Taux d’intérêt bas et garantie en capital ne s’accordent malheureusement pas bien et cela constitue un défi pour les assureurs. La diversification vers des unités de compte plus sophistiquées et l’avènement de la finance durable sont des sources d’opportunités pour les épargnants souhaitant bénéficier de rendement attractif tout en donnant du sens à leurs investissements.

Les crises de ces dernières années et désormais la situation de blocage d’une partie de l’économie en lien avec la pandémie de Covid-19 ont eu pour conséquence un interventionnisme accru des Banques Centrales. Celles-ci, via des taux directeurs nuls, voire négatifs, et la mise en œuvre de mesures non conventionnelles (rachats d’actifs et mesures de liquidité à destination des banques commerciales) sont parvenues à stabiliser le système financier. Hélas, ces actions n’ont toujours pas permis de raviver l’inflation vers l’objectif affiché de 2% tant les phénomènes annexes (démographie, globalisation, digitalisation…) pèsent sur l’atteinte de cette cible.

La baisse continue des taux sans risques qui en résulte diminue la capacité des assureurs-vie de continuer à rémunérer l’épargne de leurs clients tout en assurant la garantie du capital. L’assurance n’en est pas moins avantageuse et les épargnants doivent à l’avenir accepter davantage de risques s’ils souhaitent obtenir des rendements attractifs.

Lorsqu’il s’agit d’investissement, la diversification est clef.
François Lucchini

François LucchiniChief Investment OfficerCardif Lux Vie

Comme toujours lorsqu’il s’agit d’investissement, la diversification est clef et il faudra panacher les prises de position sur les actifs généraux avec des produits alternatifs plus en phase avec la situation actuelle: actifs risqués cotés liquides (actions, High Yield, obligations en devises étrangères…) ou non cotés beaucoup moins liquides (Immobilier, Private Equity, Infrastructures, Loans…).

En tant qu’investisseurs institutionnels, les assureurs ont mis en œuvre depuis de nombreuses années ces poches de diversification au sein de leurs Fonds Généraux, partant d’allocations obligataires quasi exclusivement étatiques il y a 15 ans à des portefeuilles désormais bien plus orientés vers les titres de crédit de qualité. Par ailleurs, ils ont renforcé leur exposition vers les actifs non cotés et ont maintenu des parts actions entre 5 et 10%. Toutefois, la mise en place de «Solvency II» ne permet pas de réduire drastiquement la part des actifs obligataires bien notés, du fait de l’augmentation du besoin en capital que requièrent les expositions en actifs risqués.

Au-delà de cette contrainte prudentielle, les assureurs, comme l’ensemble de l’industrie financière, doivent également prendre en compte les critères «ESG» (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) dans leurs choix d’investissements, ceux-ci se déclinant sur toutes les classes d’actifs. Depuis la tenue de la COP21 et les accords sur le climat, ce sont sans doute les critères environnementaux qui sont les plus évoqués. La mise en place de réglementations toujours plus contraignantes (objectifs de neutralité carbone) ainsi que la prise de conscience de l’ensemble des parties prenantes de l’urgence climatique ont pour conséquence la multiplication de produits et de stratégies basés sur l’accompagnement des entreprises cotées dans la transition énergétique et la diminution de leur empreinte carbone. À ce titre, l’Union européenne prend des positions fermes pour permettre aux gestionnaires d’actifs d’opérer des investissements pertinents sur ces critères et d’éviter le «Green Washing».

Le rendement à brève échéance ne sera plus le seul objectif et l’épargnant devra accepter une moindre liquidité et s’engager sur la durée avec des acteurs solides.
François Lucchini

François LucchiniChief Investment OfficerCardif Lux Vie

Au sein de la gestion du Fonds Général de Cardif Lux Vie, à l’instar de l’ensemble de BNP Paribas Cardif, nous utilisons depuis plus de 10 ans les critères ESG dans la sélection de nos titres vifs (actions, obligations) via une approche «Best in Class». Sur les actifs non cotés, nous sommes également vigilants pour que les meilleures pratiques s’appliquent au sein des sociétés de gestion sélectionnées.

Finalement, on peut estimer que le niveau bas des taux et l’orientation des investissements vers davantage d’unités de compte plus sophistiquées ainsi que cette approche plus durable de la finance devraient permettre de favoriser les investissements de long terme à impact positif (transition énergétique, économie circulaire, reforestation, préservation des océans, développement des économies des pays en voie de développement…). Le rendement à brève échéance ne sera plus le seul objectif et l’épargnant devra accepter une moindre liquidité et s’engager sur la durée avec des acteurs solides, adoptant le critère de durabilité de leurs investissements comme clef de voûte de leur gestion d’actifs.

Enfin, dans cet univers où les unités de compte seront plus présentes, «le rôle du Conseiller va être primordial dans le choix des solutions ainsi que dans l’élaboration du profil d’investissement, qu’il s’agisse de solutions d’assurance épargne retraite, épargne investissement ou de capitalisation. Derniers points, et non des moindres, auxquels les assureurs doivent être vigilants, c’est l’accessibilité des produits au plus grand nombre, la digitalisation et la transparence de l’offre», ajoute Laurence Nicolet, Responsable Sales Marché Local de Cardif Lux Vie.