qualité de signature des émissions obligataires sélectionnées. L’intégration d’actifs immobiliers pouvait être également privilégiée.» À la crise sanitaire va toutefois succéder une crise économique qui, aujourd’hui, nous impose de revoir de telles approches. «Le risque de défaut sur le crédit est aujourd’hui plus important qu’il y a quelques mois. Concernant l’investissement immobilier, souvent orienté vers le bureau et le commerce, la généralisation du télétravail est de nature à changer durablement les perspectives du marché», poursuit Alexandre Cegarra. «Il nous semble aujourd’hui opportun de diversifier davantage au profit de nouvelles stratégies.»

Le risque de défaut sur le crédit est aujourd’hui plus important qu’il y a quelques mois.
Alexandre Cegarra

Alexandre CegarraCFA, CAIA, Managing Director Société Générale Private Wealth Management

Un socle obligataire nécessaire au bon équilibre d’un portefeuille

Même s’il paraît plus difficile aujourd’hui d’obtenir un rendement positif sur des actifs peu risqués, le marché continue d’offrir des opportunités. Sur la partie obligatoire, selon le Managing Director de Société Générale Private Wealth Management, il y a un intérêt à considérer les obligations indexées à l’inflation d’une part et les obligations vertes d’autre part. «S’il n’y a pas de perspectives d’inflation à court terme, avec des taux bas et même négatifs, les obligations indexées sont abordables et constituent une solution intéressante pour sécuriser son patrimoine face à une hausse de l’inflation envisageable à plus long terme», précise Alexandre Cegarra. «Les Green Bonds constituent également un segment du marché obligataire intéressant. D’une part, ils permettent d’intensifier l’impact positif des investissements effectués pour le compte de nos clients. D’autre part, leur acquisition est aujourd’hui le plus souvent associée à une prime, avec un effet positif sur le rendement. Enfin, à nos yeux, ces actifs offrent un profil de risque faible et ainsi une meilleure visibilité sur les performances anticipées.»

Du rendement dans des actions de qualité

Pour bénéficier d’un rendement supérieur, le client et son gestionnaire devront toutefois envisager de se tourner vers le marché des actions. «De manière structurelle, la classe ‘actions’ profite d’un environnement de taux bas», confirme Alexandre Cegarra. «Dans une logique d’épargne, afin de maintenir une performance raisonnable dans un contexte qui évolue, il faut toutefois privilégier des actions de qualité. Dans cette optique, nous regardons les sociétés dont le business model est solide, en croissance durable, avec une forte visibilité à long terme. Nous cherchons des acteurs dont l’activité est peu cyclique pour constituer des portefeuilles résilients dans un environnement plus incertain. On peut de cette manière s’assurer de bénéficier d’un dividende régulier, assurant un rendement et de nouvelles liquidités pour nos clients.»

La prise en compte des données extrafinancières que sont notamment les critères ESG fait partie intégrante du processus d’analyse et de sélection.
Alexandre Cegarra

Alexandre CegarraCFA, CAIA, Managing Director Société Générale Private Wealth Management

Chercher la visibilité à travers les critères ESG

La prise en compte des données extrafinancières que sont notamment les critères ESG fait partie intégrante du processus d’analyse et de sélection. «En intégrant ces éléments dans notre processus d’évaluation, nous améliorons notre visibilité à long terme et nous minimisons les risques de réalisation de risques extrêmes au sein de nos portefeuilles», assure Alexandre Cegarra. «Nous constatons en effet que les acteurs qui investissent dans le bien-être et la montée en compétences de leurs salariés via des politiques RH ambitieuses bénéficient d’une productivité améliorée et d’une diminution des taux d’absentéisme. De la même manière, considérer les critères de gouvernance permet de favoriser une gestion saine et durable de l’entreprise ou encore de se prémunir des risques de réputation qui peuvent, s’ils se réalisent, avoir des conséquences négatives sur les performances.»

Qualité et responsabilité au cœur de l’approche

La prise en considération des critères ESG vient donc renforcer l’approche qualité liée à la nécessaire diversification du portefeuille. «Ils nous permettent de renforcer la qualité de nos analyses et de continuer à donner toujours plus de sens à nos investissements», conclut Alexandre Cegarra. «Ces opportunités s’inscrivent aujourd’hui dans une approche de gestion patrimoniale responsable.»