Selon le Statec, le coût du logement a le plus grimpé pour les couches de la population les moins favorisées. Entre 2012 et 2017, il a augmenté de 20% pour les 20% les plus pauvres, et de 24% pour les personnes situées à l’étage juste au-dessus. (Photo: Shutterstock)

Selon le Statec, le coût du logement a le plus grimpé pour les couches de la population les moins favorisées. Entre 2012 et 2017, il a augmenté de 20% pour les 20% les plus pauvres, et de 24% pour les personnes situées à l’étage juste au-dessus. (Photo: Shutterstock)

Les coûts de l’immobilier accroissent les risques de basculement dans la pauvreté d’une part importante de la population luxembourgeoise, pointe le Statec dans une étude récente.

Les prix de l’immobilier au Lux­­­em­­bourg augmentent en mo­­yen­ne de 5,4% par an depuis 2011. La situation est connue. Ce qui l’est moins, par contre, c’est le danger de paupérisation que cette hausse fait peser sur une part relativement importante de la population. Les résidents luxembourgeois étant propriétaires de leur habitation à 70%, la progression continuelle de la valeur de la brique ne peut que leur être bénéfique. Mais une récente étude du Statec vient quelque peu faire grincer des dents. Elle montre en effet que les coûts liés au logement ont accentué les inégalités de revenus.

Dans son étude, l’organisme chargé des statistiques a divisé la population en cinq groupes selon le revenu disponible. À partir de là, on peut voir que le coût du logement a le plus grimpé pour les couches de la population les moins favorisées. Entre 2012 et 2017, il a augmenté de 20% pour les 20% les plus pauvres, et de 24% pour les personnes situées à l’étage juste au-dessus. C’est pour les ménages aisés que la hausse est la moins prononcée (7%). «Il y a donc une tendance qui se dégage, indiquant clairement un accroissement de la charge du logement pour les ménages les moins aisés», constate le Statec dans sa publication «Regards» d’août 2019.

Si l’on met en rapport le coût du logement avec le revenu disponible des ménages, on voit qu’en 2017, le montant réservé au logement dans le revenu disponible atteint 42% pour le groupe de la population la plus défavorisée. Pour les ménages les plus aisés, le budget logement ne représente que 14% du total. Trois fois moins. «Pour les ménages ayant de faibles revenus, ce coût a augmenté plus vite que leur revenu disponible», note encore le Statec. Ce qui n’est pas le cas dans les ménages aisés.

Si l’étude de l’Institut national de la statistique secoue le cocotier, c’est parce que, pour la première fois, un rapport sur les inégalités et la pauvreté prend en compte le revenu disponible une fois les frais de logements soustraits. «Le taux de risque de pauvreté est plus élevé après la prise en compte des dépenses de logement», poursuit l’étude.

En 2017, on estimait que 15,8% de la population risquait de basculer dans la pauvreté. En déduisant le coût du logement, ce taux passe à 24%. Et, selon l’étude, à l’exception des propriétaires sans remboursement d’emprunt(s) et les retraités, toutes les catégories connaissent un taux de risque de pauvreté plus élevé après la prise en compte des dépenses de logement. Les mieux protégés sont les Luxembourgeois et les familles sans enfants. Mais, note le Statec, en tenant compte du facteur immobilier, le taux de risque de pauvreté double dans des catégories telles que les propriétaires avec emprunt, les cadres et les professions intermédiaires.