À partir de l’aéroponie, des technologies développées par la Nasa dans les années 1960, un ingénieur en robotique veut produire des fruits et légumes dans des fermes verticales depuis l’espace. Il est un des cinq lauréats de Fit4Start. (Photo: Shutterstock)

À partir de l’aéroponie, des technologies développées par la Nasa dans les années 1960, un ingénieur en robotique veut produire des fruits et légumes dans des fermes verticales depuis l’espace. Il est un des cinq lauréats de Fit4Start. (Photo: Shutterstock)

Pour la première fois de sa courte histoire, Fit4Start a retenu cinq start-up de l’espace à un stade très précoce de développement. Une autre manière de montrer comment le Luxembourg entend développer son écosystème spatial.

La conquête du Far West n’avait qu’un but: l’or. La conquête du Far West spatial a du mal à se fixer sur un «métal». Ressources de l’espace, observation de la Terre, carburants de l’espace, fabrication dans l’espace, les entrepreneurs et les investisseurs se jettent à corps (et parfois argent) perdu dans des projets très différents.

La première promotion de l’espace au sein du programme d’accélération de Luxinnovation est un bon indicateur de la volonté du ministre de l’Espace, . Quel écosystème veut-on mettre en place à partir des nouvelles sociétés?

Jeudi soir, au Kinepolis, le Fit4Start a retenu cinq «pionniers», pour la plupart des concepts, qui ont trois mois pour créer leur société au Luxembourg afin d’accéder aux 50.000 euros du programme plus l’accompagnement et de pouvoir prétendre, en fin de parcours, à en recevoir 100.000 autres, à condition de lever 50.000 euros auprès d’investisseurs privés.

Luxinnovation avait reçu 28 dossiers et en avait retenu 13 pour le jury, composé de Patricia Conti (Luxembourg Space Agency), Diego De Biasio (CEO Technoport), Andy Bowyer (Kleos Space), Gareth Keane (Promus Ventures) et Jason Maroothynaden (ESA/investissements).

Le Luxembourg, terre d’expertise

Premier enseignement: si le Luxembourg n’a pas tout à fait peur que la place financière disparaisse, c’est parce que les expertises qui y sont réunies vont bien au-delà de la réduction de la facture fiscale qu’on veut bien y voir à l’étranger.

Retenir RespectUs relève de cette même logique d’expertise. Dans un marché de l’espace qui se globalise sur fond de compétitions «nationalisées» (ramenées à un niveau national), entre des Américains qui surveillent les Chinois qui surveillent les Indiens, qui regardent les Russes, etc., l’ambition de Patrick Goergen est de lancer une plate-forme qui s’affranchisse des barrières nationales stratégiques.

L’homme n’en est pas à son coup d’essai: son nouveau projet est la transposition à l’espace de la plate-forme qu’il a créée pour des activités maritimes, par exemple, .

Le Luxembourg, terre d’environnement

La déclaration sur l’état de la Nation, par le Premier ministre, , a porté, pour un gros tiers, sur l’environnement; il était normal qu’un «tiers» des start-up retenues soient en relation avec ces problématiques.

La première start-up, 3Dfarms, veut combiner , la culture aéroponique (qui se passe de terre et de beaucoup d’eau) et la robotisation pour produire de quoi nourrir 10 milliards d’êtres humains pour 50 fois moins cher et en étant deux fois plus productif.

Dans son dossier de candidature, Luka Eerens, ingénieur en robotique, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Son projet, affirme-t-il, aura des impacts sur le coût de l’immobilier industriel, sur la diversification de l’économie luxembourgeoise, sur la logistique, sur la santé et sur la R&D dans l’espace.

La seconde, Weo, s’inscrit dans la veine du Data Lake luxembourgeois. Depuis quelques mois, le Luxembourg veut se positionner comme fournisseur de données spatiales à l’intention des chercheurs et de sociétés. Weo entend combiner intelligence artificielle et observation de la Terre depuis l’espace, par satellite, pour offrir une plate-forme d’informations précieuse dans l’utilisation d’une ressource de plus en plus rare: l’eau.

La porteuse de projet, Imeshi Weerasinghe, ingénieur en ressources d’eau,  et fait entrer ses études dans l’univers de l’entrepreneuriat, toujours une bonne nouvelle.

Le Luxembourg, terre d’invisible

Le dernier axe s’illustre par le choix de deux start-up aux ambitions diamétralement opposées: la première, Ilumbra, veut permettre de «regarder» la galaxie en 3D, alors que cela nous apparaît toujours comme plat et difficile à comprendre; la seconde, GlobeEye, veut utiliser le deep learning et l’intelligence artificielle pour détecter, dans les données, ce qu’on ne peut pas y voir directement.

Là encore, après un premier essai avec l’exploration des ressources de l’espace, le jury donne une clé de compréhension des développements. Les premiers revenus générés grâce à l’espace, en dehors des communications, viendront de l’observation de la Terre. Ce n’est qu’ensuite qu’on pourra imaginer les étapes suivantes.