Manifestation des militants de Youth for Climate à Luxembourg, en septembre 2021.  (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne/Archives)

Manifestation des militants de Youth for Climate à Luxembourg, en septembre 2021.  (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne/Archives)

Annoncée par Xavier Bettel lors du dernier discours sur l’état de la Nation, l’idée de demander à 100 citoyens de se prononcer sur les mesures à appliquer pour lutter contre le réchauffement climatique va se concrétiser. Le Bureau du citoyen pour le climat se réunira fin janvier et livrera des propositions au gouvernement cet été.

Lors de son dernier discours sur l’état de la Nation, le Premier ministre (DP) avait annoncé la création d’un Bureau du citoyen pour le climat au sein duquel 100 personnes contribueraient à fournir au gouvernement des suggestions et un retour d’information sur la politique climatique. Une première réunion est prévue pour la fin de ce mois, a indiqué le chef du gouvernement ce mercredi.

«C’est un fait: nous devons faire des efforts urgents, continus et significatifs si nous voulons être en mesure d’atteindre nos objectifs», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse ce 5 janvier. «Nous avons déjà adopté un plan pour le climat et l’énergie, mais nous sommes conscients que des efforts supplémentaires sont vraiment nécessaires.»

Le Bureau du citoyen pour le climat comprendra 100 membres – 60 membres permanents et 40 suppléants – âgés de 16 ans ou plus. Selon le Premier ministre, il est important d’inclure les jeunes dans le débat, même si ces derniers ne peuvent pas encore voter. «Il s’agit de leur avenir», assure-t-il.

C’est ainsi que l’institut d’études de marché TNS Ilres a lancé un processus de recrutement via une plateforme en ligne. Il s’adressera également à un échantillon aléatoire de la population pour solliciter des candidatures, dans le but d’être plus inclusif. Les candidatures seront clôturées le 19 janvier.

«Nous devons nous assurer que nous représentons les nombreuses opinions qui composent ce pays», a déclaré Tommy Klein, de TNS Ilres. Parmi toutes les candidatures reçues, TNS Ilres sélectionnera 100 personnes pour refléter toutes les composantes de la population. Par ailleurs, ce conseil comprendra également des travailleurs transfrontaliers.

«La question de la langue est toujours importante au Luxembourg», a déclaré M. Klein, ajoutant que lors des débats, les gens devraient pouvoir utiliser leur langue préférée pour s’exprimer plus librement. Le formulaire d’inscription en ligne est disponible en français, en luxembourgeois et en anglais, mais M. Klein n’a pas précisé dans quelle langue sera fourni le matériel pour les sessions.

Le conseil se réunira pour des sessions d’information plénières et des ateliers. Environ 15 à 18 réunions sont prévues, en format présentiel et digital. Les membres seront rémunérés pour leur participation à hauteur de 125€ par session. Au total, le projet dispose d’un budget d’environ un million d’euros.

«Nous devons faire plus»

Le Luxembourg s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55% d’ici à 2030 et à devenir neutre en carbone au milieu du siècle. Il a inscrit ces objectifs dans la loi et, dans le cadre des règles de l’UE, a adopté un plan national pour le climat et l’énergie (PNCE), qui définit des stratégies pour y parvenir.

Des objectifs d’émissions ont été fixés pour différents secteurs, le domaine de la construction devant réduire ses émissions de 64% par rapport à 2005 d’ici à 2030. Le secteur des transports devra réduire ses émissions de 57%, tandis que l’objectif est de 45% pour l’énergie et les autres industries.

Un budget de 1,8 milliard d’euros est prévu pour la mise en œuvre du plan pour l’énergie et le climat au cours des prochaines années. Les résultats des travaux du conseil seront débattus à la Chambre et feront partie d’une révision du plan prévue en 2023.

Xavier Bettel a prévenu que toutes les propositions ne pourraient peut-être pas être mises en œuvre, mais qu’elles seraient toutes débattues de manière ouverte et transparente.

«La science nous dit que nous devons faire plus», a déclaré la ministre de l’Environnement,  (déi Gréng), ajoutant qu’il est crucial d’apporter des changements au cours de cette décennie pour que l’objectif d’un réchauffement de 1,5°C reste à portée de main.

Le Luxembourg devrait consacrer 765 millions d’euros à la politique climatique et environnementale cette année, et ce montant devrait atteindre 975 millions d’euros d’ici à 2024, ce qui représente un doublement par rapport à 2019, année où le gouvernement a budgétisé 445 millions d’euros pour les dépenses climatiques. Le conseil contribuera à déterminer comment une partie de cet argent sera dépensée.

Il ne s’agit pas du premier conseil des citoyens lancé par le gouvernement. Le ministère de l’Aménagement du territoire, sous la direction du ministre (déi Gréng), a précédemment inclus 30 citoyens dans l’initiative Luxembourg in Transition. Ce projet a permis de discuter des infrastructures et de l’aménagement du territoire, ainsi que de la manière dont les terres devraient être utilisées dans le cadre de la transition climatique.

«Nous sommes confrontés à une énorme transition», a déclaré Claude Turmes mercredi, ajoutant que le Luxembourg est l’une des économies les plus gourmandes en combustibles fossiles au monde. L’expérience acquise par le conseil de transition contribuera à soutenir le conseil sur le climat.

Les résultats du conseil Luxembourg in Transition seront présentés à la fin du mois de janvier. «Il s’agit d’un processus d’élaboration des politiques moderne qui implique les citoyens», a-t-il déclaré à propos de cette initiative.

Cet article a été écrit pour , traduit et édité pour Paperjam.