Le président de la BEI, Werner Hoyer, a annoncé une enveloppe de 700 millions d’euros débloqués dans l’urgence au bénéfice du gouvernement ukrainien. (Photo: Shutterstock)

Le président de la BEI, Werner Hoyer, a annoncé une enveloppe de 700 millions d’euros débloqués dans l’urgence au bénéfice du gouvernement ukrainien. (Photo: Shutterstock)

Largement active en Ukraine depuis 2007, la Banque européenne d’investissement (BEI) prépare en ce moment une enveloppe d’urgence en soutien au gouvernement ukrainien, en réponse à l’invasion russe. Proactivement, la BEI met également sur pied une stratégie d’investissement intraeuropéenne pour compenser les efforts des banques centrales.

Au lendemain de l’annonce de l’invasion russe de l’Ukraine, la Banque européenne d’investissement (BEI) avait laissé entendre qu’elle pourrait venir en aide financièrement aux Ukrainiens. «Nous sommes prêts à mobiliser d’urgence un soutien financier supplémentaire en faveur du pays dans le cadre de la réponse coordonnée de l’UE», déclarait alors , le président de la BEI.

Aussitôt dit, aussitôt fait… Ou du moins, en cours de décision. Ce mercredi, devant le Conseil européen des affaires économiques et financières (Ecofin), Werner Hoyer s’est exprimé de la sorte: «Nous sommes très déterminés à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour soutenir l’Ukraine et démontrer la solidarité européenne avec le pays… et nous le ferons avec une enveloppe financière immédiate et importante.»

Nous sommes très déterminés à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour soutenir l’Ukraine et démontrer la solidarité européenne avec le pays… et nous le ferons avec une enveloppe financière immédiate et importante.
Werner Hoyer

Werner HoyerprésidentBanque européenne d’investissement (BEI)

Une enveloppe de 700 millions d’euros sera ainsi discutée ce vendredi par le comité de direction de la BEI. La somme devrait être disponible «en réorientant les lignes de crédit existantes», a déclaré Werner Hoyer, en ajoutant: «Une fois que nous aurons obtenu le feu vert final, attendu vendredi, nous pourrons commencer à débourser sans délai et, dans les trois jours, les autorités ukrainiennes commenceront à recevoir ces fonds sur leur compte bancaire – et ce, dans les conditions de guerre actuelles.»

Dans un second temps, 1,3 milliard

En discutant avec des professionnels en charge, nous comprenons que ce financement aura un objectif large et sera utilisé aux besoins les plus urgents, tel l’achat de nourriture et de matériel médical. Dans ces conditions, la banque ne perdra pas de temps à commander des expertises techniques et autres «due diligences» en tous genres, explique un observateur de l’affaire: «Il faut aller vite. L’urgence de la situation ne permet pas de suivre la procédure normale.»

À cela, le président de la BEI explique que la somme de 1,3 milliard d’euros initialement allouée à des projets d’infrastructures en Ukraine sera réaffectée «pour répondre aux besoins immédiats en matière d’investissement et de reconstruction». Ces fonds serviront à financer des projets relatifs aux transports, à l’énergie, au développement urbain et au numérique. «Cela peut être fait très rapidement, dès que les autorités ukrainiennes seront en mesure de signer les amendements aux contrats existants», note le président de la BEI. Cela dépendra toutefois de la direction que prendra la guerre dans les jours à venir, nous laissent entendre certaines sources.

Nous aiderons à reconstruire tout ce que l’armée russe démolira et à mettre en place les nouvelles infrastructures économiques et sociales nécessaires.
Werner Hoyer

Werner HoyerprésidentBanque européenne d’investissement (BEI)

Allant encore plus loin, le paquet financier de la BEI devrait également inclure des aides à moyen ou plus long terme: «Nous aiderons à reconstruire tout ce que l’armée russe démolira et à mettre en place les nouvelles infrastructures économiques et sociales nécessaires.» Les équipes seraient d’ailleurs déjà occupées à investiguer les besoins du gouvernement ukrainien à moyen terme afin d’étudier la façon la plus appropriée de rediriger des fonds déjà engagés sur d’autres projets.

Anticiper les conséquences de la guerre en Europe

Comme rapporté précédemment, la BEI s’est engagée sur un montant de dans des projets en Ukraine depuis 2007, notamment dans des infrastructures de transport et la reconstruction des régions touchées par la guerre de 2014. Pour autant, des sources proches de ces projets ne se montrent pas très optimistes quant à leur état à l’issue de la guerre.

Finalement, protéger les intérêts extérieurs de l’Union européenne ne constitue qu’une partie de la stratégie. En effet, le président de la BEI ne cache pas sa préoccupation face aux besoins intérieurs: «Nous sommes face à un double choc potentiel pour l’économie de l’UE. Un choc des prix de l’énergie et un choc d’incertitude massive, qui sera naturellement influencé par les retombées des sanctions.»

Nous sommes face à un double choc potentiel pour l’économie de l’UE. Un choc des prix de l’énergie et un choc d’incertitude massive, qui sera naturellement influencé par les retombées des sanctions.
Werner Hoyer

Werner HoyerprésidentBanque européenne d’investissement

Dans pareilles circonstances au sein de l’Union européenne, la BEI pointe un risque de divergences économiques entre les régions les plus touchées et celles qui le seront moins: «Une divergence que les banques centrales pourraient ne pas être en mesure d’amortir en raison du risque de hausse de l’inflation», souligne Werner Hoyer, lançant un appel en ce sens aux autres banques multilatérales et institutions financières internationales à se joindre à ces efforts. Une invitation qui arrive simultanément à l’annonce de du Pacte de stabilité, qui devait initialement s’éteindre en 2022.