Pour compenser un éventuel embargo sur le pétrole russe, les États-Unis envisagent de s’approvisionner en pétrole au Venezuela ou en Iran. (Photo: Shutterstock)

Pour compenser un éventuel embargo sur le pétrole russe, les États-Unis envisagent de s’approvisionner en pétrole au Venezuela ou en Iran. (Photo: Shutterstock)

Face à de possibles crimes de guerre commis par l’armée russe en Ukraine, Washington envisage un embargo sur les importations de pétrole russe. La nouvelle a enflammé le prix du baril, causé un recul des bourses mondiales et renforcé la crainte d’une haute volatilité. 

Lundi matin, la référence européenne du pétrole, le baril de brent, a grimpé à 139,13 dollars, prenant 17,8%. Du côté américain, le WTI a progressé de 12,81%. Les prix atteints constituent un pic historique depuis 2008. Cette hausse significative du prix de l’or noir s’inscrit dans la perspective de la possibilité d’un embargo mis en place par les États-Unis sur les exportations russes de pétrole.

De peur d’un impact massif sur les consommateurs, Washington s’était jusqu’à présent résigné à ne pas envisager pareille mesure de rétorsion économique à l’encontre de la Russie. La situation sur place, la crise humanitaire et les accusations de crimes de guerre alléguées contre la Russie ont finalement amené l’administration Biden à mettre le sujet de l’embargo sur la table.

Avec plusieurs pays occidentaux qui ont demandé à la Cour pénale internationale d’ouvrir une enquête sur de possibles crimes de guerre sur le sol ukrainien, cette dernière a débuté ses procédures d’enquête ce lundi matin. Un dossier que les États-Unis vont suivre de près, tout en collectant leurs propres informations.

Allant encore plus loin, le département d’État américain aurait déjà entrepris des discussions pour de nouvelles mesures communes avec l’Union européenne.

La crainte d’une volatilité des cours

L’annonce d’un éventuel embargo sur le pétrole russe s’est immédiatement fait ressentir sur les places boursières mondiales. Ce sont d’abord les bourses asiatiques qui ont accusé le coup. L’indice Hang Seng, à Hong Kong, qui a chuté de 5% au cours de ses premiers échanges, enregistre sa pire chute en l’espace de sept mois. Au Japon, le Nikkei 225 a reculé de 3,6%. Le Kospi, en Corée du Sud, a baissé de 2,5%.

Emboîtant le pas aux marchés asiatiques des actions, les bourses européennes ont débuté leurs séances en forte baisse. Le CAC 40 dévissait de 4,94%, le DAX à Francfort s’enfonçait de 4,18%, le FTSE à Londres de 1,85% et le BEL 20 à Bruxelles de 3,5%.

Outre-Atlantique, le Dow Jones a reculé de 1,3%, le S&P 500 de 1,6% et le Nasdaq de 2%.

Suivant la tendance des marchés boursiers mondiaux, le CBOE Volatility Index (VIX), considéré comme l’indice de la peur, a grimpé de 4,93% ce matin, faisant craindre une hausse de la volatilité des cours.

Le recul des marchés des actions et la crainte d’une haute volatilité ne sont pas choses nouvelles au cours du conflit ukrainien. Quatre jours après le début des combats en Ukraine, le 28 février dernier, William de Vijlder, group chief economist chez BNP Paribas, déclarait que «la recherche montre toutefois que l’effet d’une baisse sévère des cours des actions sur l’économie réelle est assez faible».

27% d’importations de pétrole russe

William de Vijlder jugeait par contre que «les prix des matières premières constituent un canal de transmission crucial, en particulier ceux du pétrole et du gaz puisque la Russie couvre 27% des importations pétrolières de l’UE et 38% des besoins en gaz».

Comme le rappellent les analystes de Schroders, «la Russie exporte en effet 5,5 millions de barils de pétrole brut par jour, dont 3,5 millions sont destinés à l’Europe». Par ailleurs «environ 1,2 million de barils de produits pétroliers raffinés sont en outre exportés vers l’Europe».

En cas de prolongation des sanctions, les importations européennes de pétrole pourraient donc se déplacer vers d’autres pays. «Mais il existait déjà un déficit sur le marché pétrolier et cela pourrait s’accroître sensiblement en 2022», note Schroders.

La capacité de réserve des pays de l’OPEP restant limitée, l’Occident pourrait bien être contraint de renouer le contact avec des pays avec qui les relations diplomatiques étaient pourtant devenues difficiles. Les États-Unis ont par exemple déjà annoncé entreprendre des discussions avec le régime vénézuélien de Maduro en vue de trouver des sources alternatives de pétrole. L’Iran pourrait aussi constituer une option. Des négociations sont en cours autour de l’accord nucléaire avec l’Iran. En cas d’issue positive, l’Iran pourrait à nouveau exporter du pétrole sur le marché international.