Avec 11.347 nouvelles immatriculations pour le premier trimestre 2022, le marché automobile luxembourgeois affiche un recul de 8,9% sur un an. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne/Archives)

Avec 11.347 nouvelles immatriculations pour le premier trimestre 2022, le marché automobile luxembourgeois affiche un recul de 8,9% sur un an. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne/Archives)

Malgré un Autofestival satisfaisant, la pénurie de semi-conducteurs et la guerre en Ukraine pèsent sur le marché automobile. Les concessionnaires luxembourgeois éprouvent des difficultés à retrouver le chemin de la croissance.

Avec 11.347 nouvelles immatriculations au cours du premier trimestre 2022, le marché automobile luxembourgeois affiche un recul de 8,9% sur un an. Sur les trois premiers mois, les volumes sont en baisse et les concessionnaires ont du mal à retrouver les niveaux de ventes d’avant la crise sanitaire. Les raisons sont multiples, entre la pénurie de semi-conducteurs qui se poursuit et les effets de la guerre en Ukraine sur la production automobile.

Avec 3.300 nouvelles immatriculations en janvier (), 3.709 en février () et 4.338 en mars dernier (-12,66% sur un an), les derniers chiffres de la Société nationale de circulation automobile (SNCA) analysés par le Statec montrent bien un marché automobile luxembourgeois en difficulté depuis le début de l’année, et ce, malgré jugée comme «satisfaisante» par les professionnels du secteur.

«Globalement, l’Autofestival a été satisfaisant au niveau des commandes, même si la dernière édition n’a pas été le meilleur cru que l’on a connu», assure Olivier François, responsable communication de Bilia-Emond, qui commercialise les marques BMW et Mini. Même tendance du côté du concessionnaire multimarque Autopolis. «L’édition 2022 a été bonne, notamment en ce qui concerne l’électrique et le private lease», souligne Marc Devillet, directeur général et administrateur délégué d’Autopolis.

Pour expliquer ce troisième mois de chute consécutif, les concessionnaires mettent en avant la pénurie des semi-conducteurs et les difficultés de production sur les chaînes de montage des constructeurs. «Le mois de mars est traditionnellement plus calme. Avec l’Autofestival et ses conditions avantageuses, les commandes ont été réalisées en janvier et février, il est donc normal d’avoir un mois de mars relativement plus calme. S’ajoute le contexte actuel qui complique le marché», explique-t-on chez Bilia-Emond avant de préciser que «la crise des semi-conducteurs a été bien gérée dans un premier temps du côté de BMW, même si sur certains modèles, la situation est restée compliquée du fait de la hausse de la demande sur les véhicules électrifiés. Puis dernièrement, la guerre en Ukraine n’a pas arrangé les choses pour nos marques.»

L’Ukraine, fournisseur des faisceaux de câblage

L’offensive russe en Ukraine a durement pénalisé les constructeurs, notamment en Allemagne, dans la mesure où l’Ukraine est le principal fournisseur européen des faisceaux de câblage, éléments indispensables aux voitures modernes. Résultat, la fédération des constructeurs allemands (VDA) a abaissé sa prévision de production à 7% contre 13% prévus en début d’année. Sur le mois dernier, la production allemande a reculé de 29% selon la VDA.

L’effet au Luxembourg est l’allongement des délais de livraison. «Cela dépend des modèles et c’est différent d’un modèle à l’autre. Se baser uniquement sur les chiffres des nouvelles immatriculations est aujourd’hui assez trompeur, car toutes les marques ont des usines qui fonctionnent différemment et l’on n’est plus sur une production uniforme», explique-t-on encore du côté de Bilia-Emond. Les problèmes de délais de livraison sont importants et Olivier François demande aux clients d’anticiper leur renouvellement de leasing: «Nous communiquons beaucoup avec nos clients et nous conseillons aux personnes qui veulent changer de voiture ou renouveler un leasing de s’y intéresser dès maintenant pour ne pas être restreintes dans le choix des modèles.»

Pour autant, la guerre en Ukraine ne touche pas l’ensemble des constructeurs automobiles. «Je pense que c’est un problème plus spécifique aux marques allemandes, car nous n’avons pas cette situation sur Hyundai qui est une marque coréenne, ni même sur notre marque japonaise Suzuki. Ni même sur Volvo», assure Marc Devillet. Ce dernier ne cache pas que la pénurie de semi-conducteurs continue de pénaliser les constructeurs qui donnent la priorité aux modèles plus rentables sur les chaînes de production. Ce qui a pour conséquence des retards de livraison sur d’autres modèles.

Volkswagen toujours en tête

Les chiffres du premier trimestre montrent que Volkswagen reste en tête des nouvelles immatriculations avec 1.309 unités enregistrées auprès de la SNCA. C’est tout de même une diminution de 11,01% par rapport au premier trimestre 2021.

Derrière, Audi compte 919 nouvelles immatriculations sur la même période (+16,62% par rapport au premier trimestre 2021) et Peugeot (-5,99%) occupe la troisième place de ce classement réalisé par le Statec avec 847 nouvelles immatriculations depuis le début de l’année. À noter que la SNCA et le Statec différencient Mercedes-Benz (741 nouvelles immatriculations sur le premier trimestre de l’année) et Mercedes (395 nouvelles immatriculations).

L’électrification progresse encore

Toujours sur le premier trimestre de l’année 2022, la motorisation diesel a continué de reculer. Elle ne représente plus que 23,55% des nouvelles immatriculations contre 27,10% au premier trimestre 2021. La motorisation essence a également reculé, mais dans une moindre mesure en passant de 36,62% des nouvelles immatriculations du premier trimestre 2021 à 35,12% sur la même période cette année.

L’électrification des véhicules continue sa progression. Le 100% électrique représente désormais 14,23% des nouvelles plaques jaunes depuis le début de l’année, contre 10,75% il y a un an.

Même tendance au niveau de l’hybride, qui représente 27,05% des nouvelles immatriculations du premier trimestre contre 25,53% sur les trois premiers mois de l’année en 2021. Le marché de l’hybride est dominé par le couple essence-hybride non rechargeable qui représente 11,65% des véhicules hybrides nouvellement immatriculés depuis janvier.