Le gouvernement se fait discret cette semaine, un mois après un discours sur l’état de la Nation axé sur son action contre le Covid-19. (Photo: Matic Zorman / Archives Maison Moderne)

Le gouvernement se fait discret cette semaine, un mois après un discours sur l’état de la Nation axé sur son action contre le Covid-19. (Photo: Matic Zorman / Archives Maison Moderne)

Le gouvernement ne se réunira pas ce mercredi, éloignant la perspective de nouvelles mesures restrictives, tandis que l’opposition fulmine contre la gestion de la deuxième vague de Covid-19.

Serait-ce le congé de la Toussaint ou une de ces phases de flottement où la boussole hésite entre deux directions? L’annulation du conseil de gouvernement prévu ce mercredi, d’après les informations du Quotidien et de RTL, jette en tout cas un froid alors que le Premier ministre (DP) prévoyait dimanche un «moment de vérité» cette semaine, sur la nécessité ou non de , après le instauré le 29 octobre. Il se pourrait même que le gouvernement ne se réunisse pas non plus vendredi.

Certes, le gouvernement n’est pas pour autant aux abonnés absents puisque la ministre de la Santé (LSAP) s’est exprimée mardi sur les ondes de RTL, indiquant que la situation sanitaire au Grand-Duché était «moins grave» que dans les autres pays tout en restant «très tendue». La Direction de la santé a enregistré 533 nouvelles infections pour la journée de lundi et le cap des 200 hospitalisations a été franchi. Soit un timide ralentissement de la hausse des infections.

La ministre a souligné que le Grand-Duché ne se contenterait pas d’«imiter aveuglément ce que les autres pays décident», à savoir un reconfinement comme en France et en Belgique, l’Allemagne ayant pris des mesures un peu moins restrictives.

Le gouvernement a également communiqué à la presse une mise au point concernant l’application des restrictions dans le domaine de la chasse en battue, rappelant l’interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes et l’obligation de prévoir distance physique et places assises. Les repas de chasse doivent être organisés par un restaurateur dans le respect des règles en vigueur (4 par table maximum, distance entre les tables, etc.).

Efficacité ou «coup d’État»?

La pause apparente adoptée par le gouvernement décuple la rage de l’opposition après les propos de M. Bettel sur 100,7 dimanche, lequel estimait que l’état de crise pourrait être réintroduit si la Chambre des députés n’était pas en mesure d’adopter en trois jours les amendements soumis par le gouvernement à la loi Covid. Six jours s’étaient passés entre l’annonce du couvre-feu et sa publication au Mémorial.

«Le gouvernement prépare-t-il un coup d’État?», interprète le CSV dans un communiqué au vitriol mardi, accusant le Premier ministre de «déshabiller les institutions démocratiques pas à pas». Et de rappeler que M. Bettel a court-circuité la Chambre et le Conseil d’État pour faire passer la réforme de la Cour grand-ducale avec la création d’une Maison du Grand-Duc décidée par arrêté grand-ducal. Le CSV remonte plus loin avec le «bâillonnage» de l’Église – alors même qu’il avait donné son accord pour que la question soit retirée du référendum.

Déi Lénk se dit également «alarmé» devant «ce qui se rapproche beaucoup d’une pression sur le Parlement». Certes, «des mesures doivent être prises à très court terme au regard des chiffres d’infection en hausse» et «Déi Lénk sont prêts à collaborer à des lois constructives et nécessaires, et ce dans un délai très restreint». Mais la faute en revient au gouvernement, dont les projets de loi «se font attendre et sont en sus souvent mal formulés, ce qui rallonge le processus législatif».

Les deux partis d’opposition dénoncent surtout l’erreur d’appréciation du gouvernement, coupable d’inaction pendant l’été. «Il devait préparer les mesures afin d’anticiper la deuxième vague de Covid», mais n’a «rien» fait, tempête le CSV, évoquant l’«irresponsabilité» de la coalition DP-LSAP-Déi Gréng. «Une deuxième déclaration de l’état de crise serait une déclaration de faillite de la politique gouvernementale», approuvent Déi Lénk, qui «se dressent avec véhémence contre un deuxième état de crise qui suspendrait à nouveau les processus démocratiques».