Pourtant présent avec deux ministres, signe du sérieux avec lequel il prenait le débat sur la 5G, le chef du gouvernement, Xavier Bettel, a été chahuté par Concetta Valvason, à l’initiative de la pétition «Stop5G» au Luxembourg. (Photo: Paperjam)

Pourtant présent avec deux ministres, signe du sérieux avec lequel il prenait le débat sur la 5G, le chef du gouvernement, Xavier Bettel, a été chahuté par Concetta Valvason, à l’initiative de la pétition «Stop5G» au Luxembourg. (Photo: Paperjam)

Emmené par une ancienne candidate Déi Lénk aux élections européennes, le collectif Stop5G a demandé au Premier ministre, mardi après-midi à la Chambre des députés, un moratoire sur le déploiement de la 5G en attendant des études sérieuses quant à ses impacts sur l’Homme et la nature.

«Nous ne sommes pas des technofétichistes!» Il y a un moment que  (DP) bout sur sa chaise, rajuste ses lunettes, regarde son smartphone, lève les yeux au ciel. Après une heure de débat au Cercle municipal – la Chambre des députés en mode Covid-19 –, le Premier ministre et ministre des Télécommunications rappelle que «nous sommes dans un monde digital, qui permet d’organiser à la fois l’école ou la médecine à distance», que l’école utilise la technologie, comme les entreprises, le pays ou le privé.

Il révèle que lors du dernier Conseil européen, à Bruxelles, la semaine dernière, il est le seul chef de gouvernement de l’Union européenne à avoir insisté pour que la dimension environnementale et climatique de la 5G soit étudiée comme les autres, que «le Luxembourg n’a pas à s’excuser pour cela», qu’il «n’a pas attendu les 7.000 signataires de la pétition» pour accepter de discuter de toutes les dimensions du déploiement de la 5G, qu’il a organisé deux conférences spécifiques qui ont réuni des dizaines d’experts et d’anonymes pour en mesurer les enjeux. Il invoque Eugène Berger pour évoquer les strictes normes adoptées par le Luxembourg, surtout le fameux seuil de 3 volts par mètre (contre 61 volts en Europe).

Xavier Bettel a beau recontextualiser, Concetta Valvason reste sur sa position: comme il n’existe aucune étude sur une période longue, sérieuse et indépendante au sujet des effets de la 5G sur l’Homme et l’environnement, le Premier ministre devrait décréter un moratoire en attendant.

Experts allemand et belge

L’ancienne candidate Déi Lénk aux élections européennes l’asticote même poliment. «Nous vous félicitons d’avoir porté cette parole à Bruxelles! Mais portez-la aussi au Luxembourg et tirez-en les bonnes conséquences! Nous sommes en démocratie, à ce que je sache!»

Mme Valvason met juste un zeste de douceur dans son discours au moment d’offrir un livre, », à une ministre de la Santé, (LSAP), qui venait de s’engager à poursuivre ce débat utile.

Pour Concetta Valvason, à la tête du collectif Stop5G, tant qu’il n’y a pas d’étude sérieuse, le Luxembourg doit décréter un moratoire sur la 5G. (Photo: Paperjam)

Pour Concetta Valvason, à la tête du collectif Stop5G, tant qu’il n’y a pas d’étude sérieuse, le Luxembourg doit décréter un moratoire sur la 5G. (Photo: Paperjam)

Car Xavier Bettel s’est entouré de ses ministres de la Santé et de l’Environnement, Paulette Lenert et  (Déi Gréng), tandis que Mme Valvason a fait se déplacer un des intervenants les plus connus en Allemagne contre la 5G, Jörn Gutbier, ex-architecte devenu biologiste, ex-Vert devenu opposant à ce nouveau standard de télécommunication. Et un ingénieur belge, , autrefois chez SES et depuis 10 ans à la tête d’une sàrl spécialisée dans les technologies plus humaines et neutres, comprenez détaché des produits des géants des technologies.

Dieschbourg précise sur le suivi

La ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable a rappelé que les autorisations pour le lancement des premiers services pilotes 5G ont été accordées pour un an, en application du principe de précaution, et sur des sites radiotechniques suffisamment éloignés des lieux de séjour afin de permettre une maîtrise des risques possibles liés à l’exposition aux champs électromagnétiques. Le champ électromagnétique des antennes sera étroitement surveillé par l’Administration de l’environnement (AEV), par l’Inspection du travail et des mines (ITM) et par l’Institut luxembourgeois de régulation (ILR). Les premiers projets pilotes lancés au Luxembourg par des organismes publics concernent justement la mesure du champ électromagnétique émis par les antennes.

Si les députés s’accordent à dire l’importance de l’input des citoyens dans le débat public, leurs différences sont notables, ensuite. L’ancienne commissaire européenne à la Société de l’information, (CSV), suggère une combinaison abandon de la 4G-accélération de la 5G pour éviter les ennuis et recommande une campagne d’information à partir de l’.

(Déi Lénk) se pose en «avocat du diable» en demandant aux pétitionnaires pourquoi s’arrêter à la 5G alors qu’on devrait questionner les usages et les besoins. (Piraten) cherche la bonne limite d’exposition aux ondes pour le collectif 5G et comment surveiller activement ces émissions. (ADR) demande au collectif quel est leur degré de connaissance de l’utilisation par l’État des données pour surveiller la population.

La plus réaliste, peut-être, (LSAP) rappelle que «le train de la 5G est déjà parti et qu’on imagine mal le Luxembourg ne pas monter dedans». Et c’est probablement comme ça qu’il faut lire les conclusions publiées par la Chambre des députés à l’issue d’un conciliabule députés-ministres à huis clos. «Une conclusion tirée des députés suite au débat public était de poursuivre ces discussions en commission des médias et des communications. Plusieurs députés de l’opposition ont proposé d’en discuter dans le cadre d’un débat d’orientation.»

Le Premier ministre, lui, se fend d’un communiqué officiel quelques minutes plus tard. «L’être humain se trouve toujours au centre de nos actions et nous ne faisons aucune concession par rapport à ceci. Si mon gouvernement soutient la 5G, c’est parce que nous sommes convaincus que notre approche réussit à en tirer le meilleur bénéfice en termes de qualité de vie sans prise de risque inutile en termes sanitaires et parce que cette conviction se base sur la réalité des recherches scientifiques disponibles à ce jour», conclut-il au terme de cet après-midi parfois musclé.