Une majorité de législateurs luxembourgeois ont rejeté jeudi un embargo sur le carburant russe. (Photo: Chambre des Députés)

Une majorité de législateurs luxembourgeois ont rejeté jeudi un embargo sur le carburant russe. (Photo: Chambre des Députés)

Une majorité de députés luxembourgeois ont rejeté jeudi les appels à un embargo immédiat sur le charbon, le gaz et le pétrole russes, après que le Premier ministre Xavier Bettel (DP) a déclaré qu’il devrait y avoir une marge de négociation au niveau de l’UE.

L’opposition chrétienne-démocrate CSV avait soumis au vote une motion qui demandait des livraisons d’armes à l’Ukraine, un soutien à l’adhésion de l’Ukraine à l’UE, des corridors humanitaires et des enquêtes sur les crimes de guerre, mais aussi un embargo énergétique immédiat.

«Nous sommes confrontés quotidiennement à une guerre qui fait des morts, qui fait souffrir, où des viols se produisent, où les gens fuient s’ils en ont la possibilité, où on leur prend tout», a ainsi justifié  (CSV) en présentant le document.

«Nous sommes convaincus que si Poutine gagne cette guerre en Ukraine, il ne s’arrêtera pas», a-t-il ajouté, précisant que les Ukrainiens mettent leur vie en jeu pour l’Occident. «Ils font la guerre pour nous.»

Début avril, les membres du Parlement européen ont voté à une écrasante majorité en faveur d’un embargo , après que l’UE a précédemment décidé d’arrêter les importations de charbon. Les députés luxembourgeois de tous les partis représentés – CSV, DP, déi Gréng et LSAP – ont soutenu la résolution.

Au Luxembourg, les partis majoritaires (DP, déi Gréng et LSAP) ont rejeté le document pour des raisons techniques.

D’accord pour ne pas être d’accord

«Nous devrions tous convenir que le contenu de cette motion est important», a déclaré (LSAP). «Nous devons isoler la Russie politiquement et économiquement. L’Ukraine et le peuple ukrainien méritent tout notre soutien.»

Cependant, il a insisté sur le fait que la motion obligerait les ministres luxembourgeois négociant à Bruxelles à se tenir à une position ferme, qui se retrouveraient alors dans l’impossibilité de trouver un compromis entre les pays membres.

Yves Cruchten fait ainsi écho aux remarques du Premier ministre (DP), qui a affirmé que le Luxembourg, en tant qu’importateur d’énergie d’autres pays de l’UE, devrait se coordonner avec ses partenaires et que différentes options étaient sur la table. La Belgique, par exemple, a proposé un plafond de dépenses pour le gaz russe dans une phase de transition.

Soutenir un embargo complet sans donner aux pays dépendants le temps et la possibilité de chercher des alternatives pourrait semer la discorde dans l’UE, a-t-il ajouté.

, du Piratepartei, qui a soutenu la motion, a déclaré que le document n’était pas «un mandat impératif», mais qu’il permettrait au Luxembourg de se présenter avec une position forte à Bruxelles et de soutenir les autres pays membres qui sont en faveur d’un embargo. Rien dans le document n’empêcherait le gouvernement de trouver un autre compromis si c’était la meilleure façon d’avancer pour le bloc des 27 pays, a-t-il ajouté.

Importations d’énergie

L’UE a importé de l’énergie de Russie pour une valeur d’environ 100 milliards d’euros en 2021. Dans le cadre du programme REPowerEU, l’Union s’est engagée à abandonner les combustibles fossiles russes d’ici à 2030. En avril, en réaction à la guerre en Ukraine, les États baltes ont déclaré qu’ils avaient cessé d’importer du gaz de Russie.

Le fournisseur pour défaut de paiement en roubles. À la suite des sanctions de l’UE contre la Russie, le pays a exigé d’être payé dans sa monnaie nationale, même si cela viole les contrats existants. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a qualifié cette décision d’«inacceptable», mais a déclaré que l’UE mettrait en œuvre une réponse «immédiate, unie et coordonnée».


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Un débat sur le libellé de la motion, jeudi après-midi, n’a mené nulle part, les orateurs tournant en rond pour savoir si le document empêcherait ou non le Luxembourg de soutenir le compromis européen. Soumise au vote, elle a reçu le soutien du CSV et du Piratepartei, mais a été rejetée par tous les autres groupes du Parlement.

Le parti de gauche déi Lénk a déclaré qu’il ne pouvait pas soutenir la livraison d’armes à l’Ukraine au risque de voir la guerre s’intensifier et se prolonger. Le parti de droite ADR a quant à lui mis en garde contre une récession consécutive à un embargo énergétique et a également soulevé des questions sur l’avenir de l’Ukraine dans l’UE.

«La Russie n’est pas une démocratie», a déclaré (ADR). «Mais l’Ukraine n’est pas non plus une démocratie», a-t-il ajouté. «Ils ne se battent pas nécessairement pour nos valeurs.»

Cet article a été rédigé par  en anglais, traduit et édité par Paperjam en français.