Raymond Schadeck se félicite des relations entretenues avec les autorités, mais regrette que la question de la double imposition des tantièmes des administrateurs de la Place ne soit pas encore réglée. (Photo: Olivier Dessy /Archives Ila)

Raymond Schadeck se félicite des relations entretenues avec les autorités, mais regrette que la question de la double imposition des tantièmes des administrateurs de la Place ne soit pas encore réglée. (Photo: Olivier Dessy /Archives Ila)

Raymond Schadeck tire sa révérence ce mardi à la présidence de l’Institut luxembourgeois des administrateurs. Après deux mandats, il passera la main au terme de l’assemblée générale d’un organe devenu incontournable ces dernières années.

 évoque son bilan à la présidence de l’Institut luxembourgeois des administrateurs (Ila), qui tient son assemblée générale cet après-midi.  pour deux mandats consécutifs. Un maximum selon les statuts qui prévoient une rotation des cadres et donc des idées. Bonne gouvernance oblige.

Peut-on dire qu’en l’espace de quatre ans, la fonction d’administrateur a pris ses lettres de noblesse?

. – «Oui certainement! C’est devenu une vraie profession. De plus en plus de ‘jeunes’ qui affichent le début de la quarantaine, voire moins, décident d’en faire leur profession. Les chiffrent parlent d’ailleurs d’eux-mêmes puisqu’en quatre ans, les membres de l’Ila ont plus que doublé, passant de 762 fin 2014 à 1.627 fin 2018. Nous avons enregistré plus de 200 nouveaux membres depuis le début de l’année, soit plus de 1.800 maintenant.

J’ajoute que le conseil d’administration rempli trois fonctions principales: stratégique, de challenger/support de la direction et de contrôle. Dans un environnement qui évolue de plus en plus rapidement, les fonctions de challenger/support et la fonction stratégique prennent une autre dimension pour garantir une adaptation, voire une anticipation, de ces changements. C’est un rôle crucial pour assurer un avantage compétitif et parfois même la survie de la société.

Est-ce que la fonction s’est suffisamment adaptée aux changements qui, dans le même temps, ont influé sur la Place, tant d’un point de vue technologique que réglementaire?

«C’est le défi auquel chaque conseil doit s’adapter continuellement en ajustant la composition même du conseil pour qu’il puisse assumer son rôle de challenger et son rôle stratégique. Cette adaptation passe par l’arrivée autour de la table de nouvelles compétences qui concernent la technologie, la digitalisation, la cybersécurité, l’intelligence artificielle, les réseaux sociaux ou encore le développement durable.

Les conseils vont aussi devoir trouver les profils capables de comprendre l’évolution du monde du travail en fonction des nouvelles générations.

Que doit-on faire pour sensibiliser les jeunes à la fonction d’administrateur?

«Les nouvelles compétences que j’évoque sont souvent présentes chez des personnes relativement jeunes. Avec l’Ila, nous avons entamé depuis quelques années des actions de sensibilisation et de formation sur les nouvelles compétences requises par les administrateurs auprès du jeune public. Nous voulions leur montrer que ces compétences sont requises au sein d’organes qui ont une prise directe sur la stratégie de la société. Avec pour objectif de les convaincre à jouer leur rôle au sein des CA.

C’est la raison pour laquelle nous avons lancé, en partenariat avec Insead, un programme de formation d’une semaine au Luxembourg qui se déroulera d’ailleurs la semaine prochaine. Nous affichons complet, preuve que nous répondons à une demande ou un attrait.

Une de vos priorités de président était aussi d’orienter l’Ila vers le secteur non financier, un travail accompli?

«En partie. Nous sommes sur la bonne voie, notamment grâce à notre offre – conférences, formation, ‘best practices’, etc. – qui a été étendue et adaptée pour convaincre de plus en plus de PME à devenir membres. Je note avec intérêt que le mouvement se produit et que de plus en plus de PME ont intégré ou cherchent à intégrer des administrateurs indépendants dans leur CA.

L’Ila trouve-t-il l’oreille du gouvernement en matière d’avis sur des questions ou projets législatifs?

«Nous gardons un contact régulier avec les autorités, qu’il s’agisse du gouvernement et/ou des régulateurs sur des sujets-clés. Je suis très satisfait de voir qu’ils nous reconnaissent désormais comme acteur ‘incontournable’, notamment en matière de gouvernance. Je note toutefois qu’il reste .

Ces tantièmes font actuellement l’objet d’une double imposition, du côté de l’institution qui paie ses impôts – et pour certains acteurs une TVA qui n’est pas récupérable – et du côté de l’administrateur qui paie aussi ses impôts. C’est un sujet de préoccupation dans la mesure même où il nous empêche de plus en plus de recruter des administrateurs pour les conseils des acteurs de la place financière.

Nous avons aussi créé des liens très étroits avec les autres acteurs-clés de l’économie comme la Chambre de commerce, la Fedil, l’ABBL, l’Alfi, l’Aca… Au niveau européen, notre représentation au CA de l’Ecoda (organisation européenne des instituts nationaux) nous permet de participer activement aux efforts d’influence des régulateurs européens en matière de gouvernance.

 Quel conseil donneriez-vous à votre successeur?

«Je n’ai pas l’habitude d’exprimer des conseils à mes successeurs… Au contraire, je crois que la gouvernance interne de l’Ila, qui implique un changement de présidence au moins tous les 4 ans, nous permet d’introduire du ‘sang neuf’ régulièrement et donc des idées nouvelles.

Nous nous donnons donc les moyens de nous remettre en question. Tout en basant nos actions et initiatives sur une équipe d’employé(e)s en place, dévouée à un service de très haute qualité pour nos membres.»