Dans le traditionnel tour des stands, le Premier ministre s’est prêté à l’hologramme nouvelle génération montré par Orange Luxembourg. Un clone augmenté qui a laissé Xavier Bettel vaguement inquiet de ce que son image allait devenir. (Photo: Paperjam)

Dans le traditionnel tour des stands, le Premier ministre s’est prêté à l’hologramme nouvelle génération montré par Orange Luxembourg. Un clone augmenté qui a laissé Xavier Bettel vaguement inquiet de ce que son image allait devenir. (Photo: Paperjam)

Le Premier ministre Xavier Bettel a présenté, mardi matin, à l’ouverture de la conférence «Connecting Tomorrow» à Luxexpo, sa stratégie pour démocratiser une connectivité de haute qualité d’ici 2025. La panne de Facebook tombait à pic.

Il a été à deux doigts d’appeler l’armée. Lundi soir,  liée à une mauvaise configuration des serveurs du groupe Facebook a privé les utilisateurs de Facebook, d’Instagram et de Whatsapp, leurs «lieux» de divertissement préférés… Presque un drame international. Mardi matin, à l’ouverture de , qui dépend du ministère d’État, le Premier ministre  (DP) s’en amuse avec une pointe d’ironie.

«Hier soir, les parents ont dû rassurer leurs enfants: Facebook va revenir, Instagram va fonctionner à nouveau, Whatsapp sera bientôt de retour», explique le chef du gouvernement, en partance pour la Slovénie pour évoquer les problèmes d’Europe centrale.

Cinq objectifs, des mesures additionnelles

À l’heure où il présente sa nouvelle stratégie sur l’ultra-haut débit pour 2021-2025, sobrement intitulée «High performance connectivity for all», la panne tombe à pic. Si le ministre des Médias et des Communications salue, une nouvelle fois, la vision de  (CSV), à qui le Luxembourg doit de posséder aujourd’hui une infrastructure de premier plan, des fossés se creusent entre ceux qui ont une connectivité parfaite et ceux qui en sont encore largement privés. «Pour moi, ce n’est pas une question de technologie, mais une question sociale», assure le Premier ministre, en paraphrasant son introduction des 24 pages sur papier (recyclable) de sa stratégie.

Déployer une infrastructure est un exercice très coûteux pour les opérateurs de télécommunications, et relier les consommateurs «oubliés» est l’activité la plus onéreuse.

«L’accélération et l’omniprésence de la digitalisation rendent la couverture à large bande indispensable à notre vie de tous les jours: travail à distance, école à la maison, contacts sociaux, accès aux médias et à l’information, culture, services de santé, shopping et divertissement. Nous l’avons tous vu pendant le confinement», assure-t-il.

La stratégie s’est imposé cinq objectifs: fournir de la connectivité à tous, quelle que soit la situation financière de l’utilisateur final; accélérer la transition vers des technologies plus efficaces et plus durables – 40% des ménages n’ont pas accès à internet ou ont une connexion de qualité médiocre –; accélérer le déploiement d’une infrastructure tournée vers le futur et qui respecte la neutralité technologique; augmenter la transparence; et enfin, renforcer la protection du consommateur et positionner le Luxembourg comme une zone de lancement idéale des fournisseurs de services dans l’ICT d’aujourd’hui et de demain.

À chaque fois, les objectifs sont accompagnés de certaines mesures, toutes qualifiées d’«additionnelles». Des mesures ciblées supplémentaires devront être mises en œuvre pour que chaque ménage ait accès à une bonne connectivité. Des mesures nouvelles devront être imaginées pour câbler les lieux de vie selon leurs spécificités. Du soutien public, national et européen devra accompagner la transition technologique vers les «very high capacity networks» (VHCN). Une réglementation compréhensive devra veiller à ce que les consommateurs deviennent des consommateurs éclairés face aux fournisseurs de connectivité, comme aux fournisseurs de services. Enfin, le marché sera monitoré pour veiller au minimum au maintien de sa compétitivité.

Cette nouvelle stratégie s’ajoute à celles sur la cybersécurité, sur la cyberdéfense, sur l’intelligence artificielle, sur l’économie guidée par la donnée, sur l’économie digitale et soutenable et à celle sur l’e-governance. Toutes, d’une manière ou d’une autre, sous le contrôle du Premier ministre, comme il l’a rappelé mardi matin en évoquant son approche verticale partagée par l’Allemagne d’Angela Merkel.

«Aujourd’hui, internet, c’est comme l’électricité», avait assuré avec pertinence le maître de cérémonie, Peter Poehle, à l’entame de la conférence. Et personne, aujourd’hui, ne voudrait vivre sans électricité.