Luc Frieden, président du conseil d’administration de la Bil, insiste sur son rôle de coach. (Photo: Matic Zorman/archives)

Luc Frieden, président du conseil d’administration de la Bil, insiste sur son rôle de coach. (Photo: Matic Zorman/archives)

Au cours d’un débat virtuel entre Luc Frieden et Carine Feipel, l’Ila a posé les bases du rôle des conseils d’administration dans le contexte de la crise actuelle. La recette: soutenir plus qu’avant, mais respecter les frontières.

Une crise telle que celle que nous vivons pose forcément des questions sur le fonctionnement des entreprises. La machine a dû s’adapter pour fonctionner différemment, souvent à distance, et le management a le nez dans le guidon pour maintenir l’équipage et le navire à flot.

Quelle place, dans ce contexte, doit être réservée au conseil d’administration? Pour y réfléchir, l’Institut luxembourgeois des administrateurs (Ila) a organisé ce 15 avril un webinaire entre , président du conseil d’administration de la Bil et de la Chambre de commerce du Luxembourg, et , avocate et présidente de l’Ila.

«Fondamentalement, le rôle du conseil d’administration ne change pas», estime Luc Frieden. «Il est toujours là pour envisager la stratégie à long terme pendant que le management gère les affaires au quotidien.»

Mais la crise sanitaire et économique a quand même modifié la pratique. Des priorités se sont ajoutées. «Le management est là pour gérer la situation, mais en tant que président d’un groupe comme la Bil, où les décisions sont prises à Luxembourg et pas dans une maison mère à l’étranger, mon objectif est de faire en sorte que le plan de continuité de l’entreprise fonctionne, que le personnel soit bien protégé et que l’impact financier soit sous contrôle», insiste Luc Frieden. Sans compter que la Bil est une banque régulée et systémique, ce qui entraîne encore d’autres obligations.

Le plus important est que le conseil soit là pour rassurer et soutenir le management.
Carine Feipel

Carine FeipelprésidenteIla

Mais chaque entreprise vit cette crise de manière différente. Comme le rappelle Carine Feipel, certaines sociétés ont dû arrêter leurs activités – dans le commerce, l’horeca ou la construction, par exemple. Leur conseil d’administration doit aussi s’adapter à cette situation et fixer des priorités. «Mais, dans tous les cas, le plus important est que le conseil soit là pour rassurer et soutenir le management, et communiquer avec la direction beaucoup plus qu’auparavant.»

«Nous devons nous montrer plus disponibles, rester hors du stress quotidien, mais analyser la voie qui est suivie et jouer plus que jamais un rôle de coach. Nous devons aussi faire en sorte de définir une stratégie pour l’après-crise, un cap à suivre», convient le président de la Bil.

Un climat comme celui-ci donne envie d’en faire beaucoup plus qu’en période normale, d’être beaucoup plus présent.
Luc Frieden

Luc Friedenprésident du conseil d’administrationBil

Mais la bonne gouvernance exige des règles à respecter alors qu’une crise comme celle-ci a tendance à rendre les frontières un peu floues quant au rôle de chacun. «Un climat comme celui-ci donne envie d’en faire beaucoup plus qu’en période normale, d’être beaucoup plus présent», admet Luc Frieden.

«C’est à la fois un challenge pour le board et le management de définir les bonnes lignes et de les respecter», insiste la présidente de l’Ila. «On peut comprendre la volonté des administrateurs de s’investir, mais ils doivent rester de leur côté de la ligne.» Elle émet toutefois une exception: «Si le management n’est pas apte à gérer une tâche comme celle qui l’attend, alors le conseil doit lui fournir un support plus important.»