Cette chasse aux talents, exacerbée par le Brexit, crée aussi une concurrence entre les sociétés de recrutement. (Photo: Shutterstock)

Cette chasse aux talents, exacerbée par le Brexit, crée aussi une concurrence entre les sociétés de recrutement. (Photo: Shutterstock)

Suite et fin de notre série consacrée à la chasse aux talents et au manque de profils sur le marché de l’emploi. Pour ce dernier chapitre, focus sur la pénurie de profils spécialisés dans le secteur de la finance. Un phénomène que le Brexit n’a fait qu’exacerber.

, en juin 2016, la place financière luxembourgeoise a mis en place une stratégie aussi discrète qu’efficace pour attirer des acteurs anglo-saxons.

sont effectivement venues s’installer à partir de 2017, mais sans prendre dans leurs bagages l’ensemble des anciens employés. «Leur objectif principal a été de trouver des talents qui détenaient une expertise luxembourgeoise pour pouvoir répondre notamment aux exigences et spécificités réglementaires», explique Maxime Durant, directeur de Michael Page Luxembourg.

Jusqu’à créer une pénurie dans certains métiers? «Cette pénurie existait avant, pointe le chasseur de talents, mais le Brexit n’a fait que l’accentuer.»

Former des cadres étrangers

Jusqu’à présent, tous les postes demandés ont été pourvus. Les entreprises ont parfois couru à la mobilité interne, parfois à la chasse aux talents. «Pour certains postes qui n’exigeaient pas de compétences purement luxembourgeoises, les personnes ont pu être recrutées partout dans le monde, d’autres ont été formées sur place pour acquérir les compétences locales en matière de comptabilité ou de réglementation.»

Maxime Durant, directeur de Michael Page Luxembourg, constate que les salaires ont augmenté en moyenne de 15% dans le secteur financier. (Photo: Michael Page Luxembourg)

Maxime Durant, directeur de Michael Page Luxembourg, constate que les salaires ont augmenté en moyenne de 15% dans le secteur financier. (Photo: Michael Page Luxembourg)

Selon le responsable de Michael Page, l’avenir pour le Luxembourg est clairement dans la formation des cadres recrutés à l’étranger. «C’est la seule solution. Luxembourg a besoin de nouveaux talents qui disposent des compétences financières et de les mettre à niveau par rapport aux exigences du marché grand-ducal. Sans cela, nous risquons vraiment de connaître un problème de recrutement à l’avenir.»

Les principaux métiers recherchés sont liés à la compliance (conformité), le risk management et la comptabilité. Et les besoins sont tels à ce niveau que la concurrence entre les différents acteurs financiers a fait grimper les salaires parfois fortement. «Dans certains cas, on a vu les salaires grimper entre 20% et 40%», observe M. Durant. «Mais en moyenne, lors d’un changement de poste, la progression est de 15%.»

La crainte des entreprises qui veulent rejoindre le Luxembourg est de savoir si elles trouveront du personnel qualifié pour un salaire raisonnable.
Maxime Durant

Maxime DurantdirecteurMichael Page Luxembourg

Des hausses qui, combinées au manque de talents, représentent également un enjeu important. «La crainte des entreprises qui veulent rejoindre le Luxembourg est de savoir si elles trouveront du personnel qualifié pour un salaire raisonnable», poursuit le chasseur de têtes. «Cela peut clairement représenter un frein à la relocalisation de certaines sociétés au Luxembourg.»

Enfin, il l’admet, cette chasse aux talents, exacerbée par le Brexit, crée aussi une concurrence entre les sociétés de recrutement. «Certains en viennent à faire les mêmes demandes auprès de nombreux cabinets de la Place. Ce n’est pas l’approche que nous préconisons. Je pense qu’il est toujours plus intéressant de confier un mandat de recrutement privilégié à une seule société, qui pourra alors développer une approche de fond. Au final, cela donnera toujours de meilleurs résultats.»