Le directeur général de la CSSF, , a partagé un moment important avec les membres du Paperjam Club pour exposer les missions de l’institution et traiter des enjeux de la Place. Il a notamment expliqué préparer une circulaire pour adapter les règles en matière de télétravail des entités surveillées.

Télétravail, défis technologiques et climatiques… Invité du ce 10 juin, le directeur général de la CSSF, Claude Marx, a livré ses vues avec une certaine franchise sur les sujets qui font l’actualité aujourd’hui.

Contraint d’envoyer ses troupes travailler à domicile pour cause de crise sanitaire, le gendarme financier de la Place ne pouvait se permettre d’arrêter son contrôle, ne serait-ce qu’une seule journée. Son directeur estime que l’institution a transformé cette expérience avec succès.

«Nous avions décidé de mener un test de télétravail avec une équipe de 25 personnes», explique Claude Marx. «Par la force des choses, nous avons dû aller beaucoup plus vite, ce qui nous donne un retour énorme en matière de vécu sur seulement quelques semaines.»

Aujourd’hui, le retour au bureau se fait de manière très progressive. 12% du personnel ont réintégré leur poste et, à travers des retours hebdomadaires par équipes de 50 personnes, l’objectif est que 450 employés – la moitié du personnel – soient présents au siège de la CSSF à la fin du mois de juillet.

Je suis un adepte du télétravail, mais c’est quelque chose qui, dans une entreprise, doit s’organiser.
Claude Marx

Claude Marxdirecteur généralCSSF

Positif par rapport à l’expérience de télétravail, Claude Marx reste toutefois prudent quant à sa généralisation. «Je suis un adepte du télétravail, mais c’est quelque chose qui, dans une entreprise, doit s’organiser.»

Il annonce d’ailleurs, à ce sujet, que la CSSF prépare une circulaire pour formuler un ensemble de nouvelles recommandations concernant le télétravail pour les acteurs de la Place. «L’objet principal en sera le cadre sécurisé nécessaire pour le fonctionnement du secteur financier.» Elle devrait être envoyée aux entités surveillées dans les prochaines semaines.

Discret par obligations professionnelles, Claude Marx s’emballe lorsqu’il est question de faire la «promotion» de la finance durable, pour laquelle il demande que l’on agisse beaucoup plus vite. «Lorsque j’ai commencé à travailler, on débattait beaucoup de la diversité. Pourtant, si j’observe le profil des entités surveillées aujourd’hui, pas grand-chose n’a changé depuis. Si on bouge aussi peu pour la planète, elle va mourir», prévient-il.

On parle beaucoup et on avance très lentement.
Claude Marx

Claude Marxdirecteur généralCSSF

Bien sûr, il l’admet: des choses sont faites dans ce sens à Luxembourg, notamment via l’organisme de labellisation LuxFlag et le Luxembourg Green Exchange. «Mais on parle beaucoup et on avance très lentement», lance le directeur général de la CSSF. «Il y a un besoin d’actions concrètes rapidement.»

Il estime d’ailleurs que le Luxembourg, s’il voulait s’en donner les moyens, pourrait se positionner en acteur de premier plan et avancer plus vite que les objectifs de la Commission européenne. «Des objectifs pourtant déjà ambitieux.»

Autre point crucial: l’évolution technologique. Pour la CSSF et les acteurs de la finance de manière générale. Claude Marx n’imagine pas les banques disparaître au profit de nouveaux acteurs digitaux de la finance. Question de confiance dans l’institution. Mais il estime cependant qu’elles doivent évoluer. «Les banques ont encore des structures de coûts trop élevés et n’investissent pas suffisamment dans les technologies disponibles.»

La CSSF mène, de son côté, , un centre de recherche technologique liée à l’Université du Luxembourg, pour appliquer l’intelligence artificielle à l’analyse des prospectus dans le secteur des fonds d’investissement. À terme, l’expérience devrait pouvoir permettre une première lecture par ordinateur de ces nombreux documents répétitifs, mais qui exigent actuellement une importante intervention humaine.

Le monde financier doit donc s’emparer des technologies, ce que facilite le Luxembourg avec des institutions comme la Lhoft.
Claude Marx

Claude Marxdirecteur généralCSSF

«Le monde financier doit donc s’emparer des technologies, ce que facilite le Luxembourg avec des institutions comme la Lhoft», observe-t-il encore.

Partant de ces évolutions, Claude Marx imagine le futur de la place financière avec des banques qui se sont approprié ces technologies, qui ont réduit le personnel et les frais d’espaces de bureaux, et qui recourent davantage au télétravail. Des banques post-Covid?