Le directeur général de la BCL a insisté sur la nécessité d’agir sur l’offre de logements.  (Photo: Christophe Olinger/archives

Le directeur général de la BCL a insisté sur la nécessité d’agir sur l’offre de logements.  (Photo: Christophe Olinger/archives

Dans un avis publié le 2 décembre et présenté aux députés, la Banque centrale du Luxembourg livre ses conclusions sur le projet de budget 2020. L’institution alerte par ailleurs sur le niveau des prix de l’immobilier.

Tout , la BCL (Banque centrale du Luxembourg) analyse les projections économiques du budget 2020 comme étant plutôt optimistes.

Le 2 décembre, , son directeur général, a ainsi exposé et sur la loi de programmation des finances publiques (2019-2023) devant la commission des finances et du budget de la Chambre.

Il a commencé par rappeler que la , déposé le 14 octobre à la Chambre par le ministre des Finances , dépendait du contexte macroéconomique et de divers facteurs exogènes. Une remontée des taux d’intérêt pourrait notamment augmenter la charge de la dette et avoir un impact négatif sur le taux de croissance de l’économie.

Le projet pose que les dépenses de l’Administration centrale grimperont en 2020 au-delà de 20 milliards d’euros, soit une hausse de 6,5% par rapport au budget 2019. Du côté des recettes, 20,3 milliards d’euros doivent rejoindre les caisses de l’Administration centrale (+3,7% par rapport à 2019).

Réforme fiscale

Concernant l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP), c’est le ralentissement de la croissance de la masse salariale qui pousse la BCL à conclure que les projections de recettes semblent optimistes.

«La croissance de la masse salariale nominale prévue pour 2020 a été revue à la baisse entre avril 2019 et octobre 2019. Il paraît donc surprenant que les projections des recettes IRPP n’aient pas elles aussi été révisées, ce qui renforce l’impression de surestimation des projections pour les recettes IRPP en 2020», écrit la BCL.

Un scénario d’autant plus optimiste si la réforme fiscale annoncée prend forme. «De nouvelles mesures fiscales pourraient être présentées en 2020, notamment une harmonisation des différentes classes d’impôt. La mise en place d’un système fiscal basé sur une individualisation de l’imposition est un vaste chantier qui pourrait avoir un impact important sur les recettes fiscales», lit-on dans l’avis.

Profiter du contexte économique

Pour ce qui est des recettes de l’impôt sur le revenu des sociétés, la projection semble «plausible» pour la BCL, sauf si des adaptations majeures en matière de fiscalité internationale venaient à intervenir. Les recettes attendues de la TVA et de la taxe d’abonnement sont cependant à prendre avec des pincettes.

La BCL considère là aussi comme optimiste le montant estimé de revenus liés à la TVA (en hausse de 5,5%), «compte tenu de la croissance prévue des dépenses de consommation privées, qui ralentirait à 3,7% en 2020».

Quant à la taxe d’abonnement, les recettes devraient être atteintes en 2019, voire dépassées. Par contre, pour la période 2020-2023, le taux de croissance moyen projeté (+6,4%) est jugé «optimiste au regard des hypothèses exogènes en matière d’évolution de l’indice boursier».

La BCL conclut que, «étant donné les risques identifiés ci-dessus, il est important de tirer profit du contexte économique favorable actuel pour préserver des finances publiques saines, et en particulier de maintenir le surplus budgétaire au niveau de l’Administration centrale qui est apparu en 2018».

Après examen du projet de budget 2020 sur la base des différents avis et entrevues, il doit entrer en vigueur le 1er janvier 2020.

Agir sur l’offre de logements

Au-delà de l’avis sur le budget, Gaston Reinesch a souhaité sensibiliser les parlementaires sur le niveau des prix de l’immobilier.

Le directeur général de la BCL n’a pas mâché ses mots, déclarant que la progression continue des prix immobiliers entraînait «des (économiques, budgétaires, sociales, anti-redistributives, politiques, macroprudentielles et sur la compétitivité)». Un sujet qui n’a pourtant pas fait ciller les députés présents.

Et d’ajouter que la poursuite de cette évolution des prix représentait «un risque pour la stabilité du système financier national dans la mesure où les expositions des banques au marché de l’immobilier résidentiel sont concentrées dans un nombre restreint d’établissements de crédits domestiques, dont plusieurs sont d’une nature systémique».

La BCL insiste sur la nécessité d’agir sur l’offre de logements. «Ce n’est pas par des mesures sous forme notamment de subsides et de dépenses fiscales que la progression des prix peut être enrayée; au contraire, de telles mesures, en étant finalement répercutées sur les prix, ne font que l’aggraver. Il s’agit de s’atteler avec détermination à mettre en place une politique ayant pour objectif une augmentation ou une incitation à l’augmentation notamment des terrains constructibles. Ceci devrait se faire dans une approche générale d’aménagement du territoire», détaille l’avis.